L’action de l’imprimeur d’annuaires Yellow Media ne semble pas trouver le fond du baril.
De nouvelles craintes de défaillance, soulevées par des investisseurs inquiets ou des spéculateurs pessimistes, envoient le titre de Yellow Media à un nouveau cours-plancher de 3,85 $, lundi le 30 mai.
Certains investisseurs s’enquièrent en effet auprès de l’analyste Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, du risque que Yellow Media ne puisse plus rencontrer ses obligations financières, de crainte que la société se place sous la protection de la loi comme l’imprimeur Quebecor World l’a fait, en janvier 2008.
Après avoir réalisé des gains tous les mois depuis le début de l’année, les vendeurs à découvert s’en donnent à cœur joie. Ces investisseurs vendent l’action de Yellow Media qu’ils ne possèdent pas dans le but de la racheter à plus bas prix, afin de récolter la différence, L'action chute malgré le rachat de 6,4 millions d’actions à un prix moyen de 4,43 $ par l’entreprise, entre les 13 et 27 mai dernier.
L’action de Yellow Media a perdu 40 % depuis le 4 novembre 2010.
Faible risque de défaillance, mais l’action encore fragile
L’analyste juge que le risque de défaillance est infime puisque Yellow Media ne doit rembourser aucune dette majeure avant 2013. De plus, ses ratios d’endettement rencontrent aisément les contraintes des banquiers.
Néanmoins, le titre de Yellow Media pourrait baisser davantage au cours des deux prochains mois parce que les financiers diminueront davantage leurs prévisions de bénéfices pour 2011, en attendant que la société rafraichisse ses objectifs financiers annuels, en août.
Yellow Media a réduit ses propres prévisions depuis trois ans.
Pour sa part, M. Shine prévoit désormais un recul des revenus et du bénéfice d’exploitation en 2011 et 2012 parce que la croissance des revenus du web sera insuffisante pour contrer le déclin de la publicité des annuaires imprimés, qui lui fournissent encore 74 % de son bénéfice d’exploitation.
M. Shine signale que Yellow Media tire seulement 21 % de ses revenus d’annuaires du web comparativement à une part de 46 % pour PagesJaunes en France, 38 % pour Seat Pagine en Italie et 36 % pour Yell en Angleterre.
Après le 30 juin, Yellow Media devra aussi suspendre ses rachats d’actions jusqu’en août, avant la publication de ses résultats du deuxième trimestre. L’action perdra donc une source d’appui, dit M. Shine.
L’analyste se demande combien de temps Yellow Media tolérera le fait que sa distribution annuelle de 0,65 $ par action représente un rendement de 16 %, au cours actuel de son action. L’entreprise pourrait choisir de réduire sa distribution afin de rembourser des dettes et ainsi calmer les craintes de défaillance.
Une fois que l’action de Yellow Media aura touché le fond du baril, les vendeurs à découvert pourraient être obligés de racheter l’action afin de les redonner aux actionnaires à qui ils les ont empruntés, dit M .Shine.