Que faire avec les titres de Shopify, Groupe CGI et de Procter & Gamble. Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Shopify (SHOP, 60,61$US): les investissements repoussent encore les profits
Vingt-et-un mois après son entrée fulgurante en Bourse, la plateforme de commerce en ligne d’Ottawa réinvestit toujours autant pour nourrir sa croissance, ce qui reporte encore une fois les profits promis.
Les investissements rapportent comme en témoigne le bond de 85% des revenus au quatrième trimestre, 7% de plus que prévu. Shopify a aussi relevé ses prévisions de revenus de 5% pour 2017, note Ross MacMillan de RBC Marchés des capitaux.
Shopify se targue de servir 377500 marchands à la fin de 2016, un peu plus que les 358000 prévus par l’analyste.
Par contre, ses nouvelles dépenses creuseront ses déficits, bien que la société promette toujours un premier profit au quatrième trimestre de 2017.
M. MacMillan prévoit désormais une perte de 0,24$ par action en 2017, par rapport à 0,04$ auparavant.
Il modèle un premier bénéfice annuel minime de 0,01$ par action en 2018, alors que ses revenus auront alors atteint 833 millions de dollars.
Comme toujours, l’évaluation très élevée pose problème. Après avoir quintuplé depuis son entrée en Bourse en mai 2015, Shopify se négocie à un multiple de 14 fois ses revenus, bien que ses flux de trésorerie sont déficitaires.
Même si l’accélération de la croissance des revenus en 2017 n’ajoutera que 10% à la marge d’exploitation, M. MacMillan juge que son titre n’est pas si chèrement évalué.
«Son évaluation est dans la médiane des fournisseurs de logiciels en tant que services de qualité similaire et qui croissent aussi vite», dit-il.
L’analyste croit que ses investissements accélèrent sa croissance, ce qui stimulera bientôt une progression rapide et durable de ses bénéfices d’exploitation et de ses flux de trésorerie.
Il hausse son cours cible de 63 à 66$US et recommande toujours l’achat du titre.
Groupe CGI (GIB.B, 63,93$): le nouvel élan américain est bienvenu
Groupe CGI (GIB.B, 63,93$): le nouvel élan américain est bienvenu
Stephanie Price, de CIBC Marchés mondiaux, fait passer son cours cible de 68,50 à 75$ après avoir passé en revue le potentiel qu’offre le nouvel élan de l’économie américaine, qui lui procure 30% de ses revenus.
Avec ses filiales et ses employés américains, Groupe CGI est particulièrement bien placée pour décrocher sa part du gâteau des contrats, par rapport aux fournisseurs indiens, par exemple et ainsi raviver sa croissance interne, dit-elle.
Dans le secteur commercial, l’amélioration du ratio qui compare les nouvelles commandes aux revenus déjà facturés depuis cinq trimestres indique un regain d’activité de la part des banques, des assureurs, des services publics et des entreprises pour numériser plusieurs fonctions, exploiter les données et améliorer leur cybersécurité.
Les nouvelles commandes gouvernementales augmentent aussi depuis deux trimestres et les solutions de gestion de la paie et des ressources humaines de CGI Federal ancrent bien cette division.
Ses contrats de traitement de visas et de passeports américains, ainsi que ses services à l’agence environnementale américaine, pourraient souffrir des nouvelles priorités de l’administration Trump, mais ils pèsent bien peu lourd par rapport au pipeline de futurs contrats en TI totaux estimé à 200 milliards de dollars américains du gouvernement fédéral, dit Mme Price.
La concurrence est féroce. Pour chaque appel d’offres, six fournisseurs se présentent, précise l’analyste.
CGI semble aussi à l’abri de l’échéance en 2017 de 210 milliards de dollars de contrats de la défense américaine, ajoute-t-elle.
Étant donné les prix élevés des transactions dans son industrie, Mme Price s’attend à ce que CGI préfère de petites cibles d’acquisition à l’image de Collaborative Consulting qui lui a apporté des clients dans l’industrie financière et de la santé, à Boston.
L’analyste présente même un tableau de 33 consultants et fournisseurs en TI dont 12 à Baltimore.
CGI n’est pas seule dans la course des acquisitions. Le géant Accenture(ACN, 119,93$US) a réalisé 71 petits achats totalisant 3,3 milliards de dollars américains, depuis quatre ans.
Son nouveau cours-cible de 75$ représente un multiple de 19 fois les bénéfices de 3,95$ projetés en 2018.
Procter & Gamble (PG, 91,12$US): un analyste boude la spéculation entourant l'activiste Nelson Peltz
Procter & Gamble (PG, 91,12$US): un analyste boude la spéculation entourant l'activiste Nelson Peltz
L’investissement de 3,5 milliards de dollars américains pour 1,6% des actions de Procter & Gamble par l’activiste Nelson Peltz n’émeut pas Nik Modi, de RBC Marchés des capitaux.
Non seulement M. Modi ne croit pas que l’arrivée de M. Peltz mènera à une scission du géant des savons, comme le veut la spéculation de l'heure, mais un éclatement de la société n’est pas souhaitable, affirme-t-il.
L’analyste n’y voit pas une raison pour recommander le titre qu’il voit reculer de 17% à 76$US parce qu’il est déjà trop chèrement évalué en fonction de ce que peut livrer sa restructuration, à moyen terme.
Un multiple de 23 fois le bénéfice prévu en 2017 est déjà généreux à son avis pour une entreprise dont les ventes croissent au mieux de 3% par an et dont les marges s’amélioreront lentement d’ici 2025.
Il rappelle que Procter & Gamble a déjà éliminé ou vendu 105 de ses marques et a réduit de 24% le nombre de ses articles de point de stock.
Le pdg David Taylor agit déjà en activiste en recentrant l’entreprise sur ses produits où elle a un avantage concurrentiel, depuis 2015. Il a accéléré la prise de décision, a associé la rémunération à la performance des divisions et a promis 10 milliards de réductions de coûts additionnelles (en plus des 10G$US déjà réalisées).
Ses pertes de parts de marché se modèrent depuis quatre trimestres, mais la société a encore beaucoup à faire pour améliorer sa mise en marché en magasin, l’efficacité de la recherche et développement et sa capacité d’innovation.
«L’entreprise doit innover intelligemment pour offrir aux consommateurs des produits différenciés qui méritent un prix de vente plus élevé comme elle l’a fait avec les capsules Tide Pods, pour monter en gamme », dit-il.
L’analyste de RBC croit donc que M. Peltz appuiera la stratégie de M. Taylor, comme il l’a fait chez General Electric depuis 2015 plutôt que d’exiger des changements majeurs comme il l’avait fait chez PepsiCo, en 2011.