La «tendance» (momentum). Selon une étude1 récente, elle constituerait l'un des rares facteurs qui dégagent vraiment des rendements supérieurs, ajustés pour le risque, lorsqu'ils sont soumis à des analyses statistiques exigeantes. Et ce, parmi plus de 300 de ces «anomalies» répertoriées dans la recherche universitaire, dont le rendement de dividende, la volatilité, la taille des entreprises, le «sentiment» et la liquidité.
Habituellement, la stratégie axée sur la tendance est fondée sur les mouvements du prix des actifs : selon des périodes allant de trois mois à un an, les titres qui viennent de connaître une performance supérieure en Bourse devraient continuer d'afficher le même type de performance.
Cependant, une autre étude2 tend à montrer que c'est la tendance dans les bénéfices qui explique celle qui prévaut dans le cours des actions. Autrement dit, les titres des sociétés qui annoncent de solides bénéfices afficheront, dans l'ensemble, une performance boursière supérieure à celle des sociétés qui révèlent des bénéfices décevants.
Justement, la tendance des bénéfices a un poids important dans la construction de l'indice Morningstar Canada Target Momentum, qui est bâti à partir des 250 actions les plus liquides du S&P/TSX. Chaque titre de cet univers se voit attribuer un rang en fonction de six facteurs auxquels est alloué un poids spécifique. Ainsi, le pourcentage de changement durant les trois derniers mois dans la prévision médiane des maisons de courtage pour l'exercice financier en cours compte pour 30 % de la note. Plus la révision est élevée, plus c'est positif. Les surprises dans les derniers résultats trimestriels comptent, quant à elles, pour 10 % dans le rang attribué.
Mais l'indice Morningstar accorde aussi un poids au mouvement haussier des actions comme facteur de choix des titres : 10 % au changement du cours d'un titre en trois mois et encore 10 % au changement du cours sur neuf mois. Et il donne un poids de 20 % au changement du cours d'un titre par rapport à son sommet des 12 derniers mois, en divisant le cours le plus récent par son sommet des 12 mois. Le changement le plus élevé obtient la meilleure note. Enfin, le rendement de l'avoir des actionnaires des 12 derniers mois compte pour 20 % de la note.
Un fonds qui performe mieux que le S&P/TSX
Le portefeuille est constitué des titres se classant dans le premier 40 % de l'univers choisi, alors que ceux qui n'y figurent pas sont vendus. Les changements se font trimestriellement. En 2014, cela s'est traduit par un taux de rotation de portefeuille de 87,7 %. Un taux de rotation de 100 % équivaut à avoir acheté et vendu tous les titres en portefeuille en une année.
Le fonds négocié en Bourse (FNB) First Asset Morningstar Canada Momentum Index ETF (WXM) est géré dans le but de reproduire la performance de l'indice Morningstar Canada Target Momentum.
Le fonds a dégagé un rendement annuel composé de 15,84 % depuis son lancement, le 13 février 2012, jusqu'au 31 juillet 2015, par rapport à 7,76 % pour l'indice S&P/TSX, et ce, avec une volatilité légèrement supérieure à cet indice.
La présence des filtres sur la croissance des bénéfices a probablement contribué davantage à cette performance que la tendance du cours de l'action. C'est que, dans une autre étude3 sur le facteur tendance des cours boursiers dans le marché canadien, le chercheur Kamalesh Gosalia conclut que l'effet de la tendance récente des cours en Bourse sur leur mouvement futur ne se prolonge pas au-delà de deux semaines des cours historiques.
Ce qui nous ramène aux bénéfices, et surtout à leur croissance, réelle ou prévue. En dernière analyse, les bénéfices d'une entreprise sont un déterminant important du prix de son action, si l'on exclut les facteurs macroéconomiques qui influent sur le multiple que les investisseurs sont prêts à accorder à ces bénéfices. C'est parce que les bénéfices donnent une indication de la rentabilité et du succès à long terme d'une entreprise.
La superposition de l'historique des bénéfices des sociétés composant l'indice S&P 500 et le mouvement de cet indice montrent la relation entre bénéfices et cours boursiers.
Le FNB WXM affiche un rendement de - 10,5 % pour les trois mois se terminant le 31 août, par rapport à - 7 % pour l'indice S&P/TSX.
1 C.R. Harvey, Y. Yiu et H. Zhu, « ... and the Cross-Section of Expected Returns », Social Science Research Network, dernière révision, avril 2015.
2 Robert Novy-Marx, « Fundamentally, Momentum is Fundamental Momentum », The National Bureau of Economic Research, Working Paper, no 20984, février 2015.
3 Kemalesh Gosalia, « Vérification empirique de l’effet momentum sur les marchés financiers canadiens », Association des comptables généraux accrédités du Canada, juin 2013.
Fellow CSI, Yves Bourget a fait carrière dans l’industrie des valeurs mobilières pendant une vingtaine d’années, en particulier à titre de vice-président pour le Québec de Placements Altamira, de 1990 à 1997. Il collabore depuis 2001 à la publication Finance et Investissement, notamment en matière de fonds communs.