Que faire avec les titres de Loblaw, Groupe MTY et Tesla? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Loblaw (L, 146,59$): solide trimestre attendu
À deux semaines du dévoilement des résultats de Loblaws, Vshal Shreedhar de la Financière Banque Nationale s’attend à ce que Loblaw ait généré un bénéfice par action supérieur de 7,3% à celui enregistré à pareille date l’an dernier.
L’analyste s’attend à ce que le taux de croissance de ses ventes pour un même magasin comparable ait augmenté de 1,5%, ce qui représenterait une légère baisse par rapport au premier trimestre de 2023. Il mise aussi sur un bond des ventes chez Pharmaprix de 3,9%, ce qui représente encore une fois un bond moins important qu’il y a un an.
Ces augmentations modérées sont le fruit d’une inflation en baisse du côté de l’alimentation, indique Vishal Shreedhar : au premier trimestre, le taux d’inflation se situe à 2,9%, alors qu’il était de 4,9% au trimestre précédent. L’entreprise avait d’ailleurs déjà pressenti ce phénomène, rappelle-t-il.
Les ventes au comptoir des pharmaciens de Loblaw devraient être en augmentation, s’appuyant sur une augmentation des demandes de services, anticipe l’analyste, mais aussi d’une hausse de la demande de comprimés, alors que la saison de la grippe est plus forte que l’an dernier.
De plus, comme l’a mentionné la direction déjà, les clients ne semblent pas diminuer leurs dépenses en cosmétique malgré l’incertitude économique, ajoute-t-il.
L’analyste fait preuve de prudence à l’égard des ventes totales que la société devrait être parvenue à faire au premier trimestre, misant sur 13324 millions de dollars (M$) et non 13523 comme le consensus. N’empêche que c’est plus que les 12995 M$ que Loblaw avait annoncés l’an dernier.
Idem pour le bénéfice avant intérêt, impôt et amortissement : à 1495M$, les attentes de l’analyste sont supérieures à ce qu’a livré l’entreprise en 2023, mais sont légèrement plus prudentes que celles du consensus.
Vishal Shreedhar ne croit pas que le titre de Loblaw devrait souffrir de la baisse de l’inflation, bien que par le passé, les épiciers s’en soient mal tiré par rapport au TSX lors de telles périodes. Ses acquisitions des dernières années lui permettent de protéger la valeur de son action de la fluctuation du prix du panier d’épicerie, rappelle-t-il.
Puisqu’il a légèrement revu à la hausse ses attentes, et avancé sa période sur lequel il appuie son calcul du cours cible, l’analyste mise désormais sur 156$. Il maintient sa recommandation à «surperformance de secteur».
Catherine Charron
Groupe MTY (45,16$): une déception «exagérée» d'après un analyste
Groupe MTY (45,16$): une déception «exagérée» d'après un analyste
John Zamparo de la Banque Scotia est d’avis que le plongeon de 10% du titre de MTY à la suite du dévoilement de ses résultats le 12 avril 2024 est encore une fois «exagéré».
L’entreprise a certes publié pour un deuxième trimestre consécutif des résultats en deçà des attentes du marché, et le recul des ventes d’un même magasin comparable est «préoccupant», concède-t-il.
Le temps froid de janvier et février ont notamment plombé ses ventes de douceurs glacées et de smoothies, une catégorie qui représentent environ 33% de ses ventes habituellement, rapporte l’analyste. Ça a donc plombé ses ventes d’un même magasin comparable de restauration rapide de 3,4% aux États-Unis, alors que des données qu’il a consultées lui laissaient entrevoir un bond de 1,4%.
Au-delà de la météo, les ventes de ses adresses décontractées à service rapide et service aux tables aussi ont été moins importantes que prévu au premier trimestre, tout comme le reste de l’industrie d’ailleurs, souligne John Zamparo. D’ici au quatrième trimestre, l’analyste voit mal comment l’entreprise pourrait mieux s’en sortir, alors que les pressions macroéconomiques vont continuer de peser sur le portefeuille des consommateurs.
Or, Groupe MTY et des données sur lesquelles l’analyste a mis la main semblent toutes deux indiquer que la société se trouve sur la bonne voie pour reprendre de l’aplomb.
La croissance de son nombre de magasins a presque été positive au premier trimestre, elle qui recule habituellement à cette période de l’année. De plus, la société est parvenue à générer une marge de son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) similaire à la cible sur laquelle l’analyste avait misé. Si l’entreprise fait preuve de rigueur, elle pourrait «protéger son BAIIA», d’après lui.
De plus, c’est la première fois qu’elle convertit autant de revenus en flux de trésorerie disponible depuis la moitié de l’exercice 2022, souligne l’analyste.
John Zamapro reconnait que les deux prochains trimestres devraient encore avoir être le théâtre de revenus décevants, alors qu’on observe une inflation bien plus importante chez les restaurateurs que chez les épiciers. Elle l’excèderait d’environ 300 points de base, indique-t-il.
Il ne s’attend pas non plus à ce que l’entreprise fasse d’importantes fusions ou acquisitions d’ici l’exercice 2025, notamment parce que les taux d’intérêt sont encore importants. Et ça, ça ne semble pas plaire aux investisseurs, selon lui. Dans la situation actuelle, l’analyste croit toutefois que des rachats d’action sont une bien meilleure réallocation de fonds.
L’analyste fait donc glisser son cours cible de 62$ à 53$, mais maintient sa recommandation à surperformance de secteur. À environ 11x ses bénéfices, son titre est attrayant selon lui.
Catherine Charron
Tesla (TSLA, 161,48$US) : deux départs clés qui inquiètent les actionnaires
Tesla (TSLA, 161,48$US) : deux départs clés qui inquiètent les actionnaires
Le constructeur de véhicules électriques Tesla procèdera à la suppression de 10% de ses effectifs, selon divers médias. Comme l’entreprise compte environ 140 000 emplois, cela devrait se traduire par la perte de 14 000 emplois.
Mais ce qui inquiète le plus l’analyste Daniel Ives, de Wedbush, c’est le départ de deux vice-présidents clés de l’entreprise, soit Drew Baglino et Rohan Patel.
«La perte de Drew Baglino est l’équivalent d’un coup de poing dans l’intestin pour Tesla. Il a joué un rôle clé dans le développement du groupe motopropulseur électrique pour Tesla et il était vu comme un élément clé du développement du Modèle 2 au cours des prochaines années. Une partie de la pression sur le titre du fabricant aujourd’hui s’explique par son départ, qui n’était vraiment pas prévu», dit-il.
Le titre de Tesla a terminé la séance de lundi sur un repli de 9,57$US, ou de 5,6%, à 161,48$US au Nasdaq.
«L’entreprise est proactive quant à la réduction de ses coûts étant donné son premier trimestre désastreux et des pressions sur ses affaires. Il s’agit d’une grande initiative de coupures de coûts pour une entreprise qui se trouve entre deux vagues de croissance», juge-t-il.
Daniel Ives soutient que les marchés boursiers ont besoin de réponses la semaine prochaine, alors que Tesla dévoilera mardi prochain après la fermeture des marchés ses résultats financiers du premier trimestre.
«Les derniers mois ont été un film d’horreur pour les actionnaires de Tesla. Nous aurons besoin d’obtenir des réponses quant à la rationnelle derrière cette vague de suppressions d’emplois, à la stratégie, au calendrier du lancement de produits et à la vision globale d’Elon Musk, sans quoi de nombreux actionnaires pourraient se diriger vers la porte de sortie», affirme-t-il.
L’analyste ajoute qu’il est temps pour le coloré PDG de Tesla de prévoir comment l’entreprise traversera cette période difficile, sans quoi des jours sombres pourraient pointer à l’horizon.
«Avec le recul des marges bénéficiaires et de la demande, Elon Musk doit rapidement reprendre le contrôle et regagner la confiance des marchés financiers. Tout commencera avec la conférence téléphonique qui suivra la publication des résultats trimestriels la semaine prochaine», estime-t-il.
Daniel Ives reste positif envers Tesla, concédant toutefois que l’entreprise est dans une phase cruciale et qu’elle doit établir un plan de croissance qui pourrait être mis en place dès 2025 et jugé crédible par les marchés boursiers.
L’analyste conserve sa recommandation de «surperformance» sur le titre de Tesla et son cours cible sur un an de 300$US.
Denis Lalonde
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