Pas facile de battre un marché boursier qui a le vent dans les voiles. Un an après notre précédente table ronde, moins de la moitié des titres choisis par nos experts invités ont mieux performé que le S&P/TSX. Globalement, les 12 choix de nos experts ont affiché un rendement de 10,2 %, par rapport à 17,9 % pour le S&P/TSX et à 16,7 % pour le S&P 500.
Christine Décarie
Québecor : 17,5 %
Héroux-Devtek : 26,1 %
Atrium : 34,0 %
Total : 25,9 %
La sélection de Christine Décarie lors de la table ronde d'août 2013 est la seule à dépasser les indices boursiers depuis un an. La vice-présidente du Groupe Investors affiche un rendement moyen de 25,9 % pour ses trois choix.
Malgré le bon rendement de Québecor (Tor., QBR.B, 27,49 $), Mme Décarie a eu quelques doutes en cours de route. Le départ du pdg Robert Dépatie et l'ambition de faire de la filiale Vidéotron la quatrième société de télécommunication canadienne l'ont incité à tempérer sa recommandation lors des suivis précédents. «Je suis maintenant rassurée, dit-elle. Je crois que Québecor souhaite d'obtenir les conditions gagnantes avant de se lancer. Je ne pense pas qu'ils seront trop téméraires.» L'action a gagné 17,5 %.
Depuis qu'elle a recommandé l'action d'Héroux- Devtek (Tor., HRX, 11,01 $), l'entreprise de Longueuil a acheté APPH, dont les marges sont plus élevées que celles de son acheteur, et a signé plus d'une entente avec Boeing. Il y a beaucoup de bénéfice à venir de certains contrats qui ne sont pas encore générateurs de revenus, juge la gestionnaire qui gère un fonds de sociétés québécoises. Les ventes du côté du secteur de la défense montrent des signes de faiblesse, alors que les gouvernements réduisent leurs dépenses militaires. Cela était attendu. Qui sait : la situation en Ukraine et en Irak pourrait amener de lucratives surprises pour cette division, dit Mme Décarie. Le titre a gagné 26,1 % en un an.
Le fabricant de suppléments alimentaires Atrium Innovations a terminé sa course avant la fin de parcours. L'achat de l'entreprise de Québec à 24 $ par le fonds d'investissement européen Permira a procuré un rendement de 34 %.
Jean-Paul Giacometti
CST Brands : 0,75 %
Starz : 19,1 %
National Presto : 1,8 %
Total : 7,2 %
Jean-Paul Giacometti, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Claret, remet en question l'optimisme qu'il affichait à l'égard de l'égard de National Presto (NY, NPK, 65,79 $ US il y a un an. Par contre, il continue de croire au potentiel de CST Brands (NY, CST, 35,20 $ US) et de Starz (Nasdaq, STRZA, 30,39 $ US). Le rendement moyen des trois titres s'établit à 7,2 % sur un an.
M. Giacometti conserve l'action de National Presto, mais n'achètera plus de parts dans l'immédiat. La société familiale, présente dans les articles de cuisine et l'équipement d'entraînement militaire, éprouve des difficultés avec sa troisième division : celle des couches pour adultes. La surcapacité de ses usines lui coûte cher. Le portefeuilliste avait recommandé l'action de National Presto en raison de son dividende élevé (dividende annuel fixe de 1 $ US ainsi qu'un autre équivalant à 75 % du bénéfice).
Pour sa part, le propriétaire américain de chaînes spécialisées Starz est toujours sous-évalué. Le titre s'échange à 12 fois le bénéfice des 12 prochains mois, par rapport à 20 fois pour les autres titres du secteur. «Je ne veux pas nécessairement qu'il se rende à 20 fois, car je trouve que les autres sont chers, mais il a le potentiel de continuer de s'apprécier. La société est en mesure de faire croître ses bénéfices de 15 % par année», dit M. Giacometti.
Enfin, le gestionnaire de portefeuille reste patient avec CST Brands, l'ancienne chaîne de dépanneurs de Valero Energy. Maintenant qu'il est une entité distincte, l'exploitant de chaîne de dépanneurs sera plus à même d'améliorer ses marges, qui sont sous la moyenne de l'industrie, affirme Jean-Paul Giacometti.
Luc Girard
Bombardier : - 23,1 %
AT&T : 7,7 %
Apple : 30,4 %
Total : 5,7 %
Luc Girard, gestionnaire de portefeuille de l'équipe Noël-Girard chez Valeurs mobilières Desjardins, affiche un rendement de 5,7 %. La chute de Bombardier (Tor., BBD.B, 3,81 $) a gâché le décollage d'Apple (Nasdaq., AAPL, 101,54 $ US). Il reste optimiste à l'égard de ses trois choix.
Avec un recul de 23 % depuis la table ronde de 2013, l'action de Bombardier a été malmenée, alors que l'incertitude plane sur le développement du CSeries. «La question n'est pas de savoir, "si", mais "quand" le CSeries va décoller», affirme-t-il. Le titre se négocie à presque la valeur de sa division transport, qui vaut entre 3 $ et 3,50 $, ce qui ferait de chaque bonne nouvelle du côté de l'aérospatiale un catalyseur.
Même après son élan de 30 %, Apple a toujours le potentiel d'aller plus haut, estime le gestionnaire de portefeuille. À 13,5 fois le bénéfice prévu en 2015, le titre demeure intéressant lorsqu'on prend en compte la rentabilité d'Apple et son impressionnante encaisse de près de 160 G$ US.
Par ailleurs, depuis notre dernier suivi en mai, la société de télécommunication américaine AT&T (NY, T, 34,51 $ US) a mis la main sur le transmetteur de télévision par satellite DirectTV. L'acquisition procure de nouvelles sources de croissance et ouvre des marchés en Amérique latine, note M. Girard. Avec un dividende de 5,3 % et un ratio de 12,6 fois le bénéfice de 2015, le titre reste attrayant, selon lui. L'action a gagné 7,7 % en un an.
François Rochon
Cabela's : - 6,1 %
IBM : 5,80 %
M&T Bank : 8,1 %
Total : 2,6 %
François Rochon, président et gestionnaire de portefeuille chez Giverny Capital, obtient le plus faible rendement à 2,62 %, après avoir obtenu le meilleur lors de l'édition précédente. Il croit toujours que ses choix ont un très bon potentiel sur cinq ans.
Le titre de Cabela's (NY, CAB, 62,97 $ US) a faibli au cours des derniers mois. Le détaillant américain d'articles de chasse et de pêche pouvait difficilement croître au même rythme qu'en 2013, qui a été une année exceptionnelle pour l'industrie. En effet, les Américains se sont alors rués vers les vendeurs d'armes dans la crainte d'un durcissement de la réglementation sur les armes à feu. Selon M. Rochon, l'épargnant a l'occasion d'investir dans un détaillant «aimé d'une clientèle de niche» et qui veut ouvrir des magasins nécessitant moins de capital. «Je l'ai recommandé pour cinq ans. Cette situation (la baisse du titre) n'est que temporaire», nuance-t-il. Le titre a perdu 6,1 % en un an.
Le scénario est le même qu'il y a un an pour IBM (NY, IBM, 191,16 $ US) qui est «mal aimée» de Wall Street. «Même si l'évaluation ne s'améliore pas, on peut obtenir un rendement de 10 % par année avec le dividende, la croissance interne et les rachats d'actions. Un jour, le marché va se rendre compte qu'un ratio de 10 fois le bénéfice prévu l'an prochain n'a pas de sens», commente M. Rochon.
Enfin, M&T Bank (NY, MTB, 123,80 $ US) est encore sous pression en raison des délais liés à l'acquisition de Hudson City (reportée à la fin de l'année). L'action progresse tout de même de 8,1 %. M. Rochon avait choisi ce titre, car la banque régionale de Buffalo gère son avoir prudemment et accroît sa présence dans les territoires qu'elle sert.