La Bourse de Shanghai a terminé l'année lundi sur une nette hausse de 1,61%, se hissant à son plus haut depuis le 20 juin 2012.
L'indice composite, qui regroupe les actions de types A et B, libellées respectivement en yuans et en dollars - a progressé de 35,88 points à 2269 points.
L'indice a pris plus de 16% depuis le 4 décembre lorsqu'il avait chuté à 1949, son plus bas niveau depuis quatre ans. Sur l'année, il a gagné 3,17%.
Les investisseurs, qui misent sur une reprise de l'économie chinoise, ont été confortés dans leur stratégie par la hausse de l'indice PMI des directeurs d'achats du géant bancaire HSBC, qui a atteint 51,5 contre 50,5 en novembre, pour le quatrième mois consécutif.
Une valeur inférieure à 50 marque une contraction de l'activité manufacturière, un indice supérieur à cette limite signale une expansion.
«La tendance se renforcera au cours des prochains mois, lorsque le secteur de la construction tournera à plein régime et lorsque le marché immobilier se sera stabilisé», a souligné dans un communiqué Qu Hongbin, principal économiste pour la Chine de HSBC.
La Bourse chinoise souffre de nombreux problèmes
La croissance détonante de la Chine n'a toujours pas trouvé son pendant boursier et la place de Shanghai, première du pays, est à la traîne: confrontée à une offre surabondante d'actions et à une désaffection des investisseurs, elle est tombée au cours de 2012 à son plus bas niveau depuis la crise financière de 2008.
La hausse du produit intérieur brut (PIB) chinois a certes ralenti de manière continue depuis près de deux ans, jusqu'à 7,4% en rythme annuel au troisième trimestre. Mais demeure toutefois à un niveau plus qu'honorable après 9,3% en 2011 et 10,4% en 2010.
Sur un an, la hausse de l'indice de Shanghai reste limitée à 3,17%, contre près de 23% pour le Hang Seng de la Bourse de Hong Kong ainsi que pour le Nikkei 225 de Tokyo, tandis qu'à New York, le S&P 500 a terminé à plus de 11% et le CAC à 14,5%.
Pour les particuliers, qui représentent 99% des 168 millions de Chinois qui «jouent» en Bourse, l'offre est surabondante. La valeur totale des actions cotées en Chine est estimée à 1300 milliards de dollars et des centaines de sociétés attendent un feu vert du gouvernement pour entrer en cotation.
«Il faut le savoir, la performance du marché boursier en Chine continentale n'est pas vraiment liée à celle de l'économie dans son ensemble», explique Wang Tao, une économiste de la banque UBS basée à Hong Kong.
«Des problèmes structurels et de gouvernance persistent et continuent à affecter le marché», relève un rapport publié début décembre par cette analyste qui dépeint les Bourses chinoises (Shanghai et Shenzhen) comme celles au monde affichant les plus mauvaises performances.
Les entreprises d'Etat, qui représentent une part importante de la capitalisation boursière, ne sont que peu affectées par cette déprime, car seule une part minoritaire de leurs actions est en général cotée.
Le montant cumulé des introductions réalisées en Chine ces trois dernières années est supérieur de 56% à celui des Etats-Unis, 115% à celui de l'Union européenne et dépasse 7,9 fois celui du Japon, rapportait récemment le journal Diyi Caijing Ribao (China Business News).
Des placements qui offrent plus que la Bourse
Mais la demande ne suit pas. Nombre d'investisseurs trouvent des moyens plus juteux de placer leur argent, notamment auprès de sociétés dépendant des collectivités locales, appelées plateformes de financement, qui lèvent des fonds pour des projets immobiliers ou des infrastructures.
Certaines des «zones de développement» qui pullulent dans les villes chinoises offrent ainsi des rendements de 12% par an, selon ce quotidien économique.
Pour la Bourse, «la question fondamentale d'un équilibre entre l'offre et la demande doit être résolue, sinon une reprise de la croissance ne pourra pas inverser la tendance à la baisse», estime Shen Jun, analyste de la BOC International, la branche investissements de la Bank of China.
Dans ce contexte, certains analystes sont pessimistes. Qian Qimin, de la maison de courtage Shanyin Wanguo Securities à Shanghai estime que l'indice boursier pourrait de nouveau chuter sous la barre des 2000 points.
Pour soutenir le marché, les autorités envisagent de permettre aux fonds de pensions chinois qui, pour l'instant, ne peuvent placer leur argent que dans les banques ou des obligations d'Etat, d'acheter des actions cotées.
Et un certain nombre d'investisseurs institutionnels étrangers, triés sur le volet, ont récemment été autorisés à augmenter leurs placements sur les marchés financiers chinois.