Bombardier, qui traverse des turbulences pour développer ses nouveaux modèles d’avions, ne convainc plus la banque JP Morgan. Cette dernière vient de dégrader le transporteur aérien de «neutre» à «sous-performance» et prévoit que la Montréalaise devra émettre de la dette pour se financer.
Le titre de Bombardier connaît une descente aux enfers depuis l’annonce de résultats décevants la semaine dernière. Le groupe rencontre des difficultés opérationnelles dans sa division transport ainsi que dans ses échéanciers pour la production du CSeries.
Vendredi dernier, Pierre Beaudoin, le PDG de Bombardier, a répété que la production du CSeries débuterait lorsque l’entreprise aura accumulé 300 commandes fermes pour son nouvel appareil et qu’il avait bon espoir d’y parvenir. Son carnet de commandes compte actuellement 403 appareils CSeries, dont seulement 177 sont considérés comme des commandes fermes.
Le même flou entoure la date de livraison du premier appareil. Malgré un carnet de commande encore à combler, Pierre Beaudoin a répété que la première livraison était attendue, comme prévu, 12 mois après le vol inaugural, soit en septembre 2014. Plusieurs analystes, dont celui de la Financière Banque Nationale, s’attendent à ce que la première livraison d’appareil soit reportée au premier trimestre de 2015.
Pour sa part, Joseph Nadol, analyste de JP Morgan, a abaissé son estimation de la marge pour la division aéronautique à 3,2% et entrevoit un potentiel de baisse significatiif en 2016.
L’analyste a aussi réduit son estimation de la marge pour la division transport pour tenir compte des chiffres du troisième trimestre. Toutefois, M. Nadol considère que les performances de la division aéronautique sont le facteur clé dictant l’évolution du titre de Bombardier.
Trésorerie sous pression
Trésorerie sous pression
M. Nadol note que les problèmes d’échéanciers du CSeries et des avions d’affaires Learjet 85 mettront les flux de trésorerie de l’entreprise sous pression et que cette dernière n’aura d’autres choix que d’émettre à nouveau de la dette sur les marchés.
Bombardier dispose de 2,6 G$ en trésorerie à la fin du troisième trimestre. M. Nadol anticipe que cette dernière augmentera à 3,5 G$ d’ici la fin de l’année, un niveau supérieur aux 2 G$ nécessaires (1 G$ pour chaque division) à Bombardier pour mener ses affaires.
Toutefois, l’analyste souligne que Bombardier est toujours extrêmement dépensière au cours des trois premiers trimestres de l’année. Par conséquent, il anticipe que la balance du compte de trésorerie de l’entreprise tombera à 1,9 G$ au troisième trimestre 2014.
Si les sorties de fonds au cours des neuf premiers mois de l’année dépassent les 1,4G$ (les sorties étaient de 1,7 G$ pour les trois premiers trimestres de 2013), la probabilité pour que Bombardier soit obligée de se refinancer en émettant de la nouvelle dette sur les marchés est très élevée, estime l’analyste de JP Morgan.
«Même si Bombardier termine 2014 sans ajouter de dette à sa structure de capital, nous anticipons que le maintien de ses dépenses conduiront l’entreprise à s’endetter d'avantage en 2015», écrit Joseph Nadol dans son rapport.
Dorénavant, JP Morgan cible un cours de 5$ à l'horizon décembre 2014. Vendredi dernier, Cameron Doerksen, analyste de la Financière Banque Nationale, avait lui aussi revu à la baisse son évaluation du titre, le faisant passer de «surperformance» à «performance de secteur» et en diminuant sa cible, de 5,50$ à 5,00$.