La décision de Target (NY, TGT) de quitter le Canada ne surprend personne après un deuxième Noël de magasins en panne de clients et de marchandises.
L'échec canadien de Target de la bouche de son président
À chaud, David Hartley, analyste en commerce de détail de Credit Suisse, cherche à identifier des gagnants et des perdants. L’impact est mineur malgré tout.
Voici ses premières impressions :
Le détaillant HBC (Tor., HBC) devrait profiter du départ de Target, qui lui faisait une certaine concurrence dans certaines catégories de vêtements et d’articles pour la maison.
HBC pourrait aussi reprendre des emplacements canadiens de Target pour certains des 25 établissements du nouveau concept Saks Off-Fifth de vêtements à la mode bon marché conçu par le concours de sa nouvelle filiale Saks.
Les épiciers sortent tous gagnants puisqu’ils verront un acteur de moins dans l’alimentation, bien que la part de Target Canada ne dépassait pas 1%, estime M. Hartley.
Par contre, la société de portefeuille Empire (Tor., EMP.A), qui possède l’épicier Sobeys, perd aussi le contrat d’approvisionnement des magasins Target en aliments.
Metro (Tor., MRU.A) perdra les 18 pharmacies Brunet exploitées dans les commercex de Target, mais ça pèse bien peu dans la balance puisque le volume de prescriptions de ces établissements était très faible.
La chaîne de magasins de produits à bas prix Dollarama (Tor., DOL) pourrait perdre un peu de l’achalandage dont elle disait bénéficier lorsqu’un magasin Target était à proximité.
Pour les promoteurs immobiliers qui abritent les points de vente de Target, soit RioCan REIT, Primaris REIT et Cominar REIT, ce sera évidemment le branle-bas de combat pour les meilleurs sites, surtout dans l’Ouest du pays.
M. Hartley s’attend à ce que la chaîne américaine d’articles de bricolage et d’artisanat Michaels, ainsi que HBC, Canadian Tire (Tor., CTC.A), des épiciers et peut-être même Wal-Mart (NY, WMT) récupèrent des établissements laissés vacants par Target.
M. Hartley doute de l’intérêt du grand magasin Nordstrom pour son concept principal, mais la chaîne pourrait l’envisager pour ses magasins à rabais Rack.
Le Canada, pas aussi accueillant que les détaillants américains le croient
Le Canada, pas aussi accueillant que les détaillants américains le croient
L’analyste de Credit Suisse termine sa note éclair avec une leçon : si le marché américain est ultra-concurrentiel pour les détaillants, la plus grande stabilité du marché canadien recèle un risque insoupçonné.
Dans le marché canadien plus sédentaire, les parts de marché ne changent pas de mains aussi facilement qu’on peut le croire. Target aurait sans doute eu besoin d’attendre des années, avant de vraiment y faire sa place.
Les magasins moins bien situés de Target, par rapport à ceux de ses concurrents, ont aussi joué un rôle dans son échec, ajoute-t-il.
Les sérieux problèmes d’approvisionnement du système de distribution distinct établi pour le Canada, ainsi que des attentes de la part des consommateurs que Target Canada n’a pas su satisfaire, ont eu raison des ambitions canadiennes de Target.
Wal-Mart et Canadian Tire : grands gagnants
Wal-Mart et Canadian Tire : grands gagnants
Voici d’autres opinions préliminaires glanées avant que Target ne tienne son appel-conférence à 11h30.
- Le départ de Target est favorable à l’ensemble des autres détaillants, Wal-Mart et Canadian Tire en tête. Non seulement, les deux milliards de dollars de ventes de Target Canada seront redistribuées, mais la menace de grands soldes de la part d’un détaillant désespéré disparaît, indique Irene Nattel, analyste chez RBC Marchés des capitaux.
- Pour mettre les proportions en contexte, Mme Nattel rappelle aussi que le ventes de 2 G$ de Target Canada représentent seulement la moitié des ventes au détail additionnelles que pourraient générer à lui seul le déclin du prix de l’essence à la pompe.
- Si Mme Nattel croit que l’échec de Target pourrait freiner l’ardeur d’autres détaillants américains et étrangers à s’établir ou à grossir au Canada. Mark Petrie, de CIBC, craint que des détaillants américains plus performants que Target s’emparent des meilleurs sites de ce dernier.
- M. Petrie, de CIBC, croit aussi que Wal-Mart et Canadian Tire seront les principaux bénéficiaires de la fermeture des magasins Target. Il ajoute le détaillant de vêtements de tous les jours Reitmans (RET.A) à la liste.
- Quant aux 133 établissements laissés vacants par Target, M. Petrie spécule que Wal-Mart et Loblaw seront les premiers intéressés, bien que l’épicier devra élaborer un nouveau concept pour les occuper.
- Si des détaillants plus performants occupent les 133 sites de Target, la concurrence remontera d’un autre cran, à nouveau, prévient M. Petrie, de CIBC.
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