Le spécialiste des tests et des mesures dans l'industrie mondiale des télécommunications Exfo (Tor., EXF) ratera la cible des prévisions en 2013 et mieux vaut vendre son titre, avant que les investisseurs ne le réalisent.
Telle est la recommandation crue de Robin Manson-Hing, de Marchés mondiaux CIBC, publiée la veille des résultats du premier trimestre de la société de Québec. Le rapport a eu un certain impact puisque qu'à 15h00 mardi, l'action d'exfo perdrait presque 5 %, à 5,30 $.
Son cours-cible : 4 $, soit 28 % de moins que le cours actuel d’Exfo. Ce cours-cible équivaut à 14 fois les bénéfices de 0,20 $ US que l’analyste prédit en 2014, plus l’encaisse de 1,08 $ par action.
L’analyste estime que la société connait des problèmes de croissance à court et à long terme.
Exfo dévoilera ses résultats à 16h00 mercredi le 9 janvier et tiendra un appel-conférence à 17h00.
Rebond injustifié
Rebond injustifié
M. Manson-Hing estime que le rebond de 25 % de l’action d’Exfo depuis l’annonce d’une hausse de 3 milliards de dollars américains des budgets de dépenses en capital de l’Américaine AT&T, le 7 novembre, est injustifié.
« Les investisseurs ont extrapolé les prévisions d’AT&T à toute l’industrie. Or, Exfo ne bénéficiera pas tant des dollars dépensés », écrit-il, dans un rapport.
Les dépenses totales prévues des fournisseurs filaires et sans-fil seront essentiellement inchangées, prédit M. Manson-Hing.
La nature des dépenses d’AT&T touche davantage l’entretien et requerra peu d’achat de nouveaux équipements, fait-il valoir.
Exfo ne profitera pas autant que les autres fournisseurs de tests des dépenses des réseaux sans-fil dans la technologie LTE (Long Term Evolution) puisque la société sert surtout les fournisseurs filaires.
De plus, dans son marché le plus rentable, soit le prolongement des réseaux de fibre jusqu’aux résidences individuelles, les dépenses se limiteront à certains marchés.
La mise à niveau des réseaux de 40G et 100G pour amener la fibre aux tours de transmission tirera aussi à sa fin après l’achèvement des projets de Verizon.
« L’absence de croissance rentable dans le marché sans-fil est un défi structurel à court et à long terme pour Exfo », avance M. Manson-Hing.
Sa filiale finlandaise toujours déficitaire
Sa filiale finlandaise toujours déficitaire
L’analyste estime que sa filiale finlandaise NetHawk est structurellement déficitaire, si l’on se fie aux revenus réalisés avant son acquisition en 2010 par Exfo et au déclin du marché européen depuis.
Enfin, les clients-clés d’Exfo, Verizon et AT&T notamment, dépenseront moins dans leur réseau filaire à l’avenir.
En un mot, les prévisions de bénéfices pour les deux prochaines années (0,23 $ US en 2012 et 0,38 $ US en 2014) sont trop élevées.
M. Manson-Hing juge que ses collègues sont trop optimistes et qu'ils ont tort de prévoir un rebond des bénéfices, après la rationalisation interne de 2012.
Des raisons pour redevenir plus optimiste
Qu’est-ce qui pourrait inciter M. Manson-Hing à changer son fusil d’épaule ?
Pour atteindre objectif d’une marge d’exploitation de 13 % d’ici trois ans, Exfo devra réduire ses coûts d’exploitation de 20 millions de dollars en plus du plan actuel.
Des pertes moins lourdes chez NetHawk redonneraient aussi confiance à M. Manson-Hing dans le potentiel d’un rebond des bénéfices.
L’analyste aimerait aussi voir plus de dépenses de la part des fournisseurs de télécommunications dans leur réseau filaire, ainsi que des prix plus élevés pour le service de triple forfait.
« Si par exemple Netflix augmentait le nombre de ses abonnés à un rythme de 25 par trimestre, cela convaincrait Verizon d’accroître la capacité et l’étendue de son service FiOS. "
L’achat d’un fournisseur d’équipements de tests pour profiter de la croissance émergente de l’infrastructure des réseaux de quatrième génération (LTE) à micro-ondes ou encore l’acquisition d’une entreprise qui ajouterait immédiatement 10 millions de dollars au bénéfice d’exploitation d’Exfo rendrait aussi M. Manson-Hing plus confiant.
« Exfo devra probablement payer une prime pour un tel achat, mais ça apparaît nécessaire pour mieux capturer l’installation accrue des’équipements sans-fil qui améliorent la vitesse du service internet des réseaux filaires », écrit-il.
Des ventes successivement à la hausse à chaque trimestre, un ratio nouvelles commandes/ facturation plus constant et des gains de parts de marché plus visibles, inciteraient aussi l’analyste à changer d’opinion sur Exfo.