Au lendemain de l’élimination du dividende et de la dévaluation d’actif, on apprend que ce sont les banquiers ayant prêté 1 milliard de dollars à Yellow Media qui sont derrière les deux décisions rapprochant la valeur de la société de zéro.
Une clause du financement bancaire empêche désormais la société de verser des dividendes ordinaires et à racheter des actions ordinaires, privilégiées et des billets, si sa cote de crédit tombe dans la catégorie de pacotille.
Cette contrainte a été déclenchée lorsque que Standard & Poor’s a déclassé la cote de crédit de Yellow Media, en août, dans la catégorie de pacotille bien que le financement venait à échéance en février 2013.
« Cette restriction du crédit bancaire n’était pas connue du marché », note Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, dans un rapport publié le 20 septembre.
Avec un crédit diminué de moitié, Yellow Media gagne un peu de temps puisque son nouveau financement n’aura pas à être renouvelé avant l’automne prochain, ajoute-t-il.
Puisque Yellow Media rencontrera facilement les nouvelles contraintes de son nouveau financement, soit un ratio dette-bénéfice d’exploitation maximum de 3,4 fois, M. Shine accorde une valeur nominale de 0,24 $ à l’action de Yellow Media, soit un multiple de 3,5 fois son bénéfice d’exploitation prévu en 2012 semblable à ceux d’autres médias.
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Craintes de solvabilité après 2013
Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins, est moins indulgent. « Si le bénéfice d’exploitation continue de décliner de 5 à 7 % par année, comme prévu, Yellow Media aura du mal à rembourser ses dettes après 2013. Les craintes de solvabilité referont surface », écrit l’analyste.
La réduction de sa marge de crédit renouvelable non garantie étrangle sa flexibilité financière, dit M. Yaghi, en ajoutant qu’investir sans son titre est purement spéculatif.
Désengagement des banques
Pour Tim Casey, de BMO Marchés des capitaux, il est clair que les banques se désengagent de Yellow Media, en réduisant la taille du crédit rotatif de 750 à 250 millions de dollars.
« La valeur de son titre est discutable puisque les revenus que lui procurent les annuaires, représentent encore 75 % de ses revenus, et déclinent de 10 % par année. Un déclin de ses flux de trésorerie semble inévitable », écrit pour sa part Tim Casey, de BMO Marchés des capitaux.
Il précise que Yellow Media doit 945 millions de dollars à ses créanciers entre 2014 et 2016, selon l’échéance des titres de dettes en circulation.
« Grâce aux économies de 77 millions de dollars de l’élimination de son dividende et à la conversion prévue de ses actions privilégiées de série 1 en 2012, Yellow Media peut faire face à ses obligations à court terme. En 2013, la société sera aussi en mesure de rembourser la part de son crédit (250 M$) et ses billets (255 M$) à leur échéance, évalue Colin Moore, de Credit Suisse.
« La société a toutefois moins de flexibilité financière qu’avant à un moment où ses résultats se détériorent », explique l’analyste, qui juge aussi le titre de Yellow Media entièrement spéculatif.
Cela signifie qu’on ne peut lui attribuer une valeur, ce qui laissera son titre entièrement à la merci des négociateurs actifs.
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Cours-cible : zéro
Seul Robert Bek, de CIBC, ose dire que l’action de Yellow Media ne vaut plus rien. « Étant donné que tous les efforts se concentrent désormais à préserver un accès aux prêteurs, nous ne voyons comment les actionnaires pourront récupérer quoi que ce soit », écrit-il.
M. Bek précise que la nouvelle décote de la cote de crédit de Yellow Media par Dominion Bond Rating Services implique un taux de récupération de capital de seulement 30 à 50 % pour les billets à moyen terme et de 0 à 10 % pour les débentures convertibles de Yellow Media, en circulation.
Les investisseurs ont compris le message : l’action de Yellow Media se négocie 0,175 $ en Bourse, à 13h jeudi, le 29 septembre.
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