L’épicier Metro (Tor., MRU.A, 69,30 $) n’a pas annoncé de geste d’éclat pour apaiser les actionnaires qui avaient espéré un rachat majeur d’actions ou une lueur d’acquisition en riposte aux achats récents de Shoppers par Loblaw et de Canada Safeway par Sobeys-IGA.
L’absence d’un rachat d’actions majeur et l’ouverture en 2014 de 18 pharmacies Brunet dans les 25 prochains magasins Target au Québec ont visiblement laissé les investisseurs sur leur faim.
« Nous sommes très conscients que notre bilan est surcapitalisé (depuis la vente de la moitié de ses actions d’Alimentation Couche-Tard en janvier), mais nous sommes patients. Nous continuerons à évaluer toutes les occasions internes et externes d'investissement qui sont dans le meilleur intérêt de nos actionnaires à long terme », a déclaré Éric La Flèche, président et chef de la direction de Metro, lors de l’appel-conférence des résultats du troisième trimestre clos le 6 juillet.
Il n'a fait aucune mention des acquisitions réalisées par Loblaw et de Safeway, pendant l'appel-conférence.
En d’autres mots, l’épicier préfère encore conserver ses munitions pour sauter sur une éventuelle occasion, même si les acquisitions potentielles les plus rentables, Groupe Jean Coutu et Overwaitea notamment, sont improbables à court terme.
La déception des investisseurs se manifeste dans le recul de 373 % de l’action de Metro mercredi, le plus en trois ans, après le dévoilement d’une baisse des ventes des épiceries ouvertes depuis plus d’un an, de 0,9 %, pour un troisième trimestre consécutif.
L’action de Metro a perdu 8,6 % depuis le sommet qu'elle avait atteint le 31 juillet, en anticipation d’un rachat potentiel d’actions.
Au troisième trimestre, l’épicier a tout de même réussi à augmenter sa marge brute, un véritable exploit compte tenu de l’intensification de la concurrence et du recul des prix des aliments et de la multiplication des promotions en magasin, grâce à un contrôle serré de ses dépenses.
Coup de barre devenu nécessaire en Ontario
Coup de barre devenu nécessaire en Ontario
Huit ans après avoir acquis A&P Canada pour 1,7 milliard de dollars en Ontario, Metro sent aujourd’hui le besoin de donner un coup de barre dans cette province Ontario où la concurrence est la plus féroce.
Metro fermera d’une à trois épiceries Metro dans cette province et convertira une demi-douzaine de ces épiceries conventionnelles à la bannière à rabais Food Basics.
Metro exerce les clauses incluses dans ses contrats de franchises pour diminuer les coûts de main-d’œuvre des épiceries Metro qui resteront ouvertes, dans cette province, là où ça lui est possible.
Metro inscrira une charge de 40 millions de dollars au quatrième trimestre et assure que cet investissement lui procurera le rendement interne qu’elle exige habituellement.
« Food Basics peut faire mieux en Ontario. Nous accélérerons les investissements dans cette enseigne au cours des 12 prochains mois », a précisé M. La Flèche, en admettant que d’autres investissements pourraient être nécessaires en Ontario.
Il a donné en exemple deux nouvelles épiceries Metro, de plus haut de gamme, à Toronto et Etobicoke, qui sont des « modèles » de ce que les futures épiceries devraient être, dans des marchés plus fortunés.
Interrogé par un analyste sur les perspectives de concurrence en Ontario, M. La Flèche a dit « je ne vois pas comment ça pourrait être pire. Nous devons travailler très fort pour que les consommateurs complètent tout leur panier d’épicerie chez nous ».
La baisse de 0,9 % des ventes des épiceries de Metro ouvertes depuis plus d'un an, au troisième trimestre, est sa pire performance en dix ans, selon l'agence Bloomberg.
Dévaluation possible
Dévaluation possible
Jim Durran, de Barclays, estime à 6 à 12 $ par action la valeur que donnent les investisseurs à la spéculation qu'elle s'endette pour racheter des actions ou encore qu'elle réalise une acquisition.
" Si la société continue d'adopter l'approche prudente des dernières années en déployant son capital dans son réseau de distribution et d'épiceries. son multiple d'évaluation pourrait retourner à 11,5-12,5 fois son bénéfice au lieu du multiple actuel de 13 fois ", avait écrit M. Durran, avant la publication des résultats trimestriels.
Avec des rivaux qui viennent d'obtenir de nouvelles sources de croissance et de synergies, Metro coure le risque à long terme de devenir le quatrième épicier au pays derrière Loblaw, Sobeys-IGA et Wal-Mart, avait-il aussi déploré.
Le recul de l'action depuis juillet est peut-être le début de cette réévaluation.