Que faire avec les titres de SNC-Lavalin, mdf commerce et Brookfield Infrastructure? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
SNC-Lavalin (SNC, 25,61$): un autre grand ménage ne convainc pas encore cet analyste
Frédéric Bastien de Raymond James est satisfait que SNC-Lavalin concrétise son recentrage sur les services d’ingénierie en vendant ses activités pétrolières, mais il hésite à recommander de nouveau l’achat du titre qu’il juge pourtant très sous-évalué.
«Le passé de la société nous a appris à être prudent envers SNC-Lavalin. Nous attendrons donc patiemment de pouvoir analyser les états financiers de fin d’année avant de revoir notre thèse d’investissement», écrit-il dans une note.
SNC-Lavalin a trouvé preneur pour sa filiale pétrolière Kentech de Dubai, une transaction qui plaira à ceux qui veulent que la société se décarbonise.
Cette vente oblige SNC-Lavalin à dévaluer cet actif au bilan d’encore 300 millions au quatrième trimestre. Cette somme s’ajoute à la radiation de 1,9 milliard de dollars effectuée en 2019.
Frédéric Bastien s’attendait à ce que SNC-Lavalin conserve le segment qui concerne les services pétroliers et les contrats clés en main qui réalisent des revenus de 100 millions de dollars, mais ces activités ont probablement été «l’édulcorant» qui a scellé la transaction, dit-il.
La division vendue a essuyé des pertes depuis trois ans.
Ce désinvestissement accélère le repositionnement souhaité dans les services d’ingénierie et de gestion de projets.
«Tout ce qui reste du secteur des ressources est la division des services métallurgiques et miniers qui rapetisse encore à la suite de nouvelles charges de 95 M$ pour quatre projets commerciaux encore en cours», révèle l’analyste.
Frédéric Bastien attribue en partie le sursaut de 11 % de l’action le 10 février à la réalisation que 75% des provisions additionnelles de 480 millions de dollars sur les contrats de construction clés en main à prix forfaitaire constituent une écriture comptable qui n’exige aucune sortie de fonds.
Les pertes sèches de 230 M$ sont aussi inférieures aux estimations de 500 M$ et plus de certains analystes sur les contrats à coûts fixes, ajoute-t-il.
SNC-Lavalin semble avoir passé au peigne fin tous ses contrats problématiques et les réclamations de coûts excédentaires, mais la société a servi plusieurs mauvaises surprises dans le passé, se méfie encore l’analyste.
La société ne comptabilise aucun revenu des contrats des trois projets de train léger sur rail, Réseau Express Métropolitain, Trillium et Eglinton, jusqu’à ce que les litiges concernant les surplus de coûts soient résolus.
Dans l’intervalle, Frédéric Bastien reste neutre envers le titre pour lequel il a un cours cible de 25 $.
mdf commerce (MDF, 15,05$):les dépenses élevées affaiblissent les résultats
mdf commerce (MDF, 15,05$): les dépenses élevées affaiblissent les résultats
mdf commerce accélère son virage dans les solutions de commerce en ligne et d’approvisionnement stratégique, mais ce pivot requiert des investissements préalables.
Le troisième trimestre s’avère donc déficitaire malgré une hausse de 18,4% des revenus (à 21,4 M$), indique Nick Corcoran, d’Acumen Capital, dans une notre préliminaire.
La plateforme d’approvisionnement stratégique, qui relie électroniquement des acheteurs et des fournisseurs, a accru ses revenus de 9% tandis que celle de commerce unifiée a fait bondir les siens de 54%.
Au troisième trimestre, 6700 fournisseurs et 59 donneurs d’ordre se sont ajoutés à la plateforme d’approvisionnement tandis que 57 PME et trois mandats d’entreprises ont joint celle de commerce unifiée.
Le déficit d’exploitation de 100 000 $ se compare au bénéfice d’exploitation de 200 000 $, un an plus tôt. C’est nettement pire que le bénéfice d’exploitation de 1,3 million de dollars qu’avait estimé l’analyste.
La perte par action de 0,14$ est plus du double de celle de 0,05$ prévue.
L'ex-Médiagrif augmente ses dépenses de mise en marché, de marketing, de développement de solutions, de recherche et de développement et de services professionnels afin de répondre à ses nouveaux contrats, énumère Nick Corcoran.
L’analyste attribue d’ailleurs une partie du manque à gagner aux investissements requis pour mettre au point la nouvelle solution d’achat en ligne et de collecte en magasin de l’épicier allemand Aldi.
Puisque le déploiement de nouvelles solutions s’intensifiera au cours des prochains trimestres, les charges liées aux services professionnels resteront élevées, prévient aussi la société.
Mdf a terminé le trimestre avec des liquidités de 39,3 M$ grâce à une émission d’actions de 47,8M$ qui a accru de 39% le nombre d’actions en circulation.
Avant la téléconférence, Nick Corcoran maintient sa recommandation d’achat et sa cible de 18$.
Brookfield Infrastructure (BIP.UN, 66,79$): offre hostile de 5,7 G$ pour Inter Pipeline qui grimpe de 30%
Brookfield Infrastructure (BIP.UN, 66,79$): offre hostile de 5,7 G$ pour Inter Pipeline qui grimpe de 30%
Brookfield Infrastructure veut mettre la main sur Inter Pipeline (IPL, 17,50$) dans lequel elle a déjà un intérêt économique de 20%.
Incapable de négocier avec le conseil d’administration du pipeline avec qui elle discute depuis septembre, Brookfield choisit de présenter une première offre de 16,50$ directement aux actionnaires tout en promettant davantage (jusqu’à 17-18,25$) si elle peut conduire une vérification diligente.
A l'ouverture le 11 février, Inter Pipeline grimpe de plus de 30%.
Le conseil d’administration d'Inter Pipeline juge que Brookfield offre trop peu pour la société pendant que la conjoncture affaiblit son titre. En 2019, Inter Pipeline avait refusé une offre conditionnelle de 30$ par action ou de 12 G$.
Robert Kwan, de RBC Marchés des capitaux, voit cet achat d’un bon œil malgré l’influence des cours du pétrole et du gaz sur l’exploitant de pipeline et transformateur de liquides de gaz et la défaveur dont souffrent les actifs polluants.
Au prix actuel offert, l’analyste estime que le pipeline augmenterait les fonds autogénérés de Brookfield de 10% en 2021 et de 13% une fois que le complexe pétrochimique Heartland fonctionnera à pleine capacité.
Situé près d’Edmonton, le complexe de 4 milliards de dollars est en construction depuis plus de trois ans. L’usine transformera le propane albertain en billes de plastique pour le secteur manufacturier. Sa mise en service est prévue en 2022. Brookfield pourrait revendre cet actif.
Étant donné la part que détient déjà Brookfield dans Inter Pipeline et le faible coût en capital dont elle bénéficie, Robert Kwan croit qu’une transaction éventuelle est le scénario le plus probable.
Mais si Inter Pipeline trouvait un chevalier blanc disposé à offrir davantage, Brookfield profiterait aussi financièrement de l’offre supérieure, ajoute-t-il.
En attendant, l’analyste maintient sa recommandation d’achat et son cours cible de 61$US.