L'action d'Atrium (Tor., ATB, 16,33 $) a bondi de 7 % depuis l'acquisition, le 4 janvier, de Seroyal International pour 110 millions de dollars américains (M$ US). Malgré le fort prix payé pour ce distributeur ontarien de suppléments nutritionnels, les analystes sont optimistes quant à l'attrait de cette transaction pour l'entreprise québécoise.
Trois d'entre eux ont relevé leurs cours cibles d'une fourchette de 17-21 $ à 19-23 $. Ces objectifs confèrent un potentiel de gain de 16 à 40 % au titre d'Atrium, d'ici un an.
" Le calcul est simple. Seroyal ajoutera environ 0,22 $ US par action au bénéfice d'Atrium. Si on applique un multiple prudent de 10 fois ces bénéfices, cela ajoute 2,20 $ à la valeur d'Atrium ", explique Sebastian Van Berkom, président de Van Berkom et Associés, un actionnaire d'Atrium.
L'achat de Seroyal - ventes de 40 M$ US et des marges d'exploitation de 36 % - contribuera immédiatement aux bénéfices, car Atrium n'émet aucune action pour la financer, indique Jessy Hayem, de TD Newcrest.
Les analystes aiment la complémentarité des produits haut de gamme de Seroyal. En outre, les réseaux de distribution des deux entreprises sont complémentaires : Seroyal génère plus de la moitié de ses ventes auprès des naturopathes au Canada, où Atrium réalise 5 % de ses ventes.
La transaction fera également passer de 40 à 50 % la part des ventes que la société réalise auprès des professionnels de la santé, précise Claude Proulx, de BMO Marchés des capitaux. Ce créneau offre de meilleures marges.
Atrium met aussi la main sur le savoir-faire de Seroyal dans l'organisation de séminaires et webinaires de formation sur l'homéopathie et les produits naturels auprès des naturophathes, dit Nicolas Chevalier, gestionnaire de Pembroke Management, un actionnaire d'Atrium.
Cette technique de mise en marché complétera la vente directe et par catalogue des filiales Douglas et Pure d'Atrium, aux États-Unis. Atrium pourra ainsi mettre en marché les produits Genestra et Pharmax de Seroyal au sud de la frontière.
Des bémols...
De son côté, Hughes Bourgeois, de la Financière Banque Nationale, a retiré Atrium de ses titres favoris, mais en recommande toujours l'achat.
" Maintenant que l'acquisition longuement attendue est conclue, nous ne percevons pas d'autre élément qui propulserait le titre à la hausse à court terme ", dit-il.
En outre, Atrium a prévenu que les bénéfices du quatrième trimestre de 2010 seront inférieurs au bénéfice de 0,41 $ US par action réalisé au même trimestre de 2009, en raison du recul de 8 % de l'euro comparativement au dollar américain.
M. Bourgeois prévoit un bénéfice de 1,92 $ US par action pour 2011, par rapport aux objectifs de 1,87 à 1,96 $ US par action fournis par Atrium.
" L'entreprise doit encore faire la preuve que sa croissance sera régulière et durable. Ses acquisitions n'ont pas toujours procuré de la valeur dans le passé ", fait valoir M. Van Berkom.
... et des doutes en Allemagne
Pour que le titre d'Atrium atteigne les cours cibles les plus généreux de 21 à 23 $ par action, l'entreprise de Québec devra montrer que les ventes de son produit à base d'enzymes, le Wobenzym, augmentent de nouveau en Allemagne, dit M. Van Berkom. " Non seulement ce produit a-t-il changé de formulation souvent, mais il pourrait avoir des effets secondaires indésirables chez les malades cardiaques ", ajoute-t-il.
Atrium a payé 167,5 M$ US en juillet 2007 pour Mucos, le propriétaire allemand de Wobenzym. Ce produit représente 18 % de ses revenus.
" Le titre d'Atrium se négocie à prix d'aubaine, soit moins de huit fois les bénéfices potentiels de 2,10 $ US par action en 2012, mais son évaluation dépendra de la trajectoire des ventes du Wobenzym en Allemagne ", explique Claude Proulx, de BMO Marchés des capitaux.
Atrium aura peut-être l'occasion de rassurer ses actionnaires à la fin de janvier. L'entreprise invite les analystes et les gestionnaires de portefeuille à visiter ses installations allemandes. " J'ose croire qu'ils organisent cette visite parce que les dirigeants auront de bonnes nouvelles à annoncer ", dit M. Chevalier.
Le Fonds de solidarité FTQ possède 15,5 % d'Atrium. Ses administrateurs et dirigeants cumulent un bloc de 2,8 %.