Les câblodistributeurs s’échangent des réseaux et concluent des partenariats depuis des années, mais l’échange d’actif entre Rogers Communications (Tor., RCI.B, 44,23 $) et sa rivale Shaw Communications (Tor., SJR.B, 22,78 $) pourrait avoir plusieurs ramifications, spéculent les analystes.
Rogers achète Mountain Cable (41 000 abonnés) un réseau de câble de Hamilton adjacent à son propre réseau dans le sud de l’Ontario, pour 400 millions de dollars, de Shaw.
Shaw lui vend aussi une option, pour 50 millions de dollars, pour avoir le droit d’acheter pour 275 à 300 millions de dollars des licences du spectre de fréquences sans-fil dans l’Ouest canadien, après février 2014. Ces fréquences sont réservées aux services sans-fil évolués.
Shaw avait elle-même acheté ces licences dans les enchères de 2008.
Cet échange de licences requiert le feu vert d'Industrie Canada et du Bureau de la concurrence.
En retour, Shaw acquiert la part de 33 % Rogers dans la chaîne spécialisée TVtropolis pour 59 millions de dollars. Shaw détient déjà les deux-tiers de TVtropolis.
Moins de chances d’une union Rogers-Shaw
Moins de chances d’une union Rogers-Shaw
L’échange d’actif diminue les chances que Rogers acquiert Shaw à court terme, croit Dvai Ghose, de Canaccord Genuity.
Shaw utilisera en effet le produit de ces ventes (environ 420 millions de dollars) pour investir dans la numérisation de son réseau de câble, le déploiement de son réseau wi-fi dans l’Ouest canadien et l’achèvement de son centre de données. Shaw perd des abonnés au service de télé internet de Telus.
« Bien que nous croyons toujours que Rogers fera un jour une offre pour Shaw, à court terme, la transaction complexe réduit le besoin pour les deux sociétés de s’unir pour mieux concurrencer », écrit pour sa part Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins.
" Les familles Rogers et Shaw sont prêtes à coopérer stratégiquement au bénéfice des deux entreprises ", note Jeff Fan, de Banque Scotia, Le dernier échange de réseaux de câble date de 2000.
Les nouveaux fournisseurs sans-fil coincés ?
La vente de ses licences sans-fil confirme que Shaw n’entend pas offrir un service sans-fil à ses abonnés de câble.
« Le service sans-fil dans un forfait résidentiel peut retenir ou attirer des abonnés, mais le marché de l’Ouest ne peut soutenir quatre concurrents », ajoute M. Yaghi.
Si Rogers voit juste en pariant que le CRTC lui laissera acheter les licences sans-fil de Shaw en 2014, « on peut imaginer que Bell, Telus et même Rogers puissent mettre la main sur les nouveaux fournisseurs sans-fil Mobilicity, Wind ou Public Mobile », avance M. Ghose.
Si c’est le cas, l’épuration des nouveaux fournisseurs sans-fil serait bénéfique pour les fournisseurs établis, spécule l’analyste de Canaccord Genuity.
Philip Huang, d’UBS, croit au contraire que la prime payée par Rogers pour les licences sans-fil de Shaw donne de la valeur à ces licences et facilitera le partage de licences entre les nouveaux fournisseurs ainsi que la récolte de capital pour leurs services.
Quebecor possède aussi une licence sans fil à Toronto qu’elle pourrait vendre ou échanger, dit M. Huang.
Rogers peut revendre les licences sans-fil de Shaw à une tierce partie, si le CRTC n’approuve pas la transaction.
Privatiser Corus au lieu d’offrir le sans-fil ?
Privatiser Corus au lieu d’offrir le sans-fil ?
En tournant la page sur l’aventure sans-fil, Shaw pourrait tourner son attention sur Corus Entertainment (Tor., CJR.B, 24,40 $), et faire une offre sur le télédiffuseur que la famille Shaw contrôle aussi, spécule Drew McReynolds, de RBC Marchés des capitaux.
En s’intégrant, Shaw pourrait mieux concurrencer les autres fournisseurs qui possèdent leur propre contenu multimédia, tels que BCE (Tor., BCE, 42,49 $) et Rogers.
M. Ghose n'y croit pas parce que l'achat de Corus coûterait 2,9 milliards, alors que Shaw a choisi de réinvestir l'argent qu'il recevra de Rogers dans son réseau de câble, son réseau wi-fi, son centre de données et le service Shaw Go.