C'est le moment de l'année où les investisseurs mettent de l'ordre dans leurs placements tout en songeant à leur contribution REER. La liste des prix décernés aux fonds communs de placement (FCP) et aux fonds négociés en Bourse (FNB) lors de la vingtième remise des Prix Morningstar en novembre peut être utile à cet exercice.Lors de cette remise, Mawer Investment Management, une société de Calgary, s'est de nouveau distinguée, remportant le prix du meilleur FCP dans cinq catégories : actions canadiennes, actions de PME canadiennes, actions internationales, actions de PME mondiales et fonds équilibré mondial.
De plus, les analystes de Morningstar ont décerné le prix du gestionnaire de fonds d'actions canadiennes de l'année conjointement à Martin Ferguson et Jeff Mo, qui gèrent le Fonds nouveau du Canada Mawer. Enfin, Mawer (prononcer «more») a été nommée «Société de fonds de l'année», et ce, pour la deuxième année consécutive. Quelles sont les raisons d'un tel succès ? Est-il raisonnable de penser qu'il peut se répéter ?
«Tous les mandats de gestion d'actions de Mawer sont gérés de la même manière, peu importe la taille de l'entreprise ou leurs secteurs d'activité. Dans ce contexte, il ne faut pas trop s'étonner que, si la formule fonctionne dans une catégorie, elle fonctionne aussi dans d'autres», nous a d'abord précisé en entrevue Shehryar Khan, l'analyste couvrant les fonds Mawer chez Morningstar à Toronto.
L'expression «qualité à prix raisonnable» a déjà été utilisée pour décrire cette approche. Il s'agit d'acheter des entreprises ayant des avantages concurrentiels durables dont la valeur en Bourse est substantiellement inférieure à leur valeur intrinsèque comme entreprise, calculée selon la méthode classique en finance de l'actualisation des flux de trésorerie projetés (discounted cash flow method).
Cela semble simple, mais c'est un exercice périlleux où les hypothèses de départ peuvent faire varier énormément la valeur intrinsèque d'un titre. Les gestionnaires de Mawer semblent être meilleurs à déterminer ce que vaut vraiment une entreprise que beaucoup de leurs concurrents.
«Le style de gestion de Mawer ciblant des entreprises dites de "qualité" a connu beaucoup de succès après le krach de 2008-2009. Mawer a pu acquérir les titres de plusieurs de ces entreprises à très bon marché, ce qui explique sa récente performance. Nous mettons cependant les investisseurs en garde. Bien que les résultats aient été exceptionnels, nous nous attendons maintenant à ce qu'ils reviennent à des niveaux normaux. Cela dit, nous accordons quand même des médailles d'or à cinq fonds Mawer, soit le Fonds d'actions canadiennes Mawer, le Fonds d'actions mondiales Mawer, le Fonds mondial d'actions de petites capitalisations Mawer et le Fonds nouveau du Canada Mawer», a ajouté Shehryar Khan.
Réduire les risques
Contrairement aux prix des meilleurs fonds décernés lors de la soirée Morningstar, qui se fondent sur les résultats du passé, les cotes d'analystes représentées par des médailles d'or, d'argent et de bronze sont tournées vers l'avenir. Plus le métal est précieux, plus les analystes de Morningstar sont convaincus qu'un fonds peut produire des rendements ajustés selon le risque, supérieurs à la moyenne par rapport aux fonds équivalents ou son indice sur un cycle boursier complet.
«En accordant des médailles d'or à ces fonds Mawer, nous sommes raisonnablement convaincus que le style de gestion Mawer possède des avantages certains et qu'il est possible de le reproduire grâce aux méthodes d'apprentissage mises en place par l'équipe actuelle», soutient Shehryar Khan.
Ainsi, Martin Ferguson a bien préparé son adjoint Jeff Mo au cas où il déciderait de lui céder les rennes du Fonds nouveau du Canada Mawer. Martin Ferguson a aussi entraîné Jim Hall, le gestionnaire principal du Fonds d'actions canadiennes Mawer, et Paul Moroz, le gestionnaire du Fonds mondial de petites capitalisations d'actions mondiales Mawer.
Puisque le processus de placement de Mawer est bien défini et qu'il est identique d'un fonds à l'autre, les risques associés au départ d'un gestionnaire sont atténués : si quelqu'un partait, quelqu'un à l'interne prendrait sa place. Du reste, cette possibilité ne l'inquiète pas trop, car jusqu'à présent, la société a réussi à garder ses gestionnaires talentueux.
Rappelons qu'il n'est plus possible d'investir dans le Fonds du nouveau Canada Mawer, un fonds de petites capitalisations. Ce fonds affiche un rendement de premier quartile pour toutes les périodes de 1 à 20 ans au 30 novembre 2014. Il a dégagé un rendement annualisé de 14,8 % depuis sa création en janvier 1988. Il est clair qu'en ce qui a trait aux PME, l'approche Mawer a permis d'éviter des secteurs où il n'y a pas de flux de trésorerie bien définis, comme pour plusieurs titres d'exploration minière et énergétique, qui comptent pour la moitié de l'indice des titres à petite capitalisation.
Pour ce qui est des grandes capitalisations canadiennes, le rendement à long terme du Fonds d'actions canadiennes Mawer se situe aussi toujours dans le premier quartile. Il a dégagé un rendement annuel composé de 10,1 % pour la période de 23 ans terminée le 30 novembre 2014. En comparaison, l'indice composé S&P/TSX a dégagé un rendement de 9 %.
Même une excellente approche comme celle de Mawer a de la difficulté à mieux performer qu'une approche passive lorsqu'il s'agit des actions américaines. Le fonds d'actions américaines Mawer affiche un rendement annualisé de 7,3 % pour la période de 21 ans terminée le 30 novembre dernier, par rapport à 8,7 % pour l'indice S&P 500.
Les fonds Mawer s'adressent aux investisseurs autonomes, qui peuvent les acheter chez les courtiers à escompte, à l'exception de RBC Placements en Direct. Les fonds Mawer ne versent aucune commission de suivi aux représentants. Si vous en parlez à l'un d'entre eux, il vous suggérera des fonds Manuvie gérés par Mawer, sur lesquels il obtiendra une commission de suivi.
Yves Bourget a fait carrière dans l'industrie des valeurs mobilières pendant une vingtaine d'années, notamment à titre de vice-président pour le Québec de Placements Altamira, de 1990 à 1997. Il collabore depuis 2001 à la publication Finance et Investissement, notamment en matière de fonds communs.