La première incursion de Cogeco Câble aux États-Unis pour 1,36 milliard déplaît aux investisseurs, à en juger par le premier verdict en Bourse : une chute rapide de 16 % de l’action à 37,35 $.
À peine quatre mois après vendu à forte perte son câblodistributeur portuguais Cabovisao, Louis Audet, le président et chef de la direction de Cogeco Câble, aura fort à faire pour convaincre les financiers sceptiques du potentiel de l’acquisition du 14e câblodistributeur américain Atlantic Broadband.
L'achat de Cabovisao au Portugal, en juin 2006, avait aussi entraîné une chute de 21 % de l'action de Cogeco Câble, dans les jours suivant la transaction.
Au moins la moitié des huit analystes ayant assisté à la téléconférence tenue pour expliquer la transaction ont terminé leur période de questions avec un «bonne chance« au lieu de l’habituel «félicitations».
Ce que les analystes n’aiment pas.
- Comme avec Cabovisao, Cogeco Câble double son ratio d’endettement de 1,6 à 3,1 fois son bénéfice d’exploitation.
- Comme avec Cabovisao, Cogeco Câble ne peut tirer de synergies de la transaction, car elle prend pied aux États-Unis
- Comme en 2006, Cogeco Câble paie un multiple de 8,3 fois le bénéfice d’exploitation d’Atlantic Broadband, tandis que sa propre action vaut seulement 5,5 fois son propre bénéfice d’exploitation
- Les analystes se demandent pourquoi les clients d’Atlantic Broadband achètent si peu de ses forfaits de trois services (câble, Internet, téléphonie)
- Cogeco Câble veut faire d'Atlantic Broadband un tremplin américain pour d'autres transactions
Tim Casey, de BMO Marchés des capitaux, a le mieux fait écho aux inquiétudes des investisseurs: «La dernière fois que vous vous êtes aventurés hors de vos marchés, ce fût un échec. Comment pouvez-vous rassurer les investisseurs que vous avez cette fois ce qu'il faut pour concurrencer dans un nouveau marché?».
Ce à quoi M. Audet a répondu : «Atlantic Broadband se débrouille très bien depuis sept ans, en tant que câblodistributeur indépendant. Nous sommes confiants qu’ils feront encore mieux avec nous. Je respecte les inquiétudes, mais nous ne pouvons être plus près de ce que nous connaissons le mieux avec cette transaction».