La consolidation entre les nouveaux fournisseurs sans-fil pourrait survenir beaucoup plus tôt que prévue, croient certains analystes.
« Nous prévoyons que les nouveaux arrivants sans-fil s’acquerront ou s’allieront les uns aux autres, au cours de la prochaine année. Le changement de la garde à la présidence de Wind et de Mobilicity depuis six mois, ainsi que des revenus par abonné et un taux d’abonnement décevants déclencheront les unions » écrit Peter Rhamey, analyste chez BMO Marchés des capitaux.
En effet, le modèle d’affaires de Wind Mobile, Public Mobile et Mobilicity, qui misent sur les forfaits à bas prix, est fragile, note Dvai Ghose, analyste chez Canaccord Genuity.
De plus, Industrie Canada dévoilera sous peu les règles qui encadreront les prochaines enchères de fréquences sans-fil, qui devraient se tenir en 2012.
Industrie Canada invitera les entreprises de télécommunications à acheter des licences de spectre dans les bandes de basse fréquence de 700 mégahertz (Mhz).
Si le gouvernement fédéral ne réserve pas une partie des nouvelles fréquences aux nouveaux venus, comme il l’avait fait lors des enchères de 4,2 milliards de dollars de 2008, les nouveaux fournisseurs devront unir leurs forces pour être viables face aux géants Bell, Rogers et Telus, avance M. Ghose.
« Les nouvelles fréquences mises aux enchères sont vitales pour les nouveaux fournisseurs, car le signal voyage plus rapidement sur la bande de 700 MHz, diminuant le besoin de multiplier les tours et les cellules de transmission, pour éventuellement offrir le nouveau service de quatrième génération (LTE) », explique M. Ghose.
L’enjeu est tel que Naguib Sawiris, l’entrepreneur égyptien derrière la Canadienne Wind Mobile, a menacé, le 17 novembre dernier, de ne pas participer aux enchères et de quitter le Canada, si le gouvernement fédéral ne réserve pas une partie des licences aux nouveaux venus et s’il n’assouplit pas les règles de propriété étrangère des fournisseurs canadiens de télécommunications..
« Nous prévoyons une consolidation entre les nouveaux fournisseurs sans-fil avant et après les enchères », dit M. Ghose.
L’épuration du nombre de fournisseurs devrait relever les revenus par abonné, diminuer le taux de désabonnement et compenser pour la hausse des coûts d’acquisition des abonnés, tout en rationalisant les coûts de la mise à niveau des réseaux, des acteurs issus des unions.
Wind Mobile pourrait s’unir à Mobilicity qu’elle concurrence en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Les deux entreprises ont des modèles d’affaires similaires, indique M. Ghose.
Vidéotron est aussi un acquéreur potentiel, puisqu’elle possède des fréquences sans-fil à Toronto. Toutefois, M. Ghose doute de l’intérêt pour l’entreprise de sortir du Québec puisque Vidéotron ne pourrait pas offrir en forfait son service de câble à l’extérieur du Québec, ce qui a fait son succès au Québec.
Un modèle d’affaires mis à rude épreuve
Même s’ils ont réussi à s’approprier 22 % des nouveaux abonnés sans-fil, au troisième trimestre, Wind, Public Mobile et Mobility en arrachent parce que leurs forfaits illimités leur procurent des revenus mensuels d’à peine 25 à 30 $ par abonné.
Leurs clients sans contrat sont aussi infidèles, avec un taux de désabonnement de 4 %.
« Le revenu par abonné est bien inférieur au seuil économique de 30 $ », indique Peter Rhamey, de BMO Marchés des capitaux.
Le coût d’acquisition de chaque abonné augmente en flèche parce que les Canadiens préfèrent encore les combinés subventionnés aux forfaits sans contrat.
Les nouveaux fournisseurs n’ont pas accès non plus aux combinés populaires, tels que le iPhone.
Les nouveaux fournisseurs ont aussi moins accès au marché des capitaux pour se financer. Les Bell, Telus et Rogers de ce monde n’ont aucune difficulté à émettre des actions ou des obligations pour financer la mise à niveau de leurs réseaux, puisque leurs actions versent des dividendes alléchants aux investisseurs qui en sont friands, explique M. Ghose.
Quoi faire avec les titres ?
À court terme, les titres des trois grands fournisseurs sans-fil, BCE, Telus et Rogers pourraient souffrir d’une nouvelle offensive des nouveaux arrivants, car ila bonifient davantage leurs promotions, pour le temps des fêtes.
Wind offre le forfait d’appels et de textes illimités Oh Canada pour 29 $ par mois, d’ici la fin de l’année, après quoi il passera à 45 $ par mois.
Mobilicity offre aussi un rabais de six mois de 50 % sur ses forfaits habituels.
Telus, qui affronte moins de concurrence dans l’Ouest, semble la société la mieux placée puisque la guerre de prix est plus intense en Ontario et au Québec, dit M. Ghose.
À moyen terme, Rogers a le plus à gagner d’une épuration du nombre de concurrents, puisque la société tire le plus de ses revenus et de son bénéfice d’exploitation du service sans-fil que Telus et Bell.
« Son titre est attrayant à 34 $ et moins, mais perd de son attrait autour de 38 $ », « dit l’analyste de Canaccord Genuity.
M. Rhamey préfère aussi Telus parmi les fournisseurs de services de télécommunications. Son collègue chez BMO, Tim Casey, recommande aussi le titre de Rogers Communications.
« La consolidation des nouveaux acteurs devrait hausser la valorisation des trois fournisseurs établis, puisqu’elle diminuera l’intensité des guerres de prix qui pèse sur les marges », écrit M. Rhamey.