En l'absence de résultats trimestriels d’entreprises phares cette semaine, les investisseurs tourneront surtout leur attention sur les données du marché du travail américain, tout en gardant un oeil sur la guerre en Ukraine, qui a pris une nouvelle tournure avec l’incursion russe des derniers jours.
Au cours des cinq dernières séances, l'indice S&P 500 a gagné 0,33% pour clôturer à un nouveau record de 2003 points, le Dow Jones a avancé de 0,11%, tandis que Le Nasdaq a augmenté de 0,50%. Le S&P/TSX a pour sa part avancé de 0,6%.
Les données sur le marché du travail américain en août seront sur le radar des investisseurs vendredi. Les économistes prévoient qu’il y a eu création de 225000 postes le mois dernier au sud de la frontière.
Sur le plan des résultats, la semaine sera très calme. Chez nous, Alimentation Couche-Tard est la seule entreprise d’envergure à faire connaître sa plus récente performance trimestrielle. Mais les résultats du détaillant Le Château ne seront pas moins intéressants.
Le Château: de très faibles attentes
Si on en juge par la dégringolade du titre des magasins Le Château (Tor., CTU.A), les investisseurs anticipent des résultats décevants au deuxième trimestre.
Les Affaires rapportait la semaine dernière que le titre de la chaîne était passé au rang des «penny stocks», soit sous la barre des 1$, après une chute de 79% au cours de la dernière année.
Le détaillant publiera ses résultats de la période de trois mois achevée fin juillet vendredi après la clôture des Bourses.
Comme aucun analyste ne suit l’entreprise montréalaise, il est impossible d’avoir une idée des résultats qui seront annoncés.
Cela dit, la direction de Le Château a indiqué au moment où elle a dévoilé ses résultats du premier trimestre que les ventes des établissements ouverts depuis au moins un an ont reculé de 7,2% pour les cinq premières semaines du deuxième trimestre.
Il faut dire que l’été s’est amorcé avec retard, ce qui a certainement nui aux ventes de nombreux détaillants de vêtements.
L’entreprise dirigée par Jane Silverstone Segal évolue aussi dans un contexte d’affaires particulièrement difficile. Outre la prudence des consommateurs, la chaîne affronte de féroces concurrents tel H&M.
Compte tenu des difficultés récentes de plusieurs détaillants, dont Jacob, les attentes envers Le Château sont faibles, a dit en entrevue à Les Affaires la semaine dernière Barry Gruman, un ex-analyste à la retraite, qui a accumulé 17,7 % des actions de la société depuis 2012.
«Disons que je ne suis plus aussi confiant dans le potentiel de retournement, mais que je garde mes actions et mes espoirs», nous a-t-il dit.
L’an dernier à la même période, Le Château avait réalisé un bénéfice net de 1,1M$ ou de 0,04$ par action sur une base diluée.
Avec des attentes très faibles, la moindre surprise positive pourrait redonner un élan au titre. Mais les risques demeurent très élevés.
Couche-Tard carburera sur les marges d’essence aux États-Unis
Dopée par la croissance des ventes de marchandises et de bonnes marges sur l’essence dans ses magasins américains, Alimentation Couche-Tard (Tor., ATD.B) devrait afficher une augmentation de son bénéfice de 20% au premier trimestre de 2015, prévoit Vishal Shreedar, de la Financière Banque Nationale.
La chaîne dirigée par Alain Bouchard va dévoiler ses résultats du premier trimestre le 3 septembre.
M. Shreedar se montre nettement plus optimiste que l’ensemble de ses homologues. Il vise un bénéfice de 0,47$US par action, tandis que les analystes prévoient en moyenne un profit de 0,42$US l’action.
L’an dernier, Couche-Tard avait engrangé un bénéfice de 0,39$US par action, ce qui représenterait une hausse de 20,5% si M. Shreedar vise juste.
L’analyste de la Financière prévoit que plusieurs facteurs ont alimenté la croissance de l’exploitant de dépanneurs, dont la hausse de 3,7% des ventes de marchandises dans les établissements américains ouverts depuis au moins un an. Couche-Tard devrait aussi avoir carburé à des marges bénéficiaires plus élevées à la pompe aux États-Unis, soit 19,8 cents le gallon, contre 19,4 cents l’an dernier à pareille date l’an dernier.
Pour sa part, David Hartley, de Credit Suisse, a récemment relevé sa prévision de bénéfice de 0,40$US à 0,45$US l’action, car il entrevoit une marge bénéficiaire à la pompe dans les stations-service américaines de 20,7 cents par gallon, contre 17,2 cents auparavant.
Les synergies tirées des activités en Europe pourraient aussi gonfler la rentabilité de Couche-Tard. M. Shreedar anticipe des économies de 23M$US pour le trimestre. Chaque tranche de synergies de 25M$US ajoute 0,50$CA à son cours cible, précise-t-il.
L’analyste de la Financière a relevé sa cible pour l’action de Couche-Tard de 32$ à 33$. Le titre a clôturé la dernière séance d’août à 32,61$, ce qui laisse un faible potentiel en fonction du cours-cible actuel.
Descartes Systems: les acquisitions dans la mire
Le spécialiste de la logistique de la chaîne d’approvisionnement ontarien Descartes Systems (Tor., DSG) devrait afficher une forte croissance à son deuxième trimestre, mais les investisseurs vont surtout porter attention aux commentaires de la direction au sujet de futures acquisitions.
L’entreprise dont le siège social est situé dans la même ville que BlackBerry, à Waterloo, va dévoiler ses résultats du deuxième trimestre jeudi.
Les analystes visent en moyenne un bénéfice de 0,06$US par action, ce qui représenterait une hausse de 33% par rapport au bénéfice de 0,04$US l’action dégagé à la même période l’an dernier.
Phillip Huang, analyste de Barclays Capital, vise pour sa part un bénéfice de 0,05$US par action. M. Huang a amorcé le suivi du titre le 18 août dernier avec une recommandation «surpondérer» et une cible de 16$CA.
Au début de juillet, Descartes a recueilli 147M$US, une somme qui devrait lui permettre de poursuivre sa stratégie d’acquisitions.
Descartes oeuvre dans une industrie très fragmentée, ce qui lui donne une grande latitude pour réaliser des acquisitions. Réputée pour sa discipline sur le plan financier, la direction de Descartes pourrait «rester assise» sur son trésor de guerre pendant un certain moment avant de réaliser une transaction.
Descartes figure parmi les fournisseurs de logiciels de logistique qui affichent les revenus récurrents les plus élevés (91% dans le cas de Descartes). Son titre est également évalué moins chèrement que ses principales rivales.
Mais pour obtenir une évaluation plus généreuse auprès des investisseurs, Descartes doit continuer à réaliser des acquisitions qui contribueront à accroître sa rentabilité.