BCE (Tor., BCE) allonge 670M$ pour mettre la main sur le distributeur indépendant de produits et services sans fil Glentel (Tor., GLN) et ainsi accélérer sa croissance dans le secteur de la téléphonie mobile.
Selon les termes de l’entente, les actionnaires de Glentel recevront 26,50$ au comptant ou 0,4974 d'une action de BCE pour chaque action ordinaire détenue.
Il s’agit d’une prime de 121% sur le cours moyen des dix dernières séances de négociation du titre de Glentel. Selon la firme d'analyse montréalaise StockPointer, qui s'appuie sur le principe de la valeur économique ajoutée, la juste valeur du titre de la cible de BCE se situait autour de 28,66$. Glentel a plus que doublé son bénéfice d'exploitation au cours des cinq dernières années et affiche un rendement du capital élevé pour un détaillant.
La société acquise par Bell gère 494 points de vente au Canada qui offrent des produits et des services de Bell Mobilité, Chatr, Fido, Rogers Sans-fil, SaskTel et Virgin Mobile.
Au Québec, Glentel exploite les enseignes la Cabine T, Wave Sans fil, Sans fil etc. et possède des kiosques dans les magasins Target.
Au cours des dernières années, Glentel s’est également diversifiée à l’étranger, en achetant des détaillants aux États-Unis, en Australie et aux Philippines. La société de Burnaby, en Colombie-Britannique, exploite en propre ou en franchise 735 points de vente au détail aux États-Unis et 147 en Australie et aux Philippines.
BCE a précisé qu’elle compte maintenir son offre de produits des télécommunicateurs concurrents une fois l’acquisition du réseau de Glentel complétée. En ce qui a trait aux opérations internationales, les décisions seront prises après l'acquisition, a précisé un porte-parole de BCE.
Sur la recommandation unanime du comité spécial composé uniquement de directeurs indépendants, le conseil d'administration de Glentel recommande aux actionnaires de la société de voter en faveur de la transaction.
La clôture de la transaction est prévue pour la fin du premier trimestre de 2015. Des frais de résiliation inversés de 33,6M$ seront payables par Bell à Glentel si la transaction ne peut être close en raison d'objections de la concurrence.
Glentel ne versera pas les dividendes de ses actions jusqu'à la date de clôture. Les actionnaires de la société devraient voter sur cette transaction au début de 2015.
Le titre de Glentel gagne 105% à 26,15$ à l’ouverture des Bourses vendredi.
Ce que quatre analystes en pensent
Ce que quatre analystes en pensent
Dans une note préliminaire, Maher Yaghi, de Desjardins Marché des capitaux, juge que BCE paie le prix fort pour Glentel, soit un multiple de 11 fois le bénéfice d’exploitation du détaillant alors que BCE vaut environ 8 fois le sien.
Toutefois, la transaction reste mineure financièrement pour BCE puisque Glentel équivaudra à moins de 1 % son bénéfice d’exploitation.
Stratégiquement, la transaction est saine puisque le contrôle du réseau de distribution est la clé pour gagner des parts de marché sans-fil.
Bell Canada se positionne pour la vague prévue de renouvellement de contrats sans-fil, maintenant que les contrats ont une durée de deux ans. Un meilleur service directement avec le client en agasin semble être le meilleur moyen, selon elle, de tenter de ravir des parts de marché.
Bell se partage le deuxième rang sans-fil avec Telus. À la fin du troisième trimestre, Telus comptait 8 millions de clients sans-fil, BCE, 7,9 millions et Rogers 9,5 millions.
En 2009, BCE avait payé 135 millions de dollars pour les 750 magasins La Source/Circuit City, doublant à l'époque ses points de vente.
« La transaction est stratégiquement positive puisqu’elle sécurise le réseau au détail de BCE et augmente le nombre de ses points de vente bien situés dans des centres commerciaux bien fréquentés », indique Tim Casey, de BMO Marchés des capitaux.
L’action de BCE a atteint son cours-cible de 53 $.
L’achat de Glentel conférera à BCE un avantage concurrentiel non négligeable, estime Phillip Huang, de Barclays, au moment où la concurrence risque de se corser à nouveau.
« BCE aura un meilleur accès aux clients, obtiendra des économies d’échelle de la part des fournisseurs, et bénéficiera aussi de plus de flexibilité pour établir ses promotions », écrit l’analyste.
En achetant Glentel, BCE pourra aussi gagner des parts de marché dans l’Ouest canadien où les revenus moyens par abonnés sans fil sont les plus élevés au pays. Glentel compte le tiers de ses points de vente dans l’Ouest.
MM" Casey et Huang prévoient tous deux que BCE revende éventuellement les chaînes américaines et australiennes de Glentel. M. Huang leur donne une valeur de 200 à 250 M$.
M. Huang recommande l'achat de BCE parce que la société gagne des parts de marché et que les attentes des investisseurs envers elle sont modestes.
« Son action s’appréciera à mesure que les investisseurs verront que la croissance de son bénéfice d’exploitation continue de s’accélérer, que son service sans-fil croît plus vite que celui de ses rivaux et que les synergies de l’intégration de Bell Aliant seront supérieures aux prévisions », dit-il. Son cours-cible : 55 $.
Une transaction anti-concurrentielle ?
Une transaction anti-concurrentielle ?
Greg MacDonald, de Macquarie Securities, fait bande à part. D'un, il n’est pas certain que la transaction annoncée passera le test du Bureau de la concurrence, car la multiplication des points de vente contrôlés par BCE limitera la capacité des plus petits fournisseurs de concurrencer les acteurs établis.
« Comme avec l’achat de La Source en 2009, qui visait à mettre le grappin sur un réseau de distribution avant le lancement des forfaits par Public Mobile, Mobilicity et Wind, cet achat vise encore une fois à contrôler plus de points de distribution, avant qu’un nouveau fournisseur national ne s’installe », écrit l’analyste.
De deux, M. MacDonald ne recommande pas l’achat de l’action BCE qu’il juge surévaluée par le trop grand appétit des investisseurs pour les dividendes, à un moment où les risques concurrentiels et la pression des autorités réglementaires augmentent. Son cours-cible : 48 $.