Le fabricant des motoneiges Ski-Doo et des roadsters Spyder BRP compte émettre 12,2 millions d'actions à un prix variant entre 18,50 $ et 21,50 $ chacune.
Cela donnerait à l'entreprise de Valcourt une valeur boursière de 2,1 à 2,5 milliards de dollars, soit de 9 à10 fois son bénéfice d'exploitation, un multiple aussi élevé que celui de sa grande rivale Polaris Industries (NY, PII, 85,85 $ US) qui a une valeur boursière presque deux fois supérieure, mais des revenus similaires, indique Keith Farrant, de Claret.
L’an dernier, BRP a réalisé un bénéfice de 121 millions de dollars sur des revenus de 2,9 milliards de dollars.
Cette valeur de 2,1 à 2,5 milliards est aussi plus de deux fois ce que ses actionnaires actuels ont payé à Bombardier pour sa divisions de produits récréatifs, en 2003.
La société de Valcourt vise une émission d'actions de 225 à 262 millions de dollars. Le produit de l'émission ira au remboursement de dettes, incluant celles ayant servi au versement d'un dividende total de 531 illions de dollars aux actionnaires principaux, juste avant l'émission.
Après l’émission, le fonds d’investissement Bain Capital détiendra 48,3 % des votes, la famille Bombardier-Beaudoin, 37,2 % et la Caisse de dépôt et placement du Québec, 14,5 %, grâce à leurs actions à six votes chacune.
Un tour d'horizon de gestionnaire de portefeuilles locaux, à l'annonce de l'émission, dénotait beaucoup de curiosité, mais peu d'intérêt pour participer à l'émission. Alain Chung de Claret, avait cité l'endettement élevé de BRP et les droits de vote subalternes comme deux irritants.
De son côté, Philippe Leblanc, de Cote 100, n'appréciait pas les dividendes spéciaux de 531 millions de dollars que se versent les actionnaires principaux, avant l'émission.
BMO Marchés des capitaux, RBC Marchés des capitaux, UBS AG et Citigroup ont l’option d’augmenter la taille du placement de 15 %. Ses actions se négocieront sous le symbole DOO, à la clôture de l’émission, près du 27 mai.
Moment propice pour un retour en Bourse
Moment propice pour un retour en Bourse
BRP revient en Bourse à un moment propice : sa grande rivale Polaris a enfilé trois années records, pendant lesquelles son bénéfice et son action ont triplé.
Chez BRP, le redressement commence aussi à porter ses fruits. Ses résultats se sont améliorés au cours des trois dernières années. BRP revient de loin : ses revenus ont chuté de 40 % et son bénéfice d'exploitation, de 56 % entre janvier 2008 et 2010. Résultat : en 2013, ses revenus (2,9 G$), son bénéfice d'exploitation (336 M$) et son bénéfice net (121 M$) sont comparables à ceux de l'exercice 2008.
En fait, ses revenus de 2013 sont de 16 % supérieurs à ce qu'ils étaient il y a 10 ans, lorsque la famille Beaudoin-Bombardier, Bain Capital et la Caisse ont racheté BRP pour un peu plus de 1 G$.
Ce passage à vide se reflète au bilan. Le prospectus indique des capitaux propres modestes de 20,6 M$.
La société est différente de celle que Bombardier a vendue en 2003. Ses ventes sont mieux équilibrées entre les différents types de produits. BRP a doublé à 35 % la part de ses ventes à l'extérieur de l'Amérique du Nord. BRP n'a pas fini sa rationalisation. L'entreprise de Valcourt transfère la production de ses véhicules tout-terrain au Mexique, à partir de la seconde moitié de 2013.
Ce transfert entraînera 500 mises à pied à Valcourt et vise à économiser 25 M$ par an d'ici la fin de 2017.
Pour l'avenir, la société dirigée par José Boisjoli mise sur ses véhicules côte à côte et ses roadsters récréatifs. Elle compte étendre son réseau de concessionnaires dans certaines régions de l'Amérique du Nord où il existe un potentiel de vente plus élevé pour les véhicules tout-terrain, les véhicules côte à côte et les roadsters. BRP entend aussi accroître sa présence au Brésil, en Russie et en Chine.
Nettement plus endettée que ses rivales Polaris et Arctic Cat
Nettement plus endettée que ses rivales Polaris et Arctic Cat
Avec une valeur boursière de 5,8 milliards de dollars américains et des revenus de 3,2 G$ US, Polaris se négocie à un généreux ratio de 10 fois son bénéfice d'exploitation, note Mark Smith, de Feltl & Co.
Quant à Arctic Cat (Nasdaq, ACAT, 45,75 $ US). son titre s'échange à 6,2 fois son bénéfice d'exploitation, soit au haut de sa fourchette d'évaluation. Avec une valeur boursière de 557 millions de dollars américains, des revenus de 679,6 M$ US et ses 1 369 employés, Arctic Cat est beaucoup plus petite que BRP.
Les marges d'exploitation de BRP (11,6 %) sont semblables à celles d'Arctic (11 %), mais sont inférieures à celles de Polaris (17,1 %).
«Polaris et BRP ont en commun la diversité de leurs produits et de leurs marchés internationaux. Polaris vend toutefois des motocyclettes et a abandonné les motomarines. Un brevet baptisé "Slingshot" indique que Polaris compte elle aussi lancer une moto à trois roues, semblable au Spyder de BRP», explique M. Smith.
La grande différence entre BRP et ses rivales ? La dette. Chez BRP, elle équivaut à 2,9 fois son bénéfice d'exploitation, comparativement à 0,2 fois pour Polaris. Pour sa part, Arctic Cat n'est pas endettée.