Que faire avec les titres de Metro, WSP et Norbord? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Metro(MRU, 43$): l’offre généreuse pour Jean Coutu est contraire à son ADN
Bien que l’intérêt de Metro pour Jean Coutu était connu depuis fort longtemps, Michael Van Aelst se dit doublement surpris par la tournure des événements.
D’un, la famille Coutu vend au moment où la réforme des médicaments du gouvernement approche d’une résolution.
De deux, Metro paie 14,1 fois le bénéfice d’exploitation pour Jean Coutu, ce qui suppose un rendement du capital investi de seulement 5% à 7%, deux barèmes qui sont contraires à l’ADN de Metro, s’étonne l’analyste.
«En conséquence, on se demande si Metro sait déjà que les synergies seront bien supérieures (en proportion du bénéfice d’exploitation de Jean Coutu) à la fourchette de 25% à 30% qu’avait ciblé Loblaw lors de son achat de Shoppers, ou bien si l’épicier entend s’endetter le plus possible et conserver ses actions d'Alimentation Couche-Tard afin de rentabiliser la transaction», s’interroge M. Van Aelst.
Metro peut faire grimper sa dette jusqu’à 3,8 fois son bénéfice d’exploitation sans transgresser les clauses bancaires.
La vente des actions de Couche-Tard garderait le ratio d’endettement à un niveau plus raisonnable de 2,5 fois, indique l’analyste.
Si Metro vendait ses 32 millions d’actions d’Alimentation Couche-Tard, Jean Coutu ajouterait seulement 2% à son bénéfice par action, calcule l’analyste.
À moyen terme, l’impact des synergies et l’ajout des bénéfices de Jean Coutu aux bénéfices de Metro seraient en partie neutralisés par la contribution décroissante de la quote-part des bénéfices de Couche-Tard et une réduction des rachats d’actions, craint M. Van Alest.
Surtout que contrairement à Loblaw/Shoppers, Metro ne pourra pas capter toute l’amélioration des revenus et des marges en magasin parce que les pharmacies de Jean Coutu sont des franchises.
«Ceci dit, il est possible que le nouveau centre distribution de Jean Coutu, qui vise un rendement sur le capital de 15 à 20%, gonfle les synergies potentielles une fois qu’il sera pleinement opérationnel en juillet 2018. Il est aussi très difficile de croire que Metro s’engagerait dans une transaction qui ne lui soit pas rentable», ajoute l’analyste.
M. Van Aelst juge que le bond de 9% de l’action de Metro le 27 septembre ne se justifie pas étant donné que son titre est déjà 40% plus chèrement évalué (en fonction du bénéfice d’exploitation) que celui de Loblaw.
Après l’achat de Jean Coutu, l’épicerie représentera encore 70% des revenus de Metro et les pharmacies 30%, alors que ces proportions sont de 55%/45% pour Loblaw.
Son cours cible reste à 44$ et sa recommendation est neutre.
WSP Global (WSP, 51,49$): la main-d’œuvre bon marché mise à profit
WSP Global (WSP, 51,49$): la main-d’œuvre bon marché mise à profit
Comme prévu, la journée des investisseurs a surtout donné l’occasion à la société génie-conseil de réitérer sa double stratégie de croissance interne et d’acquisitions et de rappeler ses objectifs d’ici la fin de 2018.
WSP compte 40000 employés et en vise 5000 de plus d’ici la fin de l’an prochain. Ses revenus devraient croître d’encore 500 millions à 6 milliards de dollars, à moins d’acquisitions majeures, d’ici là.
Yuri Lynk, de Canaccord Genuity, a tout de même apprécié le fait que l’entreprise de Montréal cherche aussi à optimiser son réseau mondial, après une longue succession d’acquisitions.
WSP rationalise notamment ses services de gestion de projet et de design afin de rafler plus de contrats en proportion du nombre de ses soumissions.
La société consolide aussi des bureaux et ses services de soutien informatiques.
L’ingénieur-conseil entend aussi faire de plus en plus appel à des centres de services partagés en Inde et aux Philippines où 1000 employés s’affairent déjà aux tâches de design à moindre coût, explique M. Lynk.
WSP entend embaucher davantage de techniciens dans ces deux centres et envisage d’en ouvrir un troisième en Colombie, en Amérique du Sud, révèle l’analyste.
WSP est toujours à la chasse d’acquisitions stratégiques aux États-Unis, en Amérique latine, en Europe centrale et en Asie, soit pour étoffer des spécialités ou percer de nouveaux marchés.
L’ingénierie de transport et d’infrastructure est la plus en demande.
Dans le domaine des bâtiments, la société s’appuie sur son savoir-faire mondial dans le secteur de la santé dans l’espoir de décrocher des contrats pour la construction d’hôpitaux en Australie et pour le design de gratte-ciel pour la région du centre du littoral atlantique aux États-Unis.
Dans le domaine nucléaire, la mise à la retraite de douze réacteurs en Suède au cours des vingt prochaines années offre des occasions pour ses services environnementaux et de génie de l’eau.
Le titre de WSP ayant déjà une évaluation similaire à celle de son industrie, soit de 10,2 fois le bénéfice d’exploitation de 2018, M. Lynk recommande de le conserver et maintient son cours cible d’un an de 54$.
Norbord (OSB, 41,22$): il est temps de prendre ses profits dans le fabicant de panneaux dérivés du bois
Norbord (OSB, 41,22$): il est temps de prendre ses profits dans le fabicant de panneaux dérivés du bois
Un titre à un sommet en dix ans, des prix pour les panneaux à particules orientées soufflés par l’impact des ouragans et l’ajout prochain de capacité de production dans l’industrie signalent qu’il est temps de prendre ses profits dans le fabricant Norbord.
Ketan Mamtora, de BMO Marchés des capitaux, suggère donc de vendre le titre qu’il voit reculer de 18% à 32$ d’ici 12 mois, bien qu’à court terme les flux de trésorerie de la société explosent.
Au cours des 5 à 9 prochains mois, des fabricants de panneaux ajouteront de 11 à 12 % à la capacité nord-américaine de production, précise l’analyste. Ces ajouts feront pression à la baisse sur les prix qui sont les plus élevés en 20 ans.
«Nous ne prévoyons pas une chute des prix, mais entrevoyons un recul de 55 à 323$ le Mpi2, un prix de référence qui n’a été dépassé que deux fois depuis10 ans», rappelle l’analyste, en précisant que le prix de référence moyen s’établit à 267$ depuis 2000.
Le consensus des analystes mise sur une baisse de seulement 5$ des prix, ce que M. Mamtora juge beaucoup trop optimiste.
L’analyste reconnaît toutefois que le bilan assaini de Norbord et sa politique de dividendes variables distinguent la société dans l’industrie.
Au rythme où vont les choses, la dette sera d’à peine 0,7 fois son bénéfice d’exploitation à la fin de 2017 par rapport à 6,3 fois, en 2015,
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