Si nos experts tablent sur une poursuite de la croissance de l'économie mondiale en 2015, aucun d'entre eux n'est prophète. Divers chocs géopolitiques ou certains dérapages de nature financière pourraient bien venir chambarder leurs belles prévisions.À lire aussi:
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L'Europe d'abord. «Il y a le risque que la politique monétaire [de la Banque centrale européenne] n'ait aucun effet», dit Martin Roberge, de Canaccord Genuity. Malgré les baisses de taux d'intérêt depuis la crise de 2008-2009, plusieurs pays européens continuent de stagner, l'inflation est très faible, et même le bateau amiral, l'Allemagne, montre des signes de faiblesse. «Un retour en récession de l'Europe, avec de la déflation, n'est pas à écarter», note Luc Vallée, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne.
La Chine aussi constitue un risque, ajoute-t-il. Non seulement sa croissance a ralenti (de 12 % il y a quelques années, on peine à dépasser les 7 % actuellement), mais aussi, elle est aux prises avec une très faible inflation, tandis que le secteur immobilier affiche des surplus. «La consommation non discrétionnaire, qui augmentait de 18 % au début de 2012, n'est en hausse que de 3 % maintenant», signale-t-il.
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La chute des prix du pétrole, si elle est bénéfique pour les pays consommateurs, pourrait avoir des effets délétères sur le «tissu social» de pays producteurs, craint de son côté Stéfane Marion, de la Banque Nationale. Il pense qu'on pourrait assister à des dérapages si l'instabilité sociale se développe dans des pays comme le Venezuela, le Nigeria, et même l'Iran ou la Russie.
D'ailleurs, à propos de la Russie, la plupart de nos experts ont identifié l'Ukraine parmi les risques géopolitiques. Les tensions dans cette région pourraient dégénérer en un conflit plus intense, aux portes de l'Europe. «[Le président russe Vladimir] Poutine n'a pas d'échéancier électoral», souligne Clément Gignac, d'Industrielle Alliance.
Dans la colonne des risques de ce dernier, il y a aussi la question des salaires. «À ce jour, l'amélioration de la bonne santé économique est allée dans les poches des actionnaires des sociétés et des dirigeants, avec leurs options sur actions et leurs bonis. Les travailleurs n'en ont pas profité.» M. Gignac pense que les salaires pourraient commencer à croître, notamment en raison des pénuries de main-d'oeuvre dans plusieurs secteurs. «Est-ce que ça se fera au détriment des bénéfices ? Ce ne serait pas bon pour la Bourse. Si les entreprises décident plutôt de hausser leurs prix, on pourrait assister à une augmentation plus rapide des taux d'intérêt. Et là, ce ne sera pas bon pour le marché obligataire», conclut-il.
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