Après 16 mois de réparations, le distributeur de pièces de rechange pour automobiles Uni-Sélect (Tor., UNS, 28,75 $) est fin prêt pour redémarrer les moteurs de sa croissance en 2015.
« On peut vraiment parler de ré-accélération, autant au chapitre des ventes que des acquisitions », affirme le pdg Richard Roy, en entrevue.
Toujours prudent dans ses prévisions, Richard Roy s’avance en disant que le distributeur de Boucherville est désormais outillé pour accroître ses bénéfices de 10 % par année en moyenne, après une rationalisation et l’implantation de nouveaux systèmes de gestion.
D’ailleurs, pour cette relance, M. Roy est allé chercher du renfort en recrutant Henry Buckley au nouveau poste de chef de l’exploitation, en septembre.
Le gestionnaire né à Vancouver cumule 30 ans d’expérience dans le domaine de la distribution, dont plusieurs années chez le grossiste industriel américain W.W. Grainger, où il était notamment responsable des fusions et acquisitions.
Grâce à un bilan assaini et au prolongement d’un financement bancaire, M. Roy se dit à l’aise avec un rythme annuel d’acquisitions de 100 millions de dollars. C’est deux fois plus que les transactions de 45 M$ réalisées en 2014.
Il laisse entendre au passage que la future contribution des prochaines acquisitions devrait se répercuter plus rapidement qu’avant sur les résultats, grâce aux nouveaux systèmes qui apparient mieux les stocks et les ventes et qui améliorent le taux d’exécution des commandes.
La restructuration de 45 M$ bientôt terminée devrait permettre à Uni-Sélect de faire passer sa marge d’exploitation de 5,4 %, en 2012, à 7 % en 2015.
Pour un grossiste qui vend deux millions de pièces et d’accessoires par an et qui entrepose en tout temps 400 000 pièces différentes d’une valeur de 500 M$, un peu plus d’efficacité peut faire toute une différence sur les marges.
En associant mieux les stocks à la demande, grâce aux informations fournies par le nouveau progiciel, Uni-Sélect peut aussi mieux moduler ses coûts d’achat et ses prix de vente.
L’implantation du progiciel de gestion intégrée lui permet aussi de rapatrier à Boucherville certaines fonctions comptables auparavant effectuées à Buffalo. Cette mesure résulte en une trentaine d’embauches dans son centre de services partagés.
Jouer la carte de la proximité
Aux États-Unis, M. Roy cherche des cibles d’acquisitions qui puissent densifier sa présence dans les régions où le distributeur est déjà présent, afin de maximiser les synergies logistiques. Uni-Sélect recrute aussi activement des marchands indépendants, des carrossiers notamment, qui veulent joindre le plus important fournisseur de peinture pour automobiles.
Uni-Sélect est au cinquième rang de son industrie aux États-Unis, mais elle se frotte aux géants Advance Auto Parts, AutoZone et O’Reilly. Pour rivaliser ces poids lourds, elle mise sur la carte de la proximité et sur une présence régionale forte.
« Nos clients, les installateurs, peuvent recevoir leur commande de pièces en 30 minutes. Plus ils installent les pièces rapidement, meilleurs sont leurs revenus et leur rentabilité. Ce meilleur service les fidélise », assure M. Roy.
Au Canada, où l’industrie des pièces de rechange est déjà consolidée, des occasions se présentent encore pour acquérir des distributeurs qui veulent prendre leur retraite. La croissance viendra surtout de l’offre de nouveaux produits de marque maison et de nouveaux services aux marchands existants.
Depuis avril, par exemple, les ateliers de réparation peuvent choisir des services à la carte en fonction de leurs besoins, selon qu’ils s’affilient aux enseignes Auto-Sélect, Uni-Pro et SelectAutoXPert. Ces services à la carte comprennent les garanties, les programmes de formation, les outils diagnostiques et les campagnes de publicité.
Des attentes modestes à surpasser
Les nouveaux efforts de relance d’Uni-Sélect pourraient lui donner un second souffle en Bourse, parce que les analystes n’y croient pas trop. L’action d’Uni-Sélect s’est appréciée de 21 % depuis juillet 2014, mais les attentes envers la société sont encore modestes.
Non seulement la croissance des ventes de la société est nettement inférieure à celle de ses rivales américaines, mais sa rationalisation récente a amputé 47 M$ de ses revenus, indique Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux. L’analyste prévoit que la hausse de ses ventes comparables, sans l’effet des acquisitions, passera de 2 % en 2014 à 2,1 % en 2015.
Le consensus mise sur une hausse du bénéfice par action de 7,5 % en 2015 et de 4,5 % l’année suivanteMichael Glen, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, est plus pessimiste, avec une amélioration de seulement 4 % du bénéfice par action en 2015.
« Nous sommes satisfaits des progrès du plan stratégique de la société, mais l’environnement concurrentiel reste difficile », note M. Poirier.
Malgré tout, l’analyste est confiant qu’Uni-Sélect atteindra la marge d’exploitation de 7 % qu’elle s’est fixée en 2015, ce qui améliorera ses bénéfices et ses flux de trésorerie.
M. Poirier prévoit un rebond de 13,5 % du bénéfice ajusté par action à 2,92 $ US en 2015.
Il a donc augmenté son cours cible d’un an de 33 $ à 35 $, pour un gain potentiel de 15,2 % auquel on ajoute le dividende de 2 %.
Uni-Sélect fait partie des titres favoris de Desjardins surtout parce que la société devrait profiter de la baisse du prix de l’essence, qui augmente la distance parcourue par les automobiles et donc l’usure des véhicules.
Le recul du dollar canadien lui est aussi favorable quand on transpose ses bénéfices américains en un cours-cible en dollars canadiens. L’analyste de Desjardins a aussi des attentes modestes en ce qui concerne les acquisitions. Il s’attend à des acquisitions de petite et de moyenne taille qui ajouteront 100 M$ US à ses revenus annuels, par rapport à des revenus de 1,7 milliards de dollars américains en 2013.
Uni-Sélect dévoile ses résultats en dollars américains parce qu’elle réalise 73 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis.