Le sidérurgiste ArcelorMittal, en difficulté à cause de l'effondrement de la demande d'acier dans le monde continue de prendre des mesures pour améliorer son bilan. Après avoir annoncé début janvier la cession de 15% de ses mines de fer canadiennes (principalement situées au Québec), pour 1,1 G$ US, elle fait appel aux marchés financiers.
ArcelorMittal a pris à bras le corps son problème d'endettement en annonçant mercredi son intention de lever 3,5 G$ US sur les marchés, en partie via une augmentation de capital, qui intervient après plusieurs cessions réalisées pour dégager des liquidités.
La nouvelle de l'opération a fait reculer son cours en Bourse: l'action perd 2,3 % à 17,12 $ US au moment de mettre en ligne.
Le montant de l'opération est à rapprocher de la valorisation actuelle de l'entreprise de près de 26G$ US.
«Le marché a un peu été pris par surprise avec cette annonce, d'autant que le montant n'est pas négligeable», souligne un vendeur d'actions parisien, rappelant que le groupe a régulièrement besoin de refinancer sa dette.
L'opération s'effectuera par émission d'actions nouvelles et d'obligations à conversion obligatoire en actions dans des proportions qui restent à définir.
Les nouvelles actions seront proposées en priorité aux actionnaires actuels. La famille Mittal, qui contrôle le groupe, s'est pour sa part engagée à souscrire pour 600 M$ US d'actions et d'obligations.
Les obligations que le groupe prévoit d'émettre auront une maturité de 3 ans et seront obligatoirement converties en actions à l'échéance ou en fonction de certaines circonstances prévues dans le prospectus d'émission.
Cette levée de fonds sera entièrement dévolue à la réduction de l'endettement existant, explique ArcelorMittal.
Réduire la dette de 5 milliards
A la fin du troisième trimestre, ArcelorMittal avait publié une dette nette de 23,1 G$ US et fait de la réduction de cette dette sa « priorité », selon Aditya Mittal, le directeur financier du groupe.
Ce dernier s'était fixé comme objectif une dette sous les 22 G$ US à la fin de l'année 2012 « hors ventes d'actifs futures », un objectif réitéré dans sa communication de mercredi, à moins d'un mois de la publication de ses résultats 2012.
Le groupe entend désormais ramener son endettement à 17 G$ US à la fin du premier semestre 2013. Additionnée à ses récentes cessions en numéraire, l'opération de 3,5 milliards annoncée mercredi pourrait suffire à satisfaire cette ambition.
ArcelorMittal doit en effet tirer 1,1G$ US, en deux versements au premier semestre, de la vente de 15% de ses mines de fer canadiennes à un consortium asiatique. Il a également cédé sa participation de 50% dans le groupe minier sud-africain Kalagadi Manganese pour au moins 447 M$ US, en liquidités également.
Il a ainsi, théoriqement, déjà atteint son objectif au 30 juin, d'autant qu'il a annoncé une baisse de 80% de son dividende, qui passe de 1,20 à 0,20 dollar par action.
ArcelorMittal annonce cependant sa volonté d'aller un peu plus loin avec un niveau d'endettement à 15 milliards envisagé à moyen terme.
L'année écoulée a en effet vu les trois principales agences de notation financière abaisser la note de crédit d'ArcelorMittal en catégorie spéculative, rendant beaucoup plus difficile son accès au marché pour se refinancer.
Le groupe fait face à la crise économique mondiale, mais ses difficultés se concentrent en Europe, où il prend de plein fouet l'effondrement des principaux secteurs constituant ses débouchés la construction et l'automobile, sans perspective immédiate de rebond.
Dans un document publié mardi, l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's prévoyait « un affaiblissement supplémentaire de la demande réelle d'acier » en 2013. Fin 2012, le sidérurgiste avait déprécié la valeur de ses actifs européens, reconnaissant ainsi le caractère durable de la crise de l'acier sur le continent.