Que faire avec les titres de Lassonde, Saputo et Cominar? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Lassonde (LAS.A, 122,50$): le producteur de jus de nouveau un achat, après un plongeon de 57%
Après une dégringolade de 57% depuis juin 2018, Frédéric Tremblay, de Desjardins Marché des capitaux, juge que le titre du producteur de jus est de nouveau un achat.
Plusieurs facteurs se conjuguent pour lui faire changer d’avis, en pleine pandémie.
Le producteur bénéficie actuellement d’une demande accrue de la part des consommateurs qui accumulent des réserves pendant la période de confinement. Quelque 87% de ses revenus proviennent de la vente au détail.
Lassonde profite aussi de la baisse de certains coûts dont le cours du concentré d’orange et celui du plastique. Le concentré de pommes est encore cher, à cause des tarifs douaniers et d’une mauvaise récolte en Europe, mais les prix devraient se stabiliser, entrevoit M. Tremblay.
Ce contexte plus favorable devrait améliorer la rentabilité déficiente des activités américaines de production de marques privées, espère-t-il.
Les problèmes de production à une usine canadienne de produit alimentaires en raison de l’installation de nouveaux équipements se résorbent graduellement, maintenant qu’ils sont fonctionnels, dit-il.
M. Tremblay rappelle aussi que l’achat en janvier de Sun-Rype Products pour 89,3 millions de dollars renforce la position concurrentielle de Lassonde dans l’ouest du Canada et des États-Unis et lui ouvre le marché des grignotines.
Bien que les habitudes d’achat des consommateurs reviendront à la normale après le confinement, l’analyste estime que Lassonde a démontré sa résilience pendant la dernière crise, entre 2008 et 2010.
Pour couronner le tout, l’action de Lassonde s’échange à prix d’aubaine de 6,8 fois le bénéfice s’exploitation prévu en 2021, par rapport à sa moyenne historique de 10 fois.
M. Tremblay maintient son cours cible de 180$, ce qui offre un rebond potentiel de 47%.
Saputo (SAP, 33,02$): un gros casse-tête à court terme, mais la résilience à plus long terme
Saputo (SAP, 33,02$): un gros casse-tête à court terme, mais la résilience à plus long terme
Une hausse de 10% des revenus auprès des épiciers et autres détaillants, et un plongeon de 60% de celles aux restaurants. C’est l’énorme défi que doit relever Saputo à court terme à cause des perturbations exceptionnelles du COVID-19.
Ce scénario est le plus probable, note d’ailleurs Patricia Baker, de Banque Scotia, qui diminue son cours-cible de 48,50 à 42,50$, soit un gain potentiel de 25%.
Le pire scénario par lequel les ventes au détail augmenteraient de 5% et les ventes aux restaurants chutaient de 80%, le titre pourrait tomber jusqu’à 28$.
En plein branle-bas de combat, le transformateur laitier diminue ses achats de lait où il le peut et reconfigure ses usines afin de capter la forte demande de la part des épiciers.
Il n’est pas certain que Saputo que les détaillants accepteront les produits et les formats conçus pour les restaurants et les cafétérias.
Tout surplus que les détaillants n’achèteront pas sera envoyé aux banques alimentaires.
«Le moins grand nombre de promotions dans les épiceries devrait en partie compenser pour la hausse des coûts de la reconfiguration de la production et du transport», espère l’analyste.
Mme Baker diminue de 1,97 à 1,75$ le bénéfice qu’elle prévoit pour 2021, soit un bénéfice stable par rapport à celui prévu en 2020.
Elle prévient toutefois que ces estimations sont très préliminaires puisqu’il est impossible de prévoir la durée des restrictions imposées pour contenir le virus ni l’ampleur des revenus manqués et de la hausse des coûts.
Elle garde confiance que Saputo ressortira de cette crise sans trop de heurts grâce à la qualité de sa gestion opérationnelle et financière et à l’accès à un emprunt d’un milliard de dollars.
D’autres fournisseurs moins solides pourraient fermer boutique offrant à Saputo l’occasion de gagner des parts de marché, entrevoit-elle.
Les lendemains de la récession pourraient aussi faire émerger de nouvelles occasions d’acquisitions.
«Le marasme actuel offre la chance d’investir dans une multinationale bien gérée et bien capitalisée», conclut-elle.
Au cours actuel, le titre s’échange à un multiple de 11,2 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2020, soit au bas de la fourchette de son évaluation depuis 2014, mais au bas de celle qui prévalait entre 2006 et 2014.
Cominar (CUF.UN, 9,25$): le fonds réduit ses coûts pour traverser la crise
Cominar (CUF.UN, 9,25$): le fonds réduit ses coûts pour traverser la crise
La COVID-19 oblige le fonds immobilier à mettre de côté son plan de relance et à couper dans ses coûts pour faire face à la crise sans précédent, incluant la fermeture de tous les commerces non essentiels jusqu’au 13 avril.
Le report de loyers demandé par les locataires des centres d’achat entraînera un manque à gagner à partir du 1er avril. Ces immeubles génèrent 36% des revenus, indique Brad Sturges de IA Valeurs mobilières.
Cominar a déjà supprimé 85 emplois dans l’équipe de construction et envisage le report ou l’élimination d’autres dépenses tels que les taxes municipales, l’entretien et la consommation d’énergie.
Cominar met aussi sur la glace ses plans de mise en valeur de la Gare Centrale de Montréal et la mise en vente d’immeubles d'ici la fin de l'année, qui devaient totaliser 300 millions de dollars en 2020.
Cominar dispose néanmoins des fonds nécessaires pour faire face à ses obligations à court terme, assure M. Sturges.
Des liquidités de 530 millions de dollars, dont 130M$ en encaisse, peuvent rembourser les dettes de 481M$ qui échoient au cours des 12 prochains mois, dit-il.
Les liquidités courantes représentent 15% de la dette totale et 110% des échéances de 2020, précise la société.
De plus, si cela s'avérait nécessaire, le fonds pourrait envisager la vente de 1,4 milliard de dollars d’immeubles industriels ou à bureaux non grevés, ajoute M. Sturges.
L’analyste retire néanmoins sa recommandation d’achat à cause des énormes incertitudes à court terme.
Il recommande toutefois de conserver le titre qui devrait bénéficier à moyen terme de la hausse potentielle des loyers des immeubles industriels à Montréal et à Québec et de la mise en valeur de son immeuble «trophée», la Gare Centrale de Montréal.
Après un plongeon de 40% depuis le 17 février, le cours du titre est de 34% inférieur à sa valeur d’actif nette de 14$, indique M. Sturges.
Sa distribution actuelle procure un rendement de 7,8%.
Il réduit son cours cible de 16,50 à 12,25$, ce qui représente un regain potentiel de 32%.
Cominar dévoilera les résultats du premier trimestre le 7 mai.