Huit ans après son entrée en Bourse, le chef de file des traitements de fertilité Groupe Opmedic (Tor., OMG, 2,90 $) affirme ne plus avoir besoin des capitaux de la Bourse.
« En 2005, nous avions besoin de capitaux pour prendre de l’expansion en endoscopie et en chirurgie. Aujourd’hui, les taux d’intérêt sont faibles et nous avons suffisamment d’encaisse et de flux de trésorerie pour réaliser nos projets », explique en entrevue Jean-Marc Lachance, chef de la direction financière du Groupe Opmedic.
Opmedic vient notamment d’acquérir la seule clinique privée de fertilité de la province du Manitoba pour 2 millions de dollars (M$), avec ses propres fonds.
La société a conclu le dernier trimestre, avec des liquidités nettes de 7,7 M$.
Après le boum de la demande des traitements de fertilité que le gouvernement du Québec subventionne depuis 2010, la demande se modère, reconnaît M. Lachance.
En même temps, dans la grande région de Montréal, les cliniques de fertilité Procrea d’Opmedic font concurrence à plus d’acteurs, que ce soit le CHUM, l’Hôpital Saint-Justine ou encore d’autres cliniques privées de fertilité.
« La tarte grossit moins vite qu’avant et elle se divise entre un plus grand nombre d’acteurs », indique aussi M. Lachance.
Pour s’adapter, Opmedic réduit ses dépenses, dont celles de 500 000 $ par année que la société consacre à son maintien comme entreprise en Bourse : frais légaux, de vérification, de communications, etc.
Ces dépenses représentent après tout 17 % des bénéfices de 2,9 M$ réalisés en 2012.
En juin, Opmedic a aussi vendu le terrain et l’immeuble de son complexe médical de la Rive-Sud, pour 1,3 M$.
Les profits ont attiré l'attention de Québec et des concurrents
Les profits ont attiré l'attention de Québec et des concurrents
« Avec la concurrence dans la fertilité et la croissance moins rapide que prévu en endoscopie et chirurgie, la société diminue ses ambitions. Je pense que ça leur a nui de dévoiler leurs résultats, car le gouvernement et les hôpitaux ont vu à quel point Procrea était rentable en 2011», rappelle Stephen Takacsy, gestionnaire de Lester Asset Management.
Au début de 2012, le gouvernement a réduit de 34 % la portion technique des frais payables à la clinique par le médecin traitant, de 6 875 à 4 600 $ par cycle standard de fécondation in vitro, entraînant une chute de l’action d’Opmedic de 4,15 à 3,15 $.
« Leurs plans de croissance ont changé. Les médecins se sont sûrement demandés s’il valait encore la peine de rester en Bourse », évoque M. Tackasy.
Québec pourrait encore réduire le taux de remboursement
La société s’attend aussi à ce que le gouvernement du Québec modifie le remboursement des traitements de fertilité.
« Ça ne peut pas être pour le mieux dans les circonstances financières du gouvernement », admet M. Lachance.
Cette possibilité n’est pas la motivation pour fermer le capital d’Opmedic. « Privatiser est avant tout une décision d’affaires », assure-t-il.
Redevenir une entité privée pourrait aussi faciliter le recrutement de médecins. « Les médecins sont attachés à leur propre spécialité et ils veulent surtout participer financière au développement de leur propre clinique et pas nécessairement être actionnaire d’un groupe diversifié ».
Offre juste, mais bien loin du sommet de 5,19 $ de 2011
Offre juste, mais bien loin du sommet de 5,19 $ de 2011
Un seul analyste s’est prononcé sur l’offre de 2,90 $ par action des trois fondateurs d’Opmedic. Même si Opmedic pourrait encore s’apprécier en Bourse en consolidant le secteur de la fertilité et en bénéficiant de la croissance de ses cliniques en Ontario, le prix offert est juste et la transaction est dans le meilleur intérêt des actionnaires qui devraient déposer leurs actions, fait valoir Steve Li, analyste de Valeurs mobilières Industrielle-Alliance.
L’offre de 2,90 $ représente une prime de 20,3 % par rapport au cours moyen des 20 dernières séances, avant l’offre.
Ce prix est toutefois bien loin du sommet de 5,19 $ atteint en juillet 2011, soit un an après l’entrée en vigueur du programme de services de procréation assistés gratuits décrété par le gouvernement du Québec. La rentabilité d’Opmedic était alors à son meilleur.
Trois actionnaires institutionnels détiennent la majorité des actions en circulation libre.
Parmi eux, seul Stephen Takacsy, qui a 2,3 % des actions d’Opmedic, confirme qu’il déposera ses actions
« Avec les sociétés de petite taille comme Opmedic, il n’est pas toujours facile de vendre. L’offre nous en donne l’occasion », dit-il.
L’offre se situe dans la fourchette d’évaluation de 2,70 à 3,10 $ que lui attribue TD. Cela représente un multiple d’environ 15 fois les bénéfices et de 7,5 à 8 fois le bénéfice d’exploitation.
« C’est raisonnable. On a payé 2 $ pour nos actions pour un rendement de 45 %, plus les dividendes d’environ 4 % par an depuis 2009 », précise M. Takacsy.
Les gestionnaires de portefeuille Christian Cyr, de Fiera Capital et Christian Godin, de Montrusco Bolton, préfèrent tous deux attendre l’évaluation indépendante de Valeurs mobilières TD, attendue la semaine prochaine, avant de se prononcer.
Montrusco Bolton cumule environ 14 % des actions ; Fiera moins de 10 %.
« On va voir sur quoi TD se base pour évaluer Opmedic avant d’établir si le prix offert est bon », a indiqué M. Cyr.
Opmedic enverra sous peu à ses actionnaires une circulaire pour la tenue de son assemblée extraordinaire prévue le 1er novembre.
Opmedic est entre en Bourse le 22 décembre 2005, à un cours de 1,90 $, dans une émission de 7,4 M$.
En novembre 2009, la société a émis un million d’actions à 2 $ chacune. Les trois médecins fondateurs avaient alors vendu 1,9 M$ de leurs actions séparément, même prix.