La première enseigne de l’optique du Québec et des Maritimes Lunetterie New Look (Tor., BCI, 20,50 $) a pris une grosse bouchée en avalant les 65 magasins Vogue Optical l’an dernier.
La transaction de 73,4 millions de dollars perturbe donc la croissance tranquille de New Look au premier trimestre avec un recul de 35 % du bénéfice à 0,08 $ par action, malgré des ventes en hausse de 57 %.
Dès le prochain trimestre, New Look devrait retrouver en partie sa vitesse de croisière et les synergies de Vogue devraient commencer à se manifester.
Certains coûts tels que l’amortissement et les frais financiers plus élevés perdureront, mais d’autres comme l’octroi d’options aux cadres de Vogue et la variation de la juste valeur de 282 000 $ pour un swap de taux d’intérêt lié au financement bancaire, ne se reproduiront plus, a expliqué Antoine Amiel, vice-président du conseil, en marge de l’assemblée annuelle de Lunetterie New Look.
« Vogue étant déjà bien gérée et très rentable, il ne s’agit pas d’un redressement. Les synergies proviendront graduellement du meilleur pouvoir d’achat et de l’échange de meilleures pratiques », a-t-il précisé.
New Look cherche à augmenter la facture moyenne chez Vogue en moussant l'achat de montures de marque, ainsi que l'achat de plusieurs montures et de lentilles pour différents usages (sport, verres fumés, lunettes de lecture, etc.).
En haussant la proportion des montures haut de gamme et des lentilles évoluées que vend Vogue, les marges devraient s’améliorer. Les montures de marque représentent 20 % du volume de ventes chez Vogue par rapport à une proportion de 50 % chez New Look.
À l’assemblée annuelle, John Bennett, le président du conseil et principal actionnaire de New Look, a tenu à féliciter les dirigeants pour la performance du premier trimestre. La hausse de 0,7 % des ventes des lunetteries ouvertes depuis plus d’un an, semble anémique à première vue, mais c’est un exploit compte tenu du grand froid qui a fait fuir les clients de tous les détaillants.
New Look entend bien continuer à consolider l’industrie de l’optique, autant au Québec qu’à l’extérieur de la province.
« On reçoit des demandes chaque jour, mais elles ne sont pas toutes intéressants pou nous. Il y aura peut-être d’autres annonces d’acquisitions en 2014 », a ajouté M. Bennett, visiblement heureux que de nouveaux investisseurs aient découvert sa société.
L’action de New Look a plus que doublé depuis juin 2013, mais son élan s’essouffle un peu, après avoir atteint un sommet historique de 21,30 $, en avril.
Revenu Canada conteste certains avantages fiscaux
Revenu Canada conteste certains avantages fiscaux
La seule ombre au tableau est la décision de Revenu Canada de réexaminer les avantages fiscaux obtenus lors de l’achat du fabricant d’appareils auditifs Sonomax, en mars 2010, pour ses pertes fiscales reportées.
M. Bennett s’est dit très confiant de la structure légale et du bien-fondé de cette transaction et se dit prêt à faire appel aux tribunaux si nécessaire pour défendre sa position,
Surtout que contrairement à d’autres fiducies de revenu qui se sont converties en sociétés par actions, New Look exploite Sonomax et prévoit offrir ses appareils auditifs dans certaines lunetteries.
Si après un processus administratif d’environ 18 mois, Revenu Canada exigeait que New Look rembourse la portion des avantages fiscaux obtenus qu’elle juge « déraisonnables », la société devrait mettre de côté des provisions d’environ 4,5 millions de dollars, soit environ la moitié de ce qui lui est réclamé.
Et si jamais New Look perdait en cour, il lui faudrait verser un autre 4,5 M$, dans le pire des scénarios, dans deux ou trois ans.
À ce moment-là, la société aura aussi grossi. Une telle facture deviendrait alors plus mineure pour elle, a aussi dit M. Bennett. En 2013, New Look a dégagé un bénéfice de 6,5 millions de dollars.