Tandis que tous les yeux étaient rivés sur le changement de la garde à la haute direction de Bombardier (Tor., BBD.B, 2,62$), sa recapitalisation, la mise en valeur de Bombardier Transport ou encore le fameux CSeries, voilà que la baisse des ventes d’avions d’affaires jette à son tour du sable dans l’engrenage de l'avionneur.
Prévoyant désormais une chute de 30% de la production d’avions d’affaires Global en 2016, Konark Gupta, de Macquarie Valeurs mobilières, réduit son cours-cible pour le titre de 2$ à 1,75$.
«Nous serions des vendeurs de l’action de Bombardier avant que la société ne dévoile ses orientations pour 2016, car celles-ci pourraient réserver de mauvaises surprises», conseille l’analyste.
Des discussions qu’il a eu avec des participants de l’industrie révèlent aussi que les perspectives des avions d’affaires sont plus faibles que les investisseurs ne l’assument, ajoute l’analyste.
Les prix des avions d’affaires baissent en raison d’une guerre de prix entre Bombardier et Gulfstream. Des rabais jusqu’à 40% seraient consentis, au lieu de l’habituel 20 à 25%.
Les propriétaires d’avions d’affaires, achetés au prix fort lors du sommet de 2007-08, les retournent à leur société de financement parce qu’ils ont perdu de la valeur.
Conséquence? Les stocks d’appareils usagés augmentent.
De plus, Gulfstream, Dassault et Embraer lancent de nouveaux appareils dans ce segment.
Le déclin plus prononcé que prévu de la production des avions d’affaires creuse la valeur négative qu’il attribue à Bombardier Aéronautique, de moins 0,55$ à moins 0,94$ par action, malgré les économies de 130 millions de dollars que la société tirera de ses plus récentes mises à pied de 1750.
«La société absorbera moins bien ses coûts fixes en raison des plus faibles volumes de production. La marge avant impôts de la division des jets d’affaires diminuera donc de 7% à 6%, en 2015.
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Si la faiblesse manifestée au premier trimestre pour la division des avions d'affaires se poursuit, les flux de trésorerie déficitaires d’un milliard de dollars prévus pour 2015 pourraient aussi s’aggraver, craint M. Gupta.
Au premier trimestre, les nouvelles commandes représentaient seulement 60% des revenus de la division des avions d’affaires, incluant l’annulation de commandes de 85 Learjet 85.
«Même en assumant un rétablissement optimiste à 100% du ratio qui compare les nouvelles commandes aux revenus en 2015, Bombardier pourrait être contrainte de réduire sa production de 80 appareils à une nouvelle fourchette de 45 à 56 par année», précise l’analyste.
À son avis, les appareils CRJ900 pourraient voir les prochaines coupes de production parce que les livraisons actuelles, les meilleures depuis 2008, dépassent le rythme des nouvelles commandes.
M. Gupta prédit déjà une réduction de 20% des livraisons de cet appareil en 2016.
Au cours actuel, le titre de Bombardier ne reflète pas le risque pour les flux de trésorerie que pose la faiblesse des avions d’affaires, en sus des coûts du CSeries.
Le carnet de commandes se détériore pour tous les appareils en production de Bombardier, à l’exception du biturbopropulseur Q400.
M. Gupta ne recommande plus l’action de Bombardier depuis janvier 2015. Son cours-cible a fondu de 5,25$ à 1,75$, depuis avril 2014.