Le nouveau patron de Yellow Media, Julien Billot, s’est donné quatre longues années pour redresser le fournisseur de solutions de publicité imprimées et numériques pour les PME.
Il ne faut pas s’attendre à des résultats immédiats. Au contraire.
Puisque la société investit dans une campagne de publicité majeure, dans l’amélioration du contenu et des fonctionnalités de ses médias numériques et de ses applications, ainsi que dans l’élargissement et la formation de son équipe de vendeurs, les résultats à court terme pâtiront.
Au deuxième trimestre terminé le 30 juin, qui seront dévoilés mercredi, Yellow Média devrait afficher un recul de 11,6 % de ses revenus (à 214,8 millions) et de 22 % de son bénéfice d’exploitation (à 83,7 millions), prévoit Aravinda Galappathige, de Canaccord Genuity, le seul analyste à assurer un suivi de Yellow Média depuis ses déboires financiers.
75 M$ de dépenses de plus en deux ans
Les actionnaires de Yellow Média devront donc s’armer de patience puisque cette phase d’investissements majeurs se prolongera jusqu’à la fin de 2015.
Yellow Média pévoit investir 75 millions de plus que son budget habituel en 2014 et en 2015.
« Ce n’est qu’à la fin de 2015 que son bénéfice d’exploitation se stabilisera », prévoit l’analyste.
Yellow Média estime que la moitié de ses revenus proviendront de ses produits numériques en 2015, comparativement à une proportion de 46,6 % au premier trimestre de 2014.
Un plan de relance ambitieux
Un plan de relance ambitieux
En mai, M. Billot s’était fixé trois objectifs : devenir le chef de file du numérique local au Canada à long terme, afficher une croissance du nombre de ses clients d’ici 2017 et renouer avec des revenus croissants d’ici 2018.
À ce moment, ses marges d’exploitation devraient atteindre entre 30 et 35 %, avait précisé l’ex-cadre de Solocal Groupe, M. Billot.
Le pdg prévoyait aussi que les revenus numériques croîtraient de 5 à 9 % par année à partir de 2015.
Yellow Média dit avoir automatisé la création de profils d’entreprises virtuels et d’avoir consolidé ses systèmes de publication imprimée et de ses centres de données TI.
La société a aussi repositionné son site phare de recherche locale en le rebaptisant PJ.ca.
Elle a aussi créé 250 000 nouvelles catégories d’entreprises plus ciblées en ajoutant des renseignements aux pages des commerçants locaux et nationaux.
Une nouvelle plateforme de gestion des relations avec les clients a aussi été implantée dans ses centres d’appel pour améliorer l’acquisition de clients.
Yellow Média déploie aussi à l’échelle du pays un service professionnel de création de pages Facebook.
M. Billot, 45 ans, avait aussi promis la création de nouveaux médias verticaux afin d’offrir une expérience de recherche mobile plus ciblée et d’accroître ses parts de marché dans les catégories de magasinage, de restauration, de l’immobilier et des loisirs, où elle est peu présente.
M. Billot a mis en place un bureau de transformation organisationnelle piloté par Stephen Fort.
L’action de Yellow Média reflète déjà des attentes modestes. Elle s’échange à un multiple de 3 fois son bénéfice d’exploitation rapport à un multiple de 5,9 fois pour son pendant français Solocal Groupe, qui lui aussi est au cœur d’un programme d’investissements et voit son bénéfice d’exploitation reculer, précise l'analyste Aravinda Galappathige.
« À mesure que le plan de relance progresse, nous devrions assister à une réévaluation à la hausse du titre de Yellow Média en Bourse, avant même que ses revenus recommencent à augmenter », espère-t-il.
Son cours-cible de 28 $ représente un multiple de 4,25 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2015, de 291 millions de dollars.
Tim Hicks, de Canso Investment Counsel est l'un des actionnaires patients, avec 20,5 % des actions. " Il s'agit d'un cas de redressement sur 5 ans. Nous ne sommes pas des actionnaires à court terme ", a-t-il dit en entrevue.
La veille des résultats, l’action de Yellow Média perd 1,6 %, à 17,78 $. Elle a baissé de 13,5 % depuis le début de l’année et se situe bien loin du zénith de plus de 1 200 $ l’action en 2011, avant sa recapitalisation.