ANALYSE. Les élections québécoises n'ont pratiquement aucune incidence sur la valeur des titres obligataires québécois. Une analyse des écarts de taux observés pendant les quatre campagnes électorales depuis 2003 révèle que pour les négociants en obligations, une campagne électorale est, au pire, un bruit de fond. Et ce, même lorsque la question référendaire s'immisce dans le débat.
L'importance que chacun accorde ces jours-ci à la situation québécoise n'émeut pas les marchés. C'est du moins ce qu'on peut conclure d'une analyse sommaire des écarts de valeurs entre la dette québécoise et ontarienne pendant les trois dernières campagnes électorales québécoises de 2003, 2007 et 2008, et ceux observés au cours de l'actuelle campagne.
En comparant les écarts entre les titres Québec 2029 et Ontario 2029, on remarque que pendant une campagne électorale, les fluctuations sont négligeables. Ainsi, pour les campagnes 2007 (1,79 point de base), 2008 (2,3 pdb) et 2012 (2,1 pdb), les fluctuations observées sont négligeables.
Pour les périodes correspondantes des années précédentes à celles obsevées, les résultats sont plus dramatiques: le mois d'août 2011 a vu des écarts de 7 pdb par rapport à aujourd'hui ; en 2007, la fluctuation est de 2,37 ; en 2006 de 1,85 pdb; et en 2002, de 1,3 pdb.
De là conclure que les élections québécoises n'émeuvent que les Québécois, il n'y a qu'un pas.
Le marché obligataire
Comme la crise européenne l'a amplement démontré, les taux d'emprunt d'un État sont particulièrement sensibles à l'humeur des investisseurs.
Pour évaluer l'impact de la situation politique sur les acquisitions québécoises, nous avons donc simplement sélectionné QC 2029, avec un coupon de 6%, et Ontario 2029, avec un coupon de 6.5%. Les graphiques générés à l'aide des outils de Bloomberg sont disponibles ici. La liquidité et la durée de ces titres en font de bonnes variables pour les besoins de notre analyse.
Nous avons observé les fluctuations sur une période de 35 jours --la durée d'une campagne-- pour chaque année électorale pour ensuite comparer nos résultats avec ceux de la même période l'année précédente.
Nous avons enfin fait valider notre interprétation par deux négociants obligataires, qui ont cependant requis l'anonymat. Il s'agit de deux négociateurs seniors des pupitres obligataires d'un courtier bancaire et d'un courtier indépendant.
La seule fluctuation vraiment significative que nous avons observée a eu lieu lors de l'élection d'un gouvernement majoritaire libéral en 2003. À l'évidence, les investisseurs s'attendaient à tout sauf à cela. Les écarts ont fluctué de 4,91 points de base, ce qui laisse penser que les marchés ont réagi relativement positivement en un court laps de temps.
Pour la même période de l'année précédente, soit de la mi-mars à la mi-avril 2002, les écarts n'ont bougé que de 1 pdb environ.
Dans l'immédiat, les marchés semblent anticiper l'élection d'un gouvernement péquiste minoritaire, ce qui rassure quant à la stabilité du Québec dans un proche avenir.