La descente continue des taux d'intérêt à long terme depuis ce printemps est la principale cause de l'arrêt des ventes de ses produits offrant une garantie de revenu viager (GRV), explique Marc Saint-Jacques, directeur, produits d'épargne et de retraite à l'Industrielle Alliance (IA).
Finance et Investissement : Pourquoi est-ce l'IA arrête les ventes de produits de la série Ecoflextra pour le produit Programme Épargne et Retraite IAG ?
Marc Saint-Jacques : En avril, toutes les raisons que nous avions données, lorsqu'on continuait d'offrir la série avec cinq fonds seulement, étaient bonnes à ce moment. Si les taux d'intérêt avaient continué d'être à ce niveau, on aurait été à l'aise avec cette solution. Mais les taux d'intérêt ont continué à descendre. C'est la raison qui fait la différence entre avril et aujourd'hui.
Par exemple, les taux d'intérêt des obligations du Canada de 10 ans, à la mi-mars, s'établissaient à environ 2,25 %. À la mi-juillet, ils étaient à 1,65 %. C'est une diminution de 60 points de base. Il y avait une rentabilité acceptable la dernière fois. Cette fois, avec l'évaluation que nous en avons faite, la rentabilité n'était pas acceptable.
FI : Était-ce parce que les frais de couvertures sont plus élevés ?
MS : En fait, quand les taux d'intérêt diminuent, ça a un effet important : toutes les prestations qu'on a prévu payer dans le futur avec notre modèle actuariel deviennent plus chères en dollar d'aujourd'hui. Et c'est la même logique pour la stratégie de couverture en place. Toute cette couverture en place est plus chère.
FI : Est-ce que le fait que les régulateurs reconnaissaient vos stratégies pourrait avoir un impact sur la rentabilité ?
MS : Ça aurait un impact sur les exigences en capital de la compagnie, soit l'argent qu'on doit garder de côté pour honorer ces garanties. Il faudrait tout revoir la rentabilité et le risque du produit s'il y avait des changements réglementaires.
FI : Est-ce que vous allez relancer une nouvelle mouture du produit si les taux augmentaient de nouveau ?
MS : Nous n'avons pas statué là dessus. Évidemment, ce n'est pas parce qu'un produit disparaît que le besoin disparaît aussi. Nous sommes conscient que les clients ont encore un besoin d'un revenu garanti à vie à la retraite. Nos efforts sont dirigés vers la recherche d'une solution pour remplacer ce produit. Il reste que les rentes à prime unique font un peu le même travail.
FI : Avez-vous l'intention d'augmenter les frais de gestions pour les contrats actuels ?
MS : On a annoncé en début d'année qu'on augmentait les frais de garantie. Il n'y a rien de prévu pour une deuxième étape d'augmentation de ces frais.
FI : Quel est l'avenir de ce genre de produits à GRV ?
MS : C'est difficile à dire. Il est trop tôt pour le dire. Manuvie a arrêté les nouveaux dépôts à ces anciens contrats. Nous qui venons de bouger. La réponse que je vous ai donnée en avril est aussi mauvaise que celle que je peux vous donner aujourd'hui : nous ne savons pas comment l'économie évoluera.
FI : Si le Canada vivait un scénario de taux d'intérêt à la Japonaise, soit des taux d'intérêt à long terme bas de façon prolongée de plus de 10 ans, est-ce que vous changeriez les contrats actuels ?
MS : Non. On va honorer nos contrats. Ça n'a jamais été envisagé de ne pas respecter nos contrats avec les clients.