Twitter (NY, TWTR, 41,85 $ US) voit grand, a-t-on pu constater il y a quelques jours. Pour la première fois depuis son entrée en Bourse, la direction de l'entreprise tenait une journée des investisseurs.
Essentiellement, le plan de match de la direction est le suivant. Sur un horizon de cinq à huit ans, elle croit pouvoir faire passer les revenus de 1,3 à environ 11 milliards de dollars américains. C'est une croissance annuelle qui, dans le pire des cas, sera de 35 % et, dans le meilleur, de 62 %.
Comment la société de San Francisco y parviendra-t-elle ?
Les dirigeants pensent pouvoir quadrupler la proportion d'annonces par pièce de contenu en la faisant passer de 1,3 % à 5 %, ce qui positionnerait le microsite au même niveau que Facebook. Grâce à des innovations technologiques et de nouvelles possibilités, elle veut aussi doubler sa base moyenne d'usagers par mois et la faire grimper de 284 à 560 millions.
Il y a quelques autres initiatives, plus secondaires, comme celle visant à monétiser les 500 millions de visiteurs non inscrits du site en stimulant leur engagement.
S'agit-il d'objectifs réalistes ? Voici ce qu'en pensent quelques maisons.
Sterne Agee : des aspirations plutôt qu'un aperçu
Arvind Bathia pense que les investisseurs peuvent désormais mieux apprécier à quel point Twitter est beaucoup plus étendue que ce que laisse entrevoir le nombre de ses abonnés. Il juge cependant qu'il n'y a pas suffisamment de clarté sur la façon dont l'entreprise pourra monétiser les 500 millions de non-abonnés.
L'analyste considère également que les objectifs de la direction constituent davantage des aspirations que des aperçus. Il n'est pas convaincu que le sentiment des investisseurs évoluera à court terme.
Il maintient une recommandation «neutre» et n'accole aucune cible.
Deutsche Bank : une question de «quand» plutôt que de «si»
Ross Sandler estime que l'exposé de la direction a permis d'évacuer une bonne partie de la confusion autour des activités de l'entreprise et de son potentiel.
Il indique que, même si tous souhaiteraient voir la courbe d'usagers afficher une croissance de style «bâton de hockey», ce ne sera pas le cas. M. Sandler voit néanmoins une croissance évidente se dessiner du côté de la plateforme mobile et précise que l'atteinte du milliard d'usagers est davantage une question de «quand» que de «si».
Côté évaluation, l'analyste reconnaît qu'à 12,8 fois la prévision des revenus en 2015, le titre peut sembler cher comparativement aux titres équivalents. Il précise cependant que l'entreprise n'a actuellement que le cinquième de l'affichage publicitaire de son plus proche concurrent, ce qui laisse entrevoir un fort potentiel d'appréciation.
Une recommandation d'achat est maintenue, avec une cible à 60 $ US.
Cantor Fitzgerald : il faudra du temps, mais le potentiel y est
Youssef Squali dit être sorti de la rencontre impressionné, à la fois par la profondeur et l'étendue de la discussion. Il estime que la direction a bien précisé les objectifs à moyen et à long terme, et qu'elle a formulé une stratégie mieux définie.
M. Squali est d'avis qu'il faudra attendre quelques trimestres avant que la croissance ne s'accélère par rapport aux repères ciblés, mais Twitter reste à ses yeux l'une des plus attrayantes plateformes médias dans le numérique.
Il maintient une recommandation d'achat et un cours cible de 58 $ US.
Pivotal Research : les objectifs semblent trop importants
Brian Wieser dit lui aussi être sorti de la rencontre avec une impression positive. Il croit cependant que Twitter s'adresse davantage à un marché de niche.
L'analyste écrit que ses prévisions de revenus de 6,6 G$ US pour 2019 (Twitter croit qu'elle se rendra à 11 G$ US à ce moment) demandent déjà un acte de foi important. Si cette cible est atteinte, la société sera déjà devenue l'une des plus grandes entreprises publicitaires du monde. Une construction qui ne sera pas facile dans un contexte concurrentiel qui s'accentuera, notamment en raison du développement de Facebook et de Google.
M. Wieser maintient une recommandation «conserver». Il établit une cible de 42 $ US.
Barclays Capital se montre optimiste à long terme
Paul Vogel croit que la direction a fait un très bon travail de mise en valeur des retombées d'annoncer sur Twitter. Elle a aussi présenté sa vision pour remédier à la faible croissance de son nombre d'abonnés.
Bien qu'il soit optimiste, l'analyste pense qu'il y aura du scepticisme à l'égard de la capacité de l'entreprise à faire croître le nombre d'usagers mensuels significativement.
L'analyste recommande de surpondérer le titre et établit une cible à 60 $ US.