Que faire avec les titres de SNC-Lavalin, Innergex et WSP Group? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
SNC-Lavalin (SNC, 53,88 $): la britannique Kentz, le meilleur actif qu’elle pouvait acheter
Comme le voulait la spéculation depuis un an, SNC-Lavalin acquerra le fournisseur britannique de services énergétiques Kentz pour 2,1 milliards de dollars.
« SNC met la main sur le meilleur actif qu’elle pouvait acheter et déploie le capital que lui procure la vente du réseau électrique AltaLink », indique Maxim Systchev, de Dundee Valeurs mobilières, avec quelques bémols.
L’analyste aurait préféré que SNC-Lavalin rachète de ses actions avant d’agir.
L’acquisition de Kentz, bien que stratégique sur plusieurs plans, ajoute peu à la valeur d’actif nette de SNC-Lavalin à court terme puisque la société paie un multiple de 9,5 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) pour Kentz, tandis que ses propres actions s’échangent à un multiple déprimé de 1,3 fois son propre BAIIA.
Ceci dit, M. Sytchez n’exclut pas la possibilité que SNC-Lavalin rachète ses actions puisqu’elle aura 4 milliards de dollars au bilan après la vente d’AltaLink.
L’achat de Kentz pourrait aussi inciter les investisseurs à réévaluer à la hausse les activités d’ingénierie-construction de SNC-Lavalin, puisque Kentz renforce substantiellement sa division pétrolière, espère M. Sytchev.
C'est peut-être déjà commencé. L’action de SNC-Lavalin gagne 3 %, à 53,88 $ lundi matin.
Non seulement Kentz est un actif de grande qualité, convoitée par d’autres, mais la société britannique augmente de 34 à 40 % la proportion des revenus de services de SNC-Lavalin. Ces contrats sont plus rentables et moins risqués que la prise en charge de projets de construction, indique Jamie Cook, de Credit Suisse.
Les marges d’exploitation de 8,3 % de Kentz se comparent à celles de 6,4 % prévues en 2015, pour SNC-Lavalin.
La contribution du secteur du pétrolier passera aussi de 8 à 24 % des revenus de SNC-Lavalin. SNC-Lavalin n'est pas seule dans cette course avec l'achat de Foster Wheeler par Amec, en janvier et clle de The Shaw Group par Chicago Bridge & Co. en février.
En février 2012, URS avait ouvert le bal de la consolidation en acquérant Flint Energy Services. Tous les acteurs cherchent des économies d'échelle pour réaliser des projets d'envergure de plus en plus complexes, explique M. Cook.
Le président de Kentz, Christian Brown, assumera le leadership du groupe pétrolier de SNC-Lavalin.
Kentz diversifiera aussi les sources de revenus de SNC-Lavalin sur le plan géographique avec 36 pays, et lui donnera accès aux segments en forte croissance de l’énergie, notamment le transport de gaz liquéfié.
Enfin, M. Sytchev estime que les investisseurs sous-estiment encore la valeur de l’intérêt de SNC-Lavalin dans l’autoroute torontoise 407, qu’elle pourrait mettre en vente en 2015. Il lui donne une valeur de 18,99 $ par action, comparativement à une valeur estimée de 13 $ par action, par l’ensemble des analystes.
Il recommande donc l’action de SNC-Lavalin, 15 $, pour un gain potentiel de 23 %.
Innergex (INE, 10,70 $): l’achat de Sainte-Marguerite bien ficelé
Innergex (INE, 10,70 $): l’achat de Sainte-Marguerite bien ficelé
Après presque deux ans de tractations, le producteur d’énergie renouvelable a bien ficelé l’achat de la centrale hydroélectrique au fil de l’eau Ste-Marguerite-1, estime Ben Pham, de BMO Marchés des capitaux.
En s’alliant au Régime de rentes du Mouvement Desjardins, Innergex s'appuie sur le levier financier que lui procure un partenaire institutionnel, ce qui améliore le rendement potentiel que la société pourra tirer de cet actif, dit-il.
Innergex et Desjardins détiendront chacun en effet la moitié des unités ordinaires de la société en commandite Innergex Saine-Marguerite.
Desjardins a notamment souscrit à une débenture de 40 millions de dollars émise par la société en commandite, portant un taux d’intérêt de 8 % et échéant en 2064.
Innergex obtiendra une distributuon privilégiée de 10,5 % sur son intérêt de 50 % dans la société en commandite, explique Sean Steuart, de TD Valeurs mobilières.
D’ailleurs, Innergex compte reproduire la structure de cette transaction pour de futurs projets, malgré sa complexité.
« Nous sommes très heureux d’avoir conçu une structure qui nous permet de compétitionner pour l’achat d’infrastructures renouvelables aux prix courants, tout en profitant du faible coût de capital et de l’horizon à long terme d’une caisse de retraite », a déclaré Michel Letellier, président d’Innergex.
Puisque cet achat augmentera les flux de trésorerie annuels disponible de 5 millions de dollars, M. Pham augmente de 0,02 $ à 0,62 $ par action le dividende annuel qu’Innergex versera en 2015 et augmente son cours-cible de 10,50 à 11 $.
WSP Global (WSP, 37,92 $): prête à doubler son niveau de dette pour acquérir
WSP Global (WSP, 37,92 $): prête à doubler son niveau de dette pour acquérir
La société de services-conseils en ingénierie, WSP Global, se dit prête à doubler son niveau d’endettement, à deux fois son bénéfice d’exploitation, pour financer sa croissance par acquisitions.
Les États-Unis semblent être un marché offrant le plus d’occasions d’acquisition. D’ici 2020, WSP aimerait faire passer la contribution de ce marché de 9 à 20 % de ses revenus.
C’est ce que la société a partagé avec les analystes, lors de sa rencontre annuelle tenue le 19 juin, à Montréal.
L’ex-Genivar a aussi promis de combattre les pressions de la vive concurrence sur ses marges, en devenant plus efficace, en réalisant des synergies de ses acquisitions et en misant sur ses ressources humaines en Inde.
Par exemple, l’achat récent du spécialiste pétrolier de Calgary Focus Group fera passer ses marges d’exploitation de 0,5 % à 12 %, après 2015.
Bert Powell, de BMO Marchés des capitaux, prévoit une croissance interne de 3,7 % en 2015.
Il juge donc son titre déjà bien évalué au cours actuel et n’en recommande par l’achat.
« La stratégie de WSP semble fonctionner. Nous sommes toutefois encore prudent envers la capacité de l’entreprise de gérer ce virage rapide », note-t-il.
Yuri Limk, de Canaccord Genuity, apprécie la stratégie de la société, mais estime aussi que son action est chèrement évaluée, à un multpie de 11 fois son bénéfice d'exploitation de 2014 par rapport à un multiple de 9,5 fois pour ses semblables.
Paul Lechem, de Marchés mondiaux CIBC, est plus confiant envers le potentiel de WSP, avec un cours-cible de 40 $.
« La société est bien positionnée pour exploiter sa nouvelle plateforme mondiale et nourrir sa croissance », écrit-il.
D’ici 2020, WSP croit pouvoir tripler le nombre de ses employés à 45 000, ce qui la hisserait dans le peleton de tête de son industrie.
La société bénéficie de l’appui de ses deux plus gros actionnaires, le Régime de pensions du Canda ( avec 15 % des actions) et le Caisse de dépôt et placement du Québec (avec 15 % aussi).