Avec le lancement récent d'un premier fonds négocié en Bourse entièrement voué aux entreprises québécoises, les investisseurs ont dorénavant sept choix de fonds pour satisfaire leur fibre nationaliste ou simplement stimuler leur intérêt à l'égard des sociétés qui leur sont familières. Pour faire une meillleure récolte, nous avons décortiqué les caractéristiques de ces fonds, leurs rendements, leurs frais et leur composition.
1. LE NOUVEAU VENU EST PEU CHER ET BIEN DIVERSIFIÉ
Fonds XTF Indice Morningstar Québec Banque Nationale (Tor., QXM, 9,82 $)
Investir dans un panier de titres québécois pour aussi peu que 0,5 % de frais annuels, voilà ce que propose ce nouveau fonds. Il se négocie en Bourse comme une action.
Si on l'achète par l'entremise d'un courtier en valeurs mobilières, ses frais de gestion annuels s'élèvent à 0,50 %. Si on l'achète auprès d'un conseiller financier, les frais grimpent à 1,25 %, puisque le conseiller reçoit une commission de suivi. Son principal atout : il commande une fraction des frais de 2,19 à 3,77 % prélevés par les fonds communs qui sélectionnent des titres québécois.
Le fonds reflète à la fois la valeur des 56 entreprises québécoises qu'il contient, ainsi que l'offre et la demande pour le fonds.
Par exemple, le 28 février, le fonds a perdu 1,5 % à 9,82 $ lors de la chute de 25 % du titre de SNC-Lavalin (Tor., SNC, 38,43 $), qui compte pour 6,1 % de l'actif du fonds.
Des mainteneurs de marché s'assurent que le fonds se négocie activement, de façon à ce que l'écart entre le prix offert et le prix demandé par les investisseurs en Bourse ne dépassent pas deux ou trois cents, explique Barry Gordon, président de XTF et de sa société mère First Asset Investment Management, le créateur de ce fonds.
Pour éviter de payer plus que prévu pour le fonds ou encore le revendre à un prix inférieur au prix souhaité, à cause d'une baisse momentanée des volumes de négociation, Ian Gascon, président d'Idema, recommande de donner à son courtier un ordre à un prix fixe et non un ordre au marché.
Depuis que ce fonds est négocié en Bourse, la majorité des acheteurs et des vendeurs sont des investisseurs individuels, avec des achats d'aussi peu que 40 unités, révèle M. Gordon.
La Caisse de dépôt et placement du Québec et la Banque Nationale y ont respectivement investi 15 millions de dollars, ce qui lui assure une bonne négociabilité de départ.
Outre ses frais inférieurs, l'avantage du fonds est sa transparence. L'investisseur sait en tout temps ce qu'il contient, autant sur le plan des titres individuels que sur celui des secteurs.
Énergie = 0 %
Ainsi, ses 10 principaux placements comptent pour 54 % du fonds.
Bien qu'il ne contienne que 56 titres par rapport aux 253 de l'indice S&P/TSX, ce fonds offre aussi une meilleure diversification que l'indice torontois, note Pat Chiefalo, analyste des fonds négociés en Bourse, chez Financière Banque Nationale.
Le fonds ne contient aucun titre du secteur de l'énergie, alors que ces titres comptent pour 27 % du S&P/TSX. Les producteurs de matières premières correspondent à 8 % du fonds et à 22 % de l'indice S&P/TSX. Le secteur financier représente 19 % du fonds, mais 29 % du TSX.
Le fonds est mieux représenté dans le secteur des produits industriels (25 % par rapport à 6 %), de la consommation essentielle (19 % par rapport à 3 %) et de la consommation discrétionnaire (10 % par rapport à 4 %) et des communications (9 % par rapport à 5 %).
Depuis sa création le 16 octobre 2006, l'indice Morningstar Québec Banque Nationale, que le fonds calque, a rapporté un rendement annuel de 4,3 %. Ses rendements ont aussi été moins volatils que ceux de l'indice S&P/TSX.
«Malgré le plus petit nombre de titres, le rendement et les paramètres de risque se comparent très favorablement à l'indice S&P/TSX», écrit M. Chiefalo.
De plus, l'indice du Québec est moins chèrement évalué que l'indice S&P/TSX, pour le ratio cours/bénéfice (14,8 par rapport à 15,1), le multiple des flux de trésorerie (6,1 par rapport à 9,4) et le multiple des ventes (0,7 par rapport à 1,6), précise M. Chiefalo.
XTF Indice Morningstar Québec Banque Nationale (QXM)
Les cinq principaux placements
Bombardier B 6,10 %
Banque Nationale 5,65 %
Metro 5,43 %
Power Corp. 5,34 %
Canadien National 5,33 %
Au 29 février 2012
2. LE PRÉFÉRÉ DE DEUX ANALYSTES
Le Fonds Croissance Québec Altamira
Le rendement supérieur et la volatilité moindre du Fonds Altamira Croissance Québec placent le fonds québécois parmi les favoris de Michel Marcoux, président d'Avantages Services financiers, et de Fabien Major, propriétaire de Major Gestion d'actif.
Ainsi, pour les cinq ans terminés le 31 décembre, ce fonds a procuré un rendement de 5,6 %, avec une volatilité de 8 % inférieure à celle de l'indice S&P/TSX.
«Il réussit bien par rapport à la catégorie des fonds de titres à faible capitalisation, avec moins de volatilité», indique M. Marcoux.
Sur les périodes d'un an et de cinq ans, le rendement du fonds surclasse 75 % des fonds de titres à faible capitalisation, ce qui le classe dans le premier quartile.
Selon le degré de tolérance au risque de l'investisseur, les fonds de PME peuvent constituer de 5 à 20 % des actions d'un portefeuille, précise M. Marcoux.
M. Major n'investirait pas plus que de 5 à 10 % d'un portefeuille dans un tel fonds, et encore, il convient seulement aux investisseurs prêts à tolérer des rendements fluctuants. «Dans un fonds de cette petite taille, quelques bonnes décisions de placement peuvent avoir un impact majeur», dit-il.
Au 31 janvier 2012, les principaux placements du fonds étaient le franchiseur des comptoirs alimentaires Groupe d'alimentation MTY, avec un poids de 6,7 % et le transporteur TransForce, avec un poids de 5,1 %.
Le Fonds Croissance Québec Altamira
Les cinq principaux placements
Groupe d'alimentation MTY 6,7 %
TransForce 5,1 %
Stella-Jones 4,3 %
Cogeco Câble 3,3 %
Tech. interactives Médiagrif 3,3 %
Au 31 janvier 2012
3. DES FRAIS ÉLEVÉS ET UN RENDEMENT VOLATIL
Le Fonds NordOuest spécialisé croissance
Ce fonds fait moins bonne figure depuis un an, avec un recul de 17 %. «Ce fonds affiche tout de même l'un des meilleurs ratios risque/rendement de sa catégorie», dit Michel Marcoux, d'Avantages Services financiers.
Christian Godin, gestionnaire chez Placement Montrusco Bolton, gère ce fonds depuis février 2004. Il a été nommé l'un des trois meilleurs gestionnaires canadiens de titres à petite capitalisation par Brendan Wood et Reuters en 1998, 1999 et 2000.
Au dernier trimestre de 2011, le recul des titres du producteur d'or Corporation minière Osisko, le quatrième placement en importance du fonds, et du fabricant de chandails et de chaussettes Vêtements de Sport Gildan, ont nui au rendement du fonds.
L'an dernier, Transat A.T., TransGlobe, Crew Energy, Talisman Energy, Le Château et Agnico-Eagle ont également grevé le rendement du fonds.
La volatilité de ses rendements mensuels est similaire à celle de l'indice S&P/TSX. Le fonds affiche un taux de rotation de 175 %, ce qui veut dire que tous les titres en portefeuille changent en entier plus d'une fois par année.
Le fonds a battu son indice de référence trois ans sur sept, depuis 2005.
Pour sa part, M. Major qualifie de «monstrueux» ses frais de gestion de 3,77 %. Le fonds verse un boni de performance équivalent à 25 % de la valeur ajoutée du fonds par rapport à l'indice S&P/TSX, lorsque le fonds dépasse cet indice sur un et trois ans. Montrusco Bolton et le distributeur Placements NEI se partagent le boni.
Environ 70 % du fonds est investi dans des entreprises québécoises. Au 31 janvier 2012, le principal placement était la Banque Laurentienne, qui compte pour 7,5 % du fonds, suivi de la Banque Nationale, à 6,8 %.
Au 31 janvier, 37 % du fonds était investi dans les ressources naturelles et 27 %, dans les services financiers, des proportions qui s'apparentent à celles du S&P/TSX.
Fonds spécialisé croissance NordOuest
Les cinq principaux placements
Banque Laurentienne 7,5 %
Banque Nationale 6,8 %
Home Capital Group 4,9 %
Corp. minière Osisko 4,7 %
Crew Energy 4,2 %
Au 31 janvier 2012
4. UN CLASSEMENT MITOYEN
Le Fonds Investors Entreprises québécoises
Ce fonds de 190 millions de dollars présente des indicateurs de risque et de volatilité inférieurs à ceux du S&P/TSX, mais son rendement est inférieur à la majorité des fonds de sa catégorie, sur les périodes de cinq ans, de trois ans et d'un an.
Ses rendements ont aussi été inférieurs aux fonds de sa catégorie au cours de cinq des huit dernières années.
Le fonds affiche un profil stable, puisque le taux de rotation des titres en portefeuille est d'environ 20 %, c'est-à-dire que la gestionnaire Christine Décarie conserve ses titres plus de deux ou trois ans, en moyenne. Le fonds investit toujours environ les trois quarts de son actif dans les titres québécois.
Le fonds obtient une cote de trois étoiles de Morningstar Canada : ses rendements se situent au beau milieu du bilan des fonds d'actions canadiennes sur trois et cinq ans, explique Christian Charest, éditeur du site Morningstar Canada.
Depuis un an, le fonds a perdu 12,7 % de sa valeur par rapport à une baisse de 8,7 % pour le S&P/TSX et de 6,1 % pour l'indice Morningstar Québec Banque Nationale.
Le secteur des matières premières occupe 11 % de l'actif du fonds, mais avec des titres tels que Canam, Cascades, Orbit Garant et Stella-Jones, le fonds se distingue de l'indice auquel il se compare, le S&P/TSX.
En revanche, les titres des québécoises Technologies interactives Mediagrif et Héroux-Devtek ont procuré des gains au portefeuille, depuis un an.
Investors entreprises québécoises
Les cinq principaux placements
Banque TD 4,8 %
Suncor Energy 4,3 %
Astral Media 4,2 %
Banque Royale 4,0 %
Talisman Energy 3,9 %
Au 31 janvier 2012
5. UN FONDS UNIQUE EN SON GENRE
Le Fonds Desjardins équilibré Québec
C'est le seul fonds québécois à répartir son actif entre les actions et les obligations. À la fin de janvier, le fonds consacrait 34,5 % de son portefeuille aux obligations et 60 % aux actions.
Son mandat est de procurer un revenu raisonnable et une appréciation du capital à long terme, à l'aide d'un portefeuille de titres québécois et d'obligations de la province.
Cet équilibre lui vaut d'ailleurs une volatilité presque de moitié moindre que celle du S&P/TSX.
Pour la période de cinq ans terminée le 27 février 2012, son rendement de 4,1 % classe ce fonds au cinquième rang de tous les fonds équilibrés neutres. Ce fonds a aussi battu les fonds de sa catégorie, au cours de cinq des dix dernières années.
En 2011, ce fonds a mérité la cote A+ de Fundata, qui récompense les fonds offrant un rendement supérieur en fonction du risque et de la constance.
Fonds Desjardins équilibré Québec
Les cinq principaux placements
Groupe CGI 3,8 %
Bombardier 3,7 %
TransForce 3,7 %
SNC-Lavalin 3,2 %
Cogeco Câble 3,1 %
Au 31 janvier 2012
6 et 7. DES DÉDUCTIONS DE 100 %... ET DES CONTRAINTES
Fonds Cote 100 REA II
Fonds Natcan d'investissement REA II
Il est encore possible d'aller chercher des déductions fiscales de 100 % de la somme investie grâce aux deux seuls fonds survivants du régime d'épargne-actions du Québec, devenu le régime REA II en 2009. Pour transférer la déduction REA aux porteurs de leurs fonds, ces fonds doivent acheter de nouvelles actions émises par des sociétés admissibles, qui entrent en Bourse ou qui émettent de nouvelles actions. Pour avoir droit à la déduction, les investisseurs doivent conserver leurs parts pendant deux ans.
Le bassin d'environ 200 titres admissibles au REA étant bien petit, ces fonds ont des mandats contraignants qui peuvent nuire à leurs rendements. De plus, l'actif des sociétés admissibles ne dépasse pas 200 millions de dollars. Un tel investissement s'apparente à du capital de risque.
Le Fonds Natcan d'investissement REA II a bon espoir de déposer à la fin de mars un prospectus pour récolter quelques millions de dollars des investisseurs.
Pour que la déduction atteigne 100 %, le fonds doit investir le montant qu'il récolte dans des titres REA admissibles. Il est arrivé dans le passé que le fonds n'ait pas investi immédiatement toutes les sommes récoltées, afin d'assurer au fonds une saine diversification.
Le Fonds Cote 100 REA II accepte de nouvelles souscriptions. Au fur et à mesure que l'année avance, le fonds pourrait suspendre les souscriptions s'il manque d'émissions d'actions.
Cote 100 ne garantit pas la déduction de 100 % non plus, mais le fonds a toujours réussi à transférer à ses porteurs l'entière déduction, précise Philippe Leblanc, gestionnaire de portefeuille chez Cote 100.
Le Fonds Natcan d'investissement REA II essuie des rendements négatifs sur cinq ans et un an, mais il se tire bien d'affaire sur trois ans avec un rendement de 14,3 %.
Le Fonds Cote 100 REA II, beaucoup plus petit, a mieux performé en 2011, mais il a perdu 9,5 % de sa valeur sur cinq ans. D.B.
Fonds Natcan d'investissement Rea Ii
Les cinq principaux placements
Medicago 5,0 %
Amaya Gaming 4,6 %
Mines Richmont 4,6 %
Groupe MTY 4,5 %
Paladin Labs 3,9 %
Au 31 janvier 2012
Fonds Cote 100 Rea Ii
Les cinq principaux placements
Amaya Gaming 22,2 %
Groupe Distinction 15,1 %
Miranda Technologies 14,5 %
Groupe Opmedic 9,3 %
Groupe CVTech 6,7 %
Au 31 janvier 2012
+ 14,3 %
Rendement du Fonds Natcan d'investissement REA II sur trois ans.