Il y a un bon moment où la géopolitique n’avait pas suscité une inquiétude majeure chez les investisseurs.
La crise en Ukraine risque de changer la donne. Les Bourses nord-américaines pourraient ouvrir en baisse marquée lundi en raison des événements survenus au cours du week-end dans le pays voisin de la Russie, tandis qu’une donnée manufacturière clé en Chine s’est établie à son plus bas en huit mois.
Au cours des cinq dernières séances, le Dow Jones s'est apprécié de 1,36% à 16321. Le S&P 500 a pour sa part gagné 1,26%, se hissant vendredi à un deuxième sommet historique en deux jours, à 1859. Le Nasdaq a avancé de 1,05% à 4308.
La tension qui est montée au cours des dernières 48 heures en Ukraine rend les investisseurs nerveux. Les contrats à terme sur les principaux indices de Wall Street affichent des replis notables.
Ces événements pourraient reléguer au second rang les résultats des entreprises. Néanmoins, voici trois des principales sociétés québécoises qui dévoileront leurs états financiers au cours de cinq prochains jours.
Marges sous pression à la Laurentienne
La plus petite des banques québécoises, la Laurentienne, devrait avoir continué de souffrir de la faiblesse des marges d’intérêt et de la vive concurrence au chapitre des prêts aux particuliers au premier trimestre.
La banque dirigée par Réjean Robitaille va dévoiler ses résultats mercredi.
Scott Chan, analyste de Canaccord Genuity, prévoit que la société montréalaise dévoilera un bénéfice de 1,31$ par action, ce qui représenterait une augmentation de 1% par rapport à la même période l’an dernier.
L’ensemble des analystes visent plutôt un profit de 1,28$ l’action.
La marge nette d’intérêt, un indicateur clé de la rentabilité des activités de base des banques, devrait être demeurée stable à 1,66% en comparaison du plus récent trimestre, prévoit M. Chan.
La vive concurrence dans le créneau des prêts aux particuliers jumelée aux bas taux d’intérêt font pression sur les marges de la banque.
La Laurentienne oriente néanmoins sa stratégie vers des produits à marges plus élevées, en accordant notamment des prêts plus rentables aux conseillers financiers par l’entremise de sa filiale B2B Banque. Cela devrait en partie contrebalancer la faiblesse des taux du côté des particuliers.
M. Chan maintient sa recommandation d’achat pour le titre de la Laurentienne, car il se négocie à escompte de 26% par rapport aux six grandes banques canadiennes. Sa cible de 52$ équivaut à un multiple de 9,2 fois le bénéfice prévu pour l’exercice 2015.
SNC-Lavalin: sommet en Bourse, mais...
Les investisseurs ont regagné confiance à l’égard de SNC-Lavalin à la veille de ses résultats du quatrième trimestre. Le titre de la société de génie-conseil a touché son plus haut en 52 semaines vendredi dernier.
Il faut dire que les nuages se dispersent peu à peu sur SNC. Au début février, notamment, l’AMF a autorisé la firme et sa rivale WSP Global (ex-Genivar) à miser sur des contrats publics offerts dans la province.
Frederic Bastien, analyste de Raymons James, souligne que le titre s'est apprécié de 20% depuis que le conseil d'administration a autorisé le processus de mise en vente d'Altalink en septembre. L'action a donc nettement mieux fait que le gain de 9% du S&P/TSX depuis.
Il ne faut toutefois pas s’attendre à une amélioration considérable de sa performance financière à court terme. Le géant montréalais présentera ses résultats du quatrième trimestre jeudi.
Bert Powell, de BMO Marchés des capitaux, prévoit que la société dégagera un bénéfice par action consolidé de 0,59$ sur des revenus de 2,15G$.
Les analystes prévoient en moyenne un profit de 0,64$ par action sur des revenus de 2,09 G$. L’an dernier, SNC avait réalisé un bénéfice de 0,63$ par action sur des recettes de 2,42G$.
M. Powell anticipe une modeste amélioration de la rentabilité des activités d’ingénierie, soit un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 55M$, contre 51M$ au quatrième trimestre de 2012.
Cela dit, il souligne que les coûts généraux et administratifs de l’entreprise continueront de peser sur sa rentabilité. Il prévoit que SNC a pris une charge de restructuration de 17M$ qui n’avait pas été encore inscrite à ses états financiers.
Les investisseurs devront surveiller de près le carnet de commandes de la division ingénierie de la société. L’analyste de BMO n'anticipe aucune croissance du carnet par rapport au troisième trimestre, ce qui le laisserait à 6,7G$.
Dorel: les yeux tournés vers 2014
Avertissement: les résultats de Dorel seront loin d’être mirobolants au quatrième trimestre.
L’entreprise montréalaise l’a elle-même confessé il y a quelques semaines. La météo hostile et la composition défavorable des ventes entraînera une baisse des bénéfices par rapport à la même période l’an dernier.
Le fabricant de vélos, sièges de bébé et mobilier de maison fera connaître ses résultats du quatrième mardi.
Leon Aghazarian, de la Financière Banque Nationale, avait abaissé à sa prévision de bénéfice à 0,74$US par action après l’avertissement émis par l’entreprise. Initialement, il anticipait plutôt un profit de 0,82$ par action.
En moyenne, les analystes visent 0,70$US par action.
Les revenus devraient s’établir à 609,6M$US, comparativement à une prévision initiale de 650,4M$US, indique M. Aghazarian.
Comme le dernier trimestre ne réserve guère de surprises, il faudra se rabattre sur l’exercice 2014, comme le mentionne Sabatah Khan, analyste de RBC Marchés des capitaux.
La direction Dorel devrait donner des indications sur le redressement des activités de la division de produits récréatifs, notamment.
Le titre de Dorel a pour principal atout d’être bon marché. Il se négocie à 9,2 fois le bénéfice de 3,70$US par action prévu en 2014, selon la prévision de M. Khan. L’analyste maintient une recommandation de surperformance par rapport à son secteur.