Que faire avec les titres de Saputo, Constellation Software et Manuvie? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Saputo(SAP, 44,85$): la baisse américaine des impôts déclenche une nouvelle recommandation d’achat
Avec 55% de son bénéfice d’exploitation généré aux États-Unis et un taux d’imposition global de 30 à 31%, le transformateur de lait sera un important bénéficiaire de la baisse de 35 à 21% du taux statutaire des impôts des entreprises au sud de la frontière.
Keith Howlett, de Desjardins Marché des capitaux, évalue que la facture d’impôts du Groupe Saputo diminuera d’environ 4% et fera passer son taux global de 31 à 26%.
Chaque variation d’un pourcent ajoute 0,03$ au bénéfice du producteur de fromage, précise-t-il.
La réforme républicaine semble en effet préserver la déductabilité de l’achat d’actifs réalisé après le 27 septembre 2017 et prolonge jusqu’en 2020 les déductions de 100% des dépenses en capital.
M. Howlett augmente donc ses prévisions de bénéfice de 2 à 2,03$ pour 2018 et de 2,23 à 2,35$ pour 2019.
Un multiple de 20 fois le bénéfice prévu dans 12 mois, plus 5$ pour l’achat australien en cours de Murray Goulburn, hausse son cours cible de 47$ à 49$.
L’analyste recommande donc de nouveau l’achat du titre. Le potentiel de gain de Saputo repasse au-dessus de 10%.
Constellation Software (CSU, 762,02$): l’acquéreur en série accélère la cadence
Constellation Software (CSU, 762,02$): l’acquéreur en série accélère la cadence
Paul Treiber, de RBC Marchés des capitaux, se penche de nouveau sur les perspectives du consolidateur de petits fournisseurs de logiciels spécialisés, après avoir établi un bilan de son tableau de chasse annuel.
L’entreprise ontarienne multiplie les plus petits achats avec 13 acquisitions totalisant 107 millions de dollars au quatrième trimestre.
Pour l’année entière, quelque 309M$ ont été déployés dans 55 achats, soit 76% de plus qu’un an plus tôt et un record depuis 2013.
Les achats du dernier trimestre de l’année devraient ajouter 5% au bénéfice par action, ceux de l’année 16%, estime aussi l’analyste.
M. Treiber attribue la cadence accrue à la décentralisation de la prise de décision chez Constellation– par laquelle les dirigeants de ses fournisseurs de logiciels jouent un rôle plus actif– et à l’ajout de personnel dédié aux acquisitions.
L’analyste croit que la stratégie est la bonne puisque les plus petits fournisseurs de logiciels peuvent être cueillis à moindre prix que les plus gros, tout en respectant l’ajout de spécialités verticales qui a fait la réputation de la société.
L’analyste donne en exemple l’achat récent du fournisseur floridien de solutions pour les prêts aux étudiants FAME, acquis pour 20M$.
M. Treiber en conclut que le modèle unique d’acquisitions de Constellation, et ses rendements supérieurs à la moyenne, restent bien solides malgré les années qui passent.
L’analyste de RBC précise que le tableau de chasse de la société contient 35 cibles potentielles d’une valeur totale de 158 milliards de dollars américains.
En conséquence, l’analyste réitère sa recommandation d’achat.
Son cours cible de 850$ est porteur d’un gain potentiel d’encore 12% et repose sur un multiple de 16 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2019, par rapport à celui de 15,7 fois pour ses semblables.
Manuvie (MFC, 26,71$): le nouveau PDG profite de la réforme des impôts pour repositionner l’assureur
Manuvie (MFC, 26,71$): le nouveau PDG profite de la réforme des impôts pour repositionner l’assureur
L’assureur-vie a terminé l’année 2017 en annonçant d’importantes charges et un repositionnement, un signe clair que le nouveau PDG impose déjà sa marque.
Manuvie comptabilise en effet une charge de 1,9 milliard de dollars associée à la réforme américaine des impôts qui dévalue les actifs fiscaux (telles que les pertes fiscales reportées).
Le nouveau PDG profite de ces changements pour annoncer une autre charge d’un milliard de dollars pour la vente d’une partie de son portefeuille de placements alternatifs de 34 milliards de dollars.
La double annonce n’est pas le fruit du hasard puisque la réforme des impôts américains ajoutera environ 250 millions de dollars aux bénéfices annuels de Manuvie à partir de 2018 et relèvera le rendement de l’avoir des actionnaires à 13%, estime Sumit Malhotra, de Banque Scotia.
Ce petit baume fait mieux avaler la vente d’actifs alternatifs, qui elle, réduira les futurs gains d’investissement de l’assureur-vie, explique l’analyste.
«Le nouveau PDG veut réduire la volatilité des résultats, mais ce changement comporte un coût initial (en amputant 7% de la valeur comptable du titre)», indique M. Malhotra, qui croit que les investisseurs redonneront éventuellement de la valeur à des bénéfices moins inégaux.
La vente d’actifs alternatifs (immobilier, infrastructures, investissements privés, matières premières, etc) libérera aussi 2 milliards de dollars de capital que l’assureur-vie pourra redéployer dans d’autres placements qui exigent moins de réserves réglementaires au bilan, dit-il.
Cette décision est sans doute la première d’une série de gestes pour améliorer la régularité des résultats et l’efficacité du capital de l’assureur-vie, prévoit-il.
M. Malhotra maintient sa recommandation d’achat. Son cours cible de 32$ offre un gain potentiel de 23%.