Que faire avec les titres de Jean Coutu, Empire et Aritzia. Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Jean Coutu (PJC.A, 20,78$): les enchères pour l’achat de génériques risquent au minimum de plafonner les bénéfices
Le gouvernement québécois compte lancer des appels d’offres pour l’achat de molécules génériques, comme le lui permet la loi 81, après l’achoppement de négociations avec les fabricants.
Le ministre Barrette croit pouvoir économiser de 25 à 40% sur les prix des médicaments génériques, ce qui pourrait entraîner des économies de 300 millions de dollars pour le régime public.
Il est possible que le processus d’appel d’offres change en cours de route puisque des enchères tenues dans d’autres provinces avaient causé des pénuries de médicaments dans le passé.
Le gouvernement a aussi souvent changé d’idée concernant les ristournes, les allocations professionelles et le taux de remboursement des médicaments, met aussi en contexte Vishaal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale.
«Québec préférerait sans doute cibler quelques molécules pour en voir l’impact avant d’élargir l’appel d’offres», croit M. Shreedhar
Bien qu’à ce stade, l’impact des appels d’offres soit encore difficile à mesurer pour Jean Coutu, l’analyste rappelle le pire scénario qui verrait sa filiale de fabrication de médicaments génériques Pro Doc perdre tous ses bénéfices d’exploitation. Cela amputerait 30 millions de dollars au bénéfice d’exploitation de Jean Coutu.
Dépendant des mesures que pourrait instaurer Jean Coutu pour contrer ce manque à gagner, son bénéfice se situerait entre 0,95 et 1,05$ en 2018, précise l’analyste. Ce bénéfice se compare à celui de 1,05$ réalisé en 2017.
Pro Doc est désavantagé par rapport aux autres fabricants de médicaments génériques qui ont la masse critique pour remporter les enchères. Il est toutefois possible que Pro Doc puisse s’allier à un autre fabricant dans l’appel d’offres.
Pour l’instant, l’analyste abaisse son cours cible de 25 à 24$, soit 19 fois le bénéfice projeté en 2019. Il se tient toutefois prêt à réviser ses perspectives dès que plus de détails transpireront au sujet du processus d’appel d’offres.
Même si son cours cible offre un potentiel de gain de 15%, M. Shreedhar émet pour le titre une recommandation neutre, de « performance de secteur ».
Jean Coutu tiendra son assemblée annuelle le 11 juillet, date à laquelle le détaillant dévoilera aussi les résultats du premier trimestre.
Empire: le revirement des épiceries devient tout à coup plus visible
Empire (EMP.A, 21,00$): le revirement des épiceries devient tout à coup plus visible
Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux, recommande à nouveau l’achat du propriétaire des épiceries Sobeys, IGA et Safeway et relève son cours cible de 19 à 25$ après les résultats encourageants du quatrième trimestre.
Empire a dégagé un bénéfice ajusté de 0,18$ par action, six cents de plus que le consensus.
Surtout, les ventes des magasins comparables ont décliné de 1,6% seulement alors que M. Sklar avait prévu une chute de 6%.
Le volume de ses ventes (les ventes comparables moins l’inflation) a aussi augmenté, de 0,3%, pour la première fois en 17 trimestres, souligne l’analyste. Le «tonnage» sert souvent de mesure de part de marché.
Les ventes de l’Ouest canadien, où Empire a dépêché trois cadres d’expérience pour redresser Canada Safeway, prennent du mieux.
M. Sklar est surpris de la performance des ventes avant même que l’épicier ait repositionné ses chaînes Sobeys et Safeway, ce qui est prévu pour 2018.
L’an prochain, Empire compte aussi réinvestir les économies de son plan de rationalisation dans ses prix.
Même si M. Sklar juge que les économies de 500M$ visées par Empire sont trop ambitieuses, des coupes de 250M$ sont suffisantes pour amener le titre à 25$.
Empire rapporte une baisse de 1,9% du prix de son panier alimentaire, similaire à celle de Metro, mais bien moins pire que le recul de 3,9% rapporté par Loblaw.
L’analyste en conclut que Safeway a probablement a réduit l’ampleur de ses promotions parce que les clients y réagissaient peu.
Empire prévoit aussi des dépenses en capital de 350 millions de dollars en 2018, beaucoup moins que les 460M$ dépensés en 2017.
Aritzia: RBC tempère un peu son enthousiasme pour le détaillant de Vancouver
Aritzia (ATZ,14,85$): RBC tempère un peu son enthousiasme pour le détaillant de Vancouver
Même si les perspectives de croissance et de rendement à long terme d’Aritzia sont toujours aussi bonnes qu’avant, Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, abaisse le multiple d’évaluation pour s’ajuster à la contraction des multiples de tous les détaillants, en particulier les commerces de vêtements.
Son multiple passe ainsi de 30 à 27,5 fois les bénéfices projetés en 2019, ce qui réduit son cours cible de 23 à 21$.
Étant donné le recul de 7% de l’action depuis son entrée en Bourse à 16$ en octobre, ce cours cible laisse tout de même entrevoir un généreux rebond de 41% du titre d’ici un an.
L’action de la maison de la mode de Vancouver, qui offre ses propres marques de vêtements, est tombée de 23% depuis le sommet de 19,40$ atteint le 13 octobre, dans l’emballement qui a suivi son entrée en Bourse.
Mme Nattel continue de croire qu’Aritzia mérite un multiple élevé étant donné la croissance annuelle composée de ses bénéfices de plus de 20% prévue d’ici 2021, ainsi que le rendement du capital investi prévu de plus de 20%.
L’analyste fait valoir qu’Aritzia est moins chèrement évaluée que la «première de classe» Dollarama, ce qui est juste étant donné le risque plus élevé des vêtements, mais que ses perspectives devraient lui valoir un multiple supérieur à celui de la moyenne des détaillants.
Aritzia prévoit doubler ses revenus d’ici 2021 en ouvrant 6 à 7% plus de magasins chaque année tout en ajoutant à ses ventes en ligne.
Mme Nattel semble aussi préparer ses clients à des résultats peu éclatants au premier trimestre qui sera dévoilé le 12 juillet.
Les revenus et le bénéfice d’exploitation croîtront de 18 à 19%, grâce à l’ouverture de trois nouvelles boutiques, mais le rythme des ventes des magasins comparables ralentira de 12,9 à 10,1%, en partie à cause du mauvais temps.
La marge brute devrait aussi fléchir de 40,5 à 40,3% parce que le détaillant profitera un peu moins du levier de ses revenus sur ses coûts d’occupation et d’achat de marchandises qu’il y a un an.
Le bénéfice par action devrait augmenter de 13% à 0,11$ par action, mais il restera stable à 0,09$, si on inclut l’important bond de la rémunération du plan d’options des dirigeants qui accompagne toute nouvelle entrée en Bourse. Cet impact devrait s’amenuiser à partir de l’an prochain.
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