Avec un S&P/TSX, un baril de pétrole et un huard presque en chute libre, les investisseurs redécouvrent les vertus des industries plus stables et apprécient plus que jamais leur bonne gestion de capital.
Les bénéfices et les flux de trésorerie plus prévisibles des pharmaciens, des épiciers et de certains détaillants performants leur donnent en effet à ceux-ci les moyens de redistribuer leur capital aux actionnaires sous forme de dividendes croissants et de rachats d'actions.
Ce rendement est rassurant face à la chute spectaculaire de 20 % du prix du pétrole de la mer du Nord (Brent) depuis juin, à la baisse de 10 % du S&P/TSX depuis le 3 septembre et à celle de 5,4 % du huard par rapport au dollar américain depuis le début de 2014.
En se réfugiant dans les titres de Dollarama (Tor., DOL, 96,14 $) et de Groupe Jean Coutu (Tor., PJC.A, 24,99 $), par exemple, les investisseurs font toutefois grimper leur évaluation à un niveau qui rendra de futurs gains plus difficiles à obtenir.
Ces deux titres ont atteint des sommets historiques au début d'octobre.
Alimentation Couche-Tard (Tor., ATD.B, 35,49 $) a bondi de 33 % depuis le début de l'année et vaut 18,7 fois le bénéfice prévu en avril 2015.
L'épicier Loblaw (Tor., L, 55,06 $) a aussi atteint un sommet historique le 19 septembre et s'est apprécié de 30 % depuis le début de l'année, ce qui porte son ratio à 19 fois le bénéfice prévu en 2014.
Sa rivale Metro (Tor., MRU.A, 74,99 $), qui a également un sommet historique, a néanmoins l'allure d'une aubaine. Son action se négocie à un ratio plus modeste de 13,5 fois le bénéfice prévu en 2015.
Même le détaillant presque centenaire Canadian Tire (Tor., CTC.A, 120,92 $) a atteint une marque historique le 10 octobre, après avoir annoncé qu'il doublait à 400 millions de dollars la taille du rachat d'actions prévu d'ici la fin de 2015.Jean Coutu : le plus cher en Amérique du Nord
Ainsi, l'action de Groupe Jean Coutu a dépassé le cours cible de plusieurs analystes qui peinent à justifier une évaluation supérieure pour la société, qui se négocie déjà à un multiple de 20,4 fois le bénéfice prévu en février 2015.
«Jean Coutu est le pharmacien le plus chèrement évalué en Amérique du Nord. Son bilan sans dette, ses flux de trésorerie et ses rachats d'actions devraient néanmoins soutenir son titre», note Patricia Baker, de Banque Scotia.
Grâce à deux sources solides de flux de trésorerie, ses franchises et son fabricant de médicaments génériques Pro Doc, le pharmacien mérite l'évaluation accordée aux bons franchiseurs de restaurants, tels que Tim Hortons, fait valoir Keith Howlett, de Desjardins Marché des capitaux.
Même en haussant son ratio d'évaluation à 13 fois le bénéfice d'exploitation et son cours cible de 22 à 26 $, le gain potentiel ne justifie pas l'achat du titre du pharmacien, dit-il.Dollarama : un gain de 15 % qui mise sur... 2017
Neil Linsdell, de Valeurs mobilières Industrielle-Alliance, se projette en 2017 pour augmenter de 97 à 109 $ son cours cible pour Dollarama. Ce nouvel objectif représente un multiple de 20 fois le bénéfice de 5,95 $ par action prévu en 2017, soit 38 % de plus que celui de 4,30 $ prévu en 2015.
Dollarama croît plus rapidement et dégage de meilleurs rendements que tous ses semblables en Bourse, justifie-t-il.
«Ses flux de trésorerie annuels de plus de 200 M $, ou de 3 $ par action, appuieront le rachat actif de ses actions et de meilleurs dividendes», dit-il.
La capacité de ces sociétés de générer de bons rendements financiers n'est pas remise en question. Leur généreuse évaluation pourrait toutefois devenir un obstacle à d'autres gains.