L’épicier Metro devrait dévoiler un troisième trimestre satisfaisant le 13 août, grâce à un coup de pouce de l’inflation des aliments et du rachat de ses actions.
Les analystes prévoient une hausse de 1,2 % des revenus (3,6 G$), une baisse de 4,5 % (253 M$) du bénéfice d’exploitation, mais une hausse de 5,6 % du bénéfice par action (1,64 $).
Pour un quatrième trimestre de suite, les revenus de Metro (Tor., MRU.A, 71,46 $) devraient bénéficier de la hausse des prix des aliments frais tels que la viande et les fruits et les légumes, mais dans une moindre mesure que ses rivaux parce que ses magasins du Québec et de l’Ontario bénéficient moins de cette tendance, explique Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale.
L’analyste prévoit ainsi une augmentation de 1,3 % des ventes des épiceries de Metro ouvertes depuis plus d’un an, comparativement à la hausse de 1,8 % dévoilée par sa rivale Loblaw (Tor., L, 52,40 $), pour la même période.
L’offre accrue de produits frais dans les magasins Food Basics de Metro en Ontario devrait aussi améliorer ses ventes.
Toutefois, la concurrence intense que se livrent les épiciers, en Ontario en particulier, les promotions et la substitution d’aliments par les consommateurs empêcheront encore Metro de profiter de l’effet positif de l’inflation sur ses marges, indique pour sa part Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux.
En d’autres mots, comme ses rivaux, Metro ne refile pas entièrement la hausse de ses coûts d’achat aux consommateurs, afin de protéger ses parts de marché, d’où le recul de ses marges d’exploitation.
Metro doit aussi absorber les hausses décrétées salaire minimum en Ontario et au Québec.
Retour de capital, en attendant plus de croissance ou des acquisitions
Retour de capital, en attendant plus de croissance ou des acquisitions
L’écart entre la chute prévue du bénéfice d’exploitation et la hausse modeste du bénéfice net s’explique par l’élimination de 9 % du nombre de ses actions en circulation, depuis un an.
Pour donner du rendement à ses actionnaires, en l’absence d’acquisitions majeures, Metro a racheté le quart de ses actions, depuis 2007, rappelle Mme Nattel.
L’analyste s’attend à ce que l’épicier maintienne cette stratégie. D’ici 2016, ses rachats réguliers d’actions devraient transformer une hausse annuelle modeste prévue de 3 % de ses bénéfices en une augmentation de 11 % du bénéfice par action.
Mme Nattel hausse son cours-cible de 73 à 77 $, soit 13 fois les bénéfices qu’elle projette pour les 12 mois terminés le 30 juin 2016.
M. Shreedhar est plus prudent et augmente le sien de 70 à 73 $.
Spéculation déçue ?
Jim Durran, de Barclays, continue de se distinguer de ses collègues avec un cours-cible de 60 $, 16 % de moins que le cours actuel. Il n’est pas prêt à payer un multiple aussi élevé pour les bénéfices de Metro, car ils proviennent essentiellement de rachats d’actions.
De plus, il craint que l’action de Metro traîne de la patte derrière celles de Loblaw et Empire /IGA (Tor., EMP.A, 76,31 $) parce que ces rivaux bénéficieront respectivement des synergies de l’intégration de Shoppers Drug Mart/Pharmaprix et de Canada Safeway.
M. Durran attribue une partie du bond de 16 % de l’action de Metro depuis le début de mars à la spéculation que l’épicier pourrait se délester de son bloc d’actions d’Alimentation Couche-Tard (Tor., ATD.B, 29,57 $), maintenant que sa valeur (982 M$) se rapproche de celle (1 milliard de dollars) qu’elle avait en janvier 2013 lorsque Metro a vendu la moitié de ses actions.
Ce scénario est improbable à son avis parce que Metro n’a pas de projet d’acquisition en vue qui remplacerait ou surpasserait la contribution de sa quote-part des bénéfices d’Alimentation Couche-Tard.
Surtout que l’épicier a clairement démontré sa préférence pour les rachats d’actions et les dividendes accrus pour donner du rendement à ses actionnaires, ajoute M. Durran.
Depuis le début de l’année, la hausse de 10 % de l’action de Metro a surpassé celle de 5,1 % d’Empire, mais son titre performe moins bien que celui de Loblaw, qui a grimpé de 23,6 %.
L’évaluation de Metro (un multiple 7,6 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2015) se situe donc entre celle d’Empire (6,4 fois) et de Loblaw (8,2 fois).