Lorsque nos analystes rencontrent des gestionnaires axés sur les actions canadiennes, nous entendons souvent la même chose : le bassin des placements canadiens est trop petit. La part canadienne des marchés mondiaux représente moins de 5 % du total, et elle est très concentrée, les actions financières, énergétiques et des matériaux en tête. Par rapport à la plupart des autres marchés développés, le Canada est plus sensible aux fluctuations du prix des marchandises, ce qui fait qu'il passe par des pics et des creux cycliques. De plus, beaucoup des plus grosses sociétés mondiales sont situées ailleurs, souvent juste de l'autre côté de la frontière.
La solution à ce problème est évidente : agrandir le bassin. Des limites géographiques agrandies laissent les gestionnaires axés sur le marché canadien évoluer dans des secteurs comme la technologie et les soins de la santé, qui ne sont bien représentés sur le marché local. Une participation sectorielle plus importante devrait atténuer la volatilité à long terme. Cela devrait également offrir une plus grande diversification des devises, puisque le huard et les autres devises, le dollar américain en particulier, ne fluctuent pas toujours à l'unisson.
Les investisseurs peuvent élargir leur bassin en combinant leurs fonds entièrement canadiens avec des produits américains ou d'autres produits internationaux. Les fonds mondiaux, qui donnent aux gestionnaires plus de liberté pour investir là où les occasions se présentent, sont une autre possibilité pour les plus aventureux. Les investisseurs prudents, cependant, peuvent ne pas vouloir s'aventurer aussi loin. Ce camp peut vouloir garder un pied au Canada et l'autre à l'extérieur. Dans ce cas précis, la catégorie Actions en majorité canadienne, qui abrite les fonds à grande capitalisation ayant une participation de 50 à 89 % aux actions canadiennes, fournit un terrain de chasse de première qualité.
Généralement parlant, les fonds de la catégorie Actions en majorité canadienne fournissent les avantages de diversification qu'ils promettent. Par définition, leur participation géographique est plus large, et leur concentration sectorielle n'est pas aussi importante. En moyenne, les fonds de la catégorie Actions en majorité canadiennes ont des pondérations plus petites dans les secteurs de l'énergie et des services financiers et une participation plus élevée à la technologie que leurs homologues purement canadiens de la catégorie Actions canadiennes. Une participation inférieure aux actions énergétiques et financières signifie que les fonds d'actions en majorité canadiennes sont moins menés par les cycles économiques : en moyenne, ils détiennent 38 % dans les secteurs cycliques de Morningstar, contre 47 % pour la norme des fonds de la catégorie Actions canadiennes.
Investir à l'extérieur du pays semble donner aux gestionnaires une participation à des compagnies de meilleure qualité. Bien que le Canada affiche sa juste part (nos cinq grandes banques sont bien implantées et très rentables, par exemple) la volatilité du prix des marchandises signifie que les actions énergétiques et des matériaux ont plus de mal à maintenir une rentabilité et une croissance élevées. Il en résulte que la Catégorie Actions en majorité canadiennes affiche des scores de rentabilité plus élevés, comme le rendement de l'investissement des actionnaires, alors que les bénéfices ont augmenté plus rapidement.
Il convient de noter que la catégorie Actions en majorité canadiennes exclut les actions à petites et moyennes capitalisations. La catégorie Actions de PME en majorité canadiennes les inclut, bien que les avantages de diversification semblent moins importants. Dans l'ensemble, cette catégorie n'est pas vraiment beaucoup plus diversifiée par secteur que les fonds d'actions de PME canadiennes purs, et ses caractéristiques de qualité et de croissance ne sont pas non plus supérieures. Les compagnies de calibre supérieur sont en général des sociétés à grande capitalisation, qui de toute évidence ne jouent pas un grand rôle dans cette catégorie.
Ce n'est pas un lot uniforme
Parce que la définition de la catégorie est vaste, c'est un peu un méli-mélo. Certains fonds répondent à peine aux normes du groupe. Le Fonds d'actions canadiennes Investors et le Fonds de valeurs sûres canadiennes TD frôlent la limite supérieure de 90 % avec leur participation aux actions canadiennes. Concrètement, ce sont des fonds canadiens avec un soupçon d'actions américaines. À l'autre extrémité, on trouve les fonds dont la participation aux actions canadiennes constitue plus un plat d'accompagnement qu'un plat principal. Les actions canadiennes occupent 45 % du Fonds canadien sélect CI Signature , par exemple, et le Fonds canadien sécurité Mackenzie Cundill 40 %. (Ces fonds finiront par changer de catégorie si leur pondération dans les actions canadiennes reste sous la barre des 50 %.)
Tout comme la participation aux actions canadiennes peut varier, la composition du reste du portefeuille peut le faire aussi. En général, les gestionnaires des fonds d'Actions en majorité canadiennes ne s'aventurent pas loin : les États-Unis représentent la plus grande pondération à l'extérieur du Canada, avec une moyenne d'environ 25 %. Certains fonds ont toutefois fait des mises plus importantes sur les actions américaines. Le Fonds nord-américain de valeur RBC en détient environ 50%, alors que le Fonds Fidelity Grande Capitalisation Canada et le Fonds Croissance américaine Power Dynamique en détiennent 40 % ou plus. Un petit nombre de fonds de la catégorie sont plus aventureux. Le Fonds d'excellence canadien de croissance Invesco investit près de 30 % en Europe, tandis que le Fonds canadien sélect Signature CI y investit près de 20%.
La variété des approches de placement peut compliquer les comparaisons. Un fonds principalement canadien se comportera différemment d'un fonds également fractionné entre le Canada et les États-Unis -- un fait qui a été bien évident en 2013. Avec la reprise du marché américain et de son dollar, les fonds ayant de grosses participations canadiennes ont eu du mal à rivaliser. Le Fonds d'actions canadiennes Investors s'est classé dans le dernier décile de la catégorie, mais avec un rendement de 12,5 % (pour la série C) à peu près équivalent au rendement de l'Indice composé S&P/TSX, sa performance a été plus quelconque qu'épouvantable avec un point de comparaison plus équitable.
Cependant, certains fonds à grosse participation américaine n'ont pas l'air aussi impressionnant si on les examine de plus près. Le gain de 26 % du Fonds canadien sécurité Mackenzie Cundill en 2013 s'est placé dans le premier quartile de la catégorie, mais ce rendement ne faisait qu'égaler celui d'un indice réparti à 50/50 entre les indices S&P/TSX et S&P 500. Certains ont frappé bien au-dessus de la barre. Avec une participation de seulement 25 % environ aux actions américaines, le Fonds Fidelity Grande Capitalisation Canada a généré un rendement de 36 % pour l'année, dépassant le gain de 33 % de l'Indice S&P 500 (en dollars canadiens).
Les médaillés de la catégorie
Les médaillés de la catégorie
La catégorie Actions en majorité canadiennes se classe parmi les catégories les plus délicates à évaluer pour les analystes du point de vue du rendement. La cote qualitative des analystes Morningstar évalue les possibilités à long terme d'un fonds par rapport à son groupe de pairs et ses indices de référence. Dans ce cas précis, le groupe de pairs a moins d'impact. Dans des catégories relativement hétérogènes, les comparaisons en reviennent à comparer ce qui n'est pas comparable. Bien que nous n'ignorions pas le rendement au sein de la catégorie, nous préférons créer notre propre indice de référence qui reflète la stratégie de placement du fonds et la répartition historique du portefeuille. Si la répartition géographique du fonds est en moyenne 60 % dans le marché canadien et 40 % dans le marché américain, par exemple, nous le mesurerons par rapport au rendement à long terme d'un portefeuille investi à 60 % dans le TSX et à 40 % dans le S&P 500. Nous aimerions voir le fonds battre ses pairs, mais à moins d'être convaincus qu'il peut battre l'indice de référence approprié, nous ne lui donnerons pas une cote positive Or, Argent ou Bronze.
Quels fonds de la catégorie ont obtenu des médailles? Les trois fonds ci-dessous ont passé la barre.
Fonds canadien sélect CI Signature : Eric Bushell de Signature et son équipe essaient de gagner avec une approche descendante. Il est difficile de prendre des décisions macroéconomiques correctes de façon constante -- leur approche prudente a causé des rendements peu attrayants ces dernières années -- mais le groupe est resté en général sur la défensive au bon moment, comme en 2008 et 2011. Signature retire le maximum de son équipe de 34 personnes qui inclut des spécialistes en macroéconomie et des experts aguerris en actions et obligations, leur donnant un vaste éventail d'apports pour formuler leurs avis.
Fonds canadien Mackenzie Ivy : Particulièrement réticent à prendre des risques en marché baissier, Ivy se concentre sur les compagnies de qualité qui peuvent laisser passer l'orage. En dépit de son portefeuille concentré, ce fonds a été le moins volatil de la catégorie lorsque mesuré par l'écart-type. Le style prudent de la gestion entraînera probablement des résultats modestes en marchés haussiers, mais parce que le fonds a pu s'accrocher à ses gains durant les marchés baissiers, il a pu être gagnant à long terme.
Fonds nord-américain de valeur RBC : Les gestionnaires Stu Kedwell et Doug Raymond, qui dirigent le Fonds d'actions canadiennes RBC , apprécient la souplesse dont ils disposent d'investir dans des actions canadiennes et américaines lorsque l'occasion se présente. Après avoir utilisé le filtre quantitatif de RBC pour réduire leur univers de placement, MM. Kedwell and Raymond recherchent des compagnies avec des rendements élevés sur le capital investi, et bien qu'axés sur la valeur, ils ont évité les mises sur la reprise des sociétés. Tous deux ont fait bon usage de la souplesse qui leur était offerte, et ont eu des rendements à long terme qui ont battu leur indice de référence et leurs pairs.