Le nouveau président de Mines Richmont (Tor., RIC, 4,36 $), Renaud Adams, vient rarement à Montréal. Quand il est entré en poste, en novembre dernier, le bureau d'entreprise de la minière québécoise a été déménagé à Toronto.
Car dorénavant, c'est de l'Ontario que viendra l'essentiel de la croissance interne de Richmont, et non plus de ses activités abitibiennes démarrées en 1981.
Le 21 janvier, profitant d'une ouverture des marchés concernant l'or, la minière a annoncé le plus important financement de son histoire : une prise ferme de plus de 34 millions de dollars, dirigée par Macquarie Canada.
L'argent servira à financer le développement en accéléré de son projet Island Gold Deep, situé sous l'actuelle mine Island Gold, à Dubreuilville, dans le nord-est de l'Ontario.
«Island Gold sera notre vaisseau amiral», promet M. Adams, lors de sa première entrevue accordée à un média québécois à titre de président et chef de la direction de Richmont.
Le développement accéléré de rampes et les 120 000 mètres de nouveaux forages permettront d'améliorer la fiabilité de la ressource présumée et même de l'augmenter, précise M. Adams. Un budget de 27 M$ a été dégagé pour ces activités, qui devraient permettre d'approfondir les résultats d'une campagne de forage démarrée à l'automne. Celle-ci a confirmé que la minéralisation s'étend sous les 1 200 mètres, tandis que la teneur dépasse les 19,7 grammes par tonne (g/t) à certains endroits.
Au 31 décembre 2013, le calcul des ressources de ce projet s'élevait à 955 000 onces d'or à une teneur de 9,29 g/t en ressources présumées, en plus de 169 000 onces d'or en ressources indiquées à une teneur de 11,52 g/t. Les travaux de 2015 pourraient aboutir à la publication d'une étude économique préliminaire. «Nous voulons accéder aux nouvelles zones et optimiser la croissance», résume M. Adams. Ingénieur diplômé de l'Université Laval, Renaud Adams s'y connaît en optimisation. Il a démarré sa carrière chez Cambior, voilà près de 20 ans. Il dit avoir réussi à transformer deux projets en vaisseaux amiraux, grâce à une augmentation de la production et à la réduction des coûts : le projet Rosebel d'Iamgold au Suriname et le projet Sandimas de Primero Gold au Mexique.
Le titre a plus que triplé en 2014
Les investisseurs croient au potentiel du projet ontarien. «Le développement d'Island Gold représente un jalon essentiel pour la minière», écrit Kevin Chiew, analyste chez Marchés mondiaux CIBC, dans une note publiée le 15 janvier ; il y fixe un cours cible de 5,50 $ pour le titre de Richmont. Le 21 janvier, le prix de l'émission d'actions a été fixé à 4 $.
En 2014, le titre de Richmont a plus que triplé en Bourse. À titre comparatif, l'indice S&P/TSX des matériaux a reculé de 4,5 %.
La même année, la production d'or a dépassé les prévisions du marché : la minière a produit un total de 95 208 onces, tandis qu'on en attendait de 85 000 à 90 000. Pour les neuf premiers mois de 2014, la mine a affiché un flux monétaire positif. Elle détient présentement une encaisse de 35 M$.
Ce qu'il faut aussi savoir, c'est que la baisse du dollar canadien a enrichi la minière. Récemment, Richmont a obtenu 1 550 $ CA pour ses onces d'or. En 2015, elle prévoit des coûts totaux variant de 1 335 $ à 1 490 $ CA l'once. Elle s'attend à produire de 78 000 à 88 000 onces d'or.
Ce sera la première année où la production ontarienne dépassera la production québécoise : Island Gold devrait livrer 45 000 à 50 000 onces, tandis que le reste proviendra des mines Beaufor et Monique, situées au Québec. Toutefois, cette dernière est à la fin de sa durée de vie et la fosse devrait être fermée bientôt.
4: Les quatre analystes recensés par Bloomberg qui suivent le titre de Mines Richmont en recommandent l’achat. Leur cours cible moyen s’établit à 5,01 $. Source : Bloomberg