L'année 2013 a été faste pour les québécoises, avec un gain de 27,6 % de l'indice Morningstar Québec. Certaines sociétés n'ont pas profité de cette vague haussière, soit parce que leur industrie est mal en point, soit parce qu'elles ont elles-mêmes besoin d'un coup de barre. Se relèveront-elles en 2014 ? Les espoirs sont permis, mais les attentes sont bien tièdes.
GROUPE CVTECH (TOR., CVT, 0,89 $)
Un plan de redressement imminent
Recul en 2013 - 19,3 %
Deux acquisitions avortées, des pertes et un conflit public entre dirigeants et administrateurs ont fait souffrir les actionnaires du spécialiste de la construction et de l'entretien des lignes de transport d'électricité, en 2013.
«CVTech nous a servi beaucoup de turbulences depuis trois ans. Elle oeuvre dans une bonne industrie. Il n'y a aucune raison pour qu'une entreprise de services ne soit pas rentable», dit Guy Le Blanc, de Cote 100.
Cote 100 détient uniquement le titre de CVTech dans son fonds RÉA. M. Le Blanc considère que les investisseurs ont jeté l'éponge à l'égard du titre, qui se négocie sous sa valeur comptable.
«Nous serions toutefois acheteurs de nouvelles actions seulement si nous percevions des changements majeurs, soit dans les résultats, soit au sein de l'équipe de direction.»
Un carnet de commandes en déclin et un bilan affaibli rendent aussi l'entreprise vulnérable à de nouvelles offres d'acquéreurs étrangers qui veulent s'établir au Québec et nuisent à sa propre capacité de réaliser des acquisitions, estime Pierre Lacroix, de Desjardins Marché des capitaux.
CVTech a refusé les avances d'acquéreurs à deux reprises, dont une offre de 1,95 $ par action.
Malgré cette possibilité, M. Lacroix reste prudent. «Ça risque de prendre quelques trimestres pour prouver qu'ils ont repris le contrôle de leurs opérations», dit-il.
MM. Lacroix et Le Blanc attendent de connaître le détail d'un examen stratégique mené en octobre. Celui-ci inclut la réorganisation de ses activités au Canada et aux États-Unis, la centralisation des services administratifs et la percée de nouveaux créneaux. La mise en oeuvre de ce plan sera dévoilée sous peu. Tel que le réclamaient certains actionnaires, CVTech vient de nommer deux nouveaux administrateurs ayant des compétences dans l'électricité et l'ingénierie. Yves Filion a été cadre chez Hydro-Québec pendant 35 ans. Pierre L. Gauthier est président d'Alstom Canada.
M. Lacroix a réduit son cours cible de 1,50 $ à 1,10 $ à la mi-novembre.
**********
COMINAR (TOR., CUF-U, 18,10 $)
Un retour de la croissance des revenus par propriété attendu
Recul en 2013 - 19,8 %
Cominar pourrait se ressaisir en 2014 si le principal propriétaire immobilier commercial au Québec recommence à afficher une progression de ses revenus par propriété, après deux trimestres de déclin. Cette mesure s'apparente aux ventes comparables des magasins ouverts depuis plus d'un an des détaillants et donne un meilleur portrait des activités courantes, sans l'effet des acquisitions.
«Le moment est venu de livrer des revenus croissants par propriété. Cela pourrait amorcer la récupération de son titre en Bourse», explique Michael Markidis, de Desjardins Marché des capitaux.
Si le fonds de placement immobilier renouvelle comme prévu 75 % de ses baux avec une hausse de 7 à 8 % des loyers en 2013, il devrait y arriver, estime Matt Kornack, de la Financière Banque Nationale. Il veut également voir plus de synergies des acquisitions majeures réalisées en 2012.
«La société a aussi assaini son bilan en prolongeant le terme et en diminuant le coût de sa dette. Le marché ne lui donne pas encore de crédit pour ce refinancement», dit-il.
Comme tous les fonds immobiliers, Cominar doit contrer l'effet boursier de la hausse des taux d'intérêt, dont la conséquence est de freiner l'appétit des investisseurs pour les titres à revenu élevé.
De plus, avec 75 % de ses loyers au Québec, Cominar doit rivaliser pour l'intérêt des investisseurs avec les fonds de l'Ouest canadien, où l'économie se porte mieux qu'au Québec, indique M. Markidis.
Cominar devrait récolter les fruits des investissements importants réalisés pour accueillir les magasins Target à la Place Alexis Nihon à Montréal, au Centre Laval, et à la Place Longueuil.
«La meilleure fréquentation de ces mails attirera des locataires et améliorera le taux d'occupation», prévoit Steve Belisle, gestionnaire de portefeuille pour Investissements Standard Life.
De meilleurs résultats pourraient porter l'action à 20 $ l'an prochain, croit-il. Toutefois, sa hausse sera ensuite ralentie par la conversion de débentures, qui augmentera le nombre d'unités en circulation.
Les fonds récoltés de la conversion pourraient par la suite servir à d'autres acquisitions.
**********
GROUPE COLABOR (TOR., GCL, 5,00 $)
Un refinancement de sa dette améliorerait sa capacité d'acquisition
Recul en 2013 - 35,4 %
La restructuration du principal distributeur alimentaire du Québec donne déjà des résultats en Bourse, avec un rebond de 69 % depuis le creux de juin.
Colabor rationalise ses entrepôts pour devenir plus efficace face à une concurrence qui s'intensifie. Tout cela à un moment où la croissance des ventes d'aliments aux restaurants est anémique.
L'effet des économies annuelles prévues de 5,5 millions de dollars se fait sentir graduellement, indique Leon Aghazarian, de la Financière Banque Nationale.
Le cours cible de 5,25 $ de l'analyste laisse entrevoir peu de gains en 2014.
Le titre de la société de Boucherville pourrait toutefois s'apprécier davantage si elle refinançait sa dette encore élevée.
Colabor aurait alors plus de flexibilité financière pour réaliser d'autres acquisitions, dans une industrie en pleine consolidation, estime l'analyste.
En 2013, Colabor a bénéficié d'un coup de main de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui avait acheté 15 M$ d'actions pour appuyer l'achat du distributeur de viandes T. Lauzon.
(Suite à la page suivante)
REITMANS (TOR., RET.A, 5,72 $)
Une restructuration plus musclée espérée
Recul en 2013 - 52,6 %
Alain Chung, de Claret, espère encore que le détaillant montréalais pourra se repositionner pour attirer les consommatrices de plus en plus sagaces en leur offrant des vêtements de meilleure qualité.
«J'ose croire que la famille Reitman vient de réduire le dividende qu'elle reçoit parce qu'elle prend plus au sérieux la nécessité d'un virage. La concurrence n'a jamais menacé autant le détaillant», dit-il.
Chaque année, l'une de ses enseignes pose problème. Cette année, le style plus urbain des collections de vêtements pour femmes de Smart Set n'a pas été bien accueilli par ses habituées.
Après avoir investi 100 M$ dans son réseau de magasins et dans un nouveau système de gestion des stocks, Reitmans doit impérativement voir à ses dépenses pour améliorer ses marges, d'autant que la baisse du huard augmente le coût de ses achats à l'étranger, ajoute M. Chung.
Tal Woolley, de RBC Marchés des Capitaux, qui avait prédit la réduction de 75 % du dividende, s'attend aussi à ce que Reitmans utilise les économies de 40 M$ pour se revitaliser. «Nous sommes moins pessimistes que d'autres à l'égard de la capacité du détaillant de raviver ses ventes. Toutefois, il faudra l'annonce d'une restructuration plus musclée pour recommander à nouveau l'achat du titre», écrit-il.
Au cours actuel, le risque que le titre chute est mince. La première hausse (de 1,6 %) des ventes des magasins ouverts depuis au moins un an, au cours des trois derniers mois terminés le 2 novembre, est positive. Toutefois, il est prématuré d'y voir un redressement durable des ventes, estime Mark Petrie, de Marchés mondiaux CIBC.
«La marge brute continue sa glissade, qui atteint 4,7 % depuis deux ans. Le titre n'est pas cher, mais le risque que le détaillant ne réussisse pas à se redresser est toujours bien présent», précise l'analyste.
**********
GROUPE BMTC (TOR., GBT.A, 13,07 $)
Une valeur d'aubaine, en attendant la reprise
Recul en 2013 - 11,2 %
L'excellente gestion du capital du détaillant de meubles montre ses limites.
Le propriétaire de Brault & Martineau, d'Ameublements Tanguay et d'EconoMax a beau réinvestir ses flux de trésorerie dans le rachat de ses actions et inonder les ondes de ses promotions, il peut difficilement combattre le fait que les Québécois se serrent la ceinture et encore moins le ralentissement immobilier.
Les financiers qui possèdent des actions les gardent, car elles sont toujours abordables, mais ils ne misent pas sur un rebond en 2014.
«Outre une possible amélioration de l'économie locale, je ne vois rien qui pourrait relever son titre en Bourse», indique Michael Smedley, chef des investissements, chez Morgan Meighen & Associates.
Le rendement du capital du détaillant est exceptionnel, à près de 20 %, mais tant que les Québécois seront aussi endettés, le Groupe BMTC revêt peu d'intérêt pour Pierre-Olivier Langevin, gestionnaire de portefeuille adjoint, chez Medici.
«Les centres de liquidation EconoMax sont un bon moyen d'adapter l'offre aux clients moins dépensiers, mais les revenus baissent quand même. Si ce déclin se poursuit à long terme, la société aura éventuellement moins d'argent à consacrer à ses rachats d'actions», explique-t-il. Dans une industrie difficile, il faut croître ou consolider, et le Groupe BMTC ne fait ni l'un ni l'autre, dit-il. Il laisse ses rivaux Meubles Léon et The Brick ainsi que Maison Corbeil et La Galerie du Meuble unir leurs forces.
(Suite à la page suivante)
DES DÉFIS POUR OSISKO ET RONAOSISKO (TOR., OSK, 4,42 $)
Une meilleure exploitation se bute au recul de l'or
Recul en 2013 :- 45,1 %
Le propriétaire de la mine d'or à ciel ouvert Canadian Malartic, en Abitibi, augmente la cadence du traitement du minerai, extrait davantage d'or de zones à plus forte teneur et réduit ses coûts par once d'or produit. Les analystes espèrent tous que les investisseurs récompenseront ces progrès en rapprochant son évaluation de celle d'autres producteurs d'or de taille intermédiaire, maintenant qu'il a produit sa millionième once d'or. Le producteur reste toutefois l'otage du cours du métal, qui perdra encore plus d'attrait si l'économie continue de gagner en vigueur et si les taux d'intérêt remontent.
**********
BOMBARDIER (TOR., BBD.B, 4,48 $)
Une autre année déterminante pour le CSeries
Gain en 2013 :+ 19,5 %
Les commandes pour le nouvel appareil CSeries de Bombardier entrent dans une phase jugée décisive... pour une quatrième année consécutive. La décision de Bombardier de nommer un nouveau responsable des ventes du CSeries signale qu'une autre approche s'impose, après que l'appareil n'a récolté que 182 commandes fermes. Malgré un bond de 24 % en 2013, son action tourne autour de 4,50 $ depuis maintenant 11 ans. Cela reflète l'incertitude entourant le rendement de cet investissement de 3,49 milliards de dollars. De plus, sa division de wagons de trains et de métro est loin des marges d'exploitation de 8 % promises en 2011.
(Suite à la page suivante)
RONA (TOR., RON, 13,14 $)
Une dure bataille pour des parts de marché
Gain en 2013 :+ 23,2 %
Le titre du quincaillier a beau avoir rebondi de 23 % en 2013, grâce à des économies de 63 M$ résultant de sa rationalisation et un rachat de 7 % des actions, Lowe's et Home Depot continuent à lui ravir des parts de marché. Les trois rivaux multiplient les promotions pour attirer en magasin les clients peu dépensiers, ce qui atténue l'effet du programme de rationalisation qui atteindra à terme 110 M$. Le redressement du détaillant de Boucherville progresse bien, mais son repositionnement n'est pas assez avancé pour attirer de recommandations d'achat. Son cours actuel dépasse le cours cible moyen de 12 $ de neuf analystes.
**********
ORBITE ALUMINAE (TOR., ORT, 0,39 $)
Un projet dont la viabilité reste à prouver
Recul en 2013- 84 %
Avec plusieurs mois de retard, et une chute de 84 % de son action, la société récolte 56 millions de dollars pour construire son usine d'alumine de haute pureté en Gaspésie dans laquelle elle a déjà englouti 75 M$. Malgré de nouveaux dirigeants et administrateurs, et de nouveaux devis, tout reste à prouver, affirme Jonathan Hykawy, de Byron Capital. Le marché des technologies optiques est petit, et les exigences de pureté et de qualité à respecter sont très élevées. L'analyste doute que l'usine de traitement puisse être viable si Orbite ne transforme pas sa propre argile en alumine, ce qui n'est plus dans les plans pour le moment.