Des acquéreurs potentiels roderaient autour de SNC-Lavalin (Tor., SNC, 46,82$) révèle le Financial Post, dans un article étiqueté exclusif.
L’espagnole Actividades de Construccion y Servicios S.A. ou ACS (Espagne, ACS) et l’Australienne WorleyParsons (Australie, WOR) sont deux des prédateurs potentiels identifiés pour acquérir la société d’ingénierie-construction de Montréal. Des discussions informelles auraient eu lieu, indique une source anonyme qui qualifie SNC-Lavalin de «bonne prise».
Le risque que SNC-Lavalin soit bannie pour dix ans de tous les appels d’offres du gouvernement fédéral en raison des accusations criminelles de corruption et de fraude qui pèsent sur la société explique pourquoi les approches des prédateurs restent informelles.
L’article indique aussi que SNC-Lavalin n’est pas réceptive aux avances des acquéreurs présumés.
Maxim Sytchev, de Valeurs mobilières Dundee, n’y croit pas non plus parce que les instances locales ne voudraient pas perdre un autre siège social québécois.
Plus important encore, SNC-Lavalin est en train de vendre ses concessions d’infrastructures, ce qui complique l’évaluation de la société par les acquéreurs potentiels.
«Les acquéreurs auraient à concurrencer les caisses de retraite qui ont un avantage de coût en capital pour offrir plus pour les infrastructures mises en vente (dont l’autoroute 407)», explique M. Sytchev.
Enfin, la structure complexe de propriété de ses filiales allemande et australienne par ACS ainsi que les difficultés d’affaires de WorleyParsons en font des acquéreurs de piètre qualité, à son avis.
Une offre d’un consortium patient de caisses de retraite ?
Une offre d’un consortium patient de caisses de retraite ?
M. Sytchev avance un autre scénario alternatif plus logique: une offre de SNC-Lavalin par un consortium de caisses de retraite intéressées par la génération de flux de trésorerie réguliers et à longue haleine de ses infrastructure qui s’arriment aux obligations financières des caisses de retraite envers leurs bénéficiaires.
Les caisses de retraite ont aussi la patience requise pour que SNC-Lavalin redresse ses activités d’ingénierie-construction. La Caisse de dépôt et placement du Québec a déjà accumulé 12% des actions de SNC-Lavalin.
«Une offre pour l’ensemble de SNC-Lavalin par des caisses de retraite est plus logique qu’une offre d’acquéreurs stratégiques, à moins que ces derniers attendent que SNC-Lavalin vende toutes ses concessions pour acquérir le seul noyau d’ingénierie», explique M. Sytchev.
L’analyste de Dundee profite des rumeurs soulevées par le Financial Post pour répéter que l’action de SNC-Lavalin est sous-évaluée. Au cours actuel, son action s’échange à un multiple de 10,4 fois son bénéfice d’exploitation prévu en 2016 par rapport à une évaluation comparable de 13 fois pour ses semblables américains.
«Acheter un titre qui offre un multiple déprimé et des bénéfices déprimés est une bonne proposition», dit-il. Surtout que la nouvelle équipe de direction veut relancer et donner de la valeur à la société, en annonçant notamment un rachat de 10% des actions et en vendant les concessions.
La société offre aussi le potentiel d’un redressement de sa division d’ingénierie dédiée aux infrastructures, d’ici 18 mois, à mesure que son carnet de commandes se regarnit.
M. Sytchev établit son cours-cible à 54$, pour un gain potentiel de 15%. Cela se compare à des cours potentiels de 59,46$ à 68,96$ en fonction de différents ratios transactionnels.
L’action de SNC-Lavalin gagne 2,7% mercredi matin, portant son gain à 5,7% depuis le début de l’année.
Le titre de la société a rebondi depuis le cours plancher annuel de 36,24$ touché le 3 mars 2015. Ce creux correspond d'ailleurs à celui du cours du pétrole West Texas Intermediate (WTI), de 46,43$US, un baromètre du secteur des ressources cher aux firmes d’ingénierie-construction.