Que faire avec les titres de BRP, Saputo et Uni-Sélect. Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
BRP (DOO, 37,03$): le dividende attirera de nouveaux investisseurs, le rachat réduira l’ombre de Bain
Le fabricant de produits récréatifs de Valcourt a réussi plus qu’un tour de chapeau en dévoilant des résultats nettement supérieurs aux attentes, en relevant ses prévisions annuelles de 2%, en instaurant un premier dividende et en annonçant le rachat de 8% de ses actions.
Enthousiaste, Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux, relève son cours-cible de 35$ à 44$, en précisant que le rachat ajouterait de 1,70$ à 2,90$ de plus à la valeur de l’action.
«Nous croyons que les résultats éclatants du premier trimestre et le retour du capital aux actionnaires justifient une réévaluation à la hausse du titre puisque le nouveau dividende de 1% attirera de nouveaux actionnaires», dit-il.
BRP bénéficiera d’importants catalystes à court terme, incluant le rachat de 350M$ de ses actions, le lancement de nouveaux véhicules tout terrain et des gains de parts de marché, ajoute l’analyste.
Au premier trimestre, le bénéfice de 0,25$ a triplé les attentes grâce à une baisse de 10M$ des charges d’exploitation qui a fait bondir le bénéfice d’exploitation de 41%, malgré la hausse de 2,8% des revenus.
Si elle rachetait 350M$ de ses actions, par l'entremise d'une adjudication (Dutch auction), BRP augmenterait son endettement à 2,1 fois son bénéfice d’exploitation. Ses flux de trésorerie excédentaires ramèneraient toutefois ce ratio à 1,8 fois dès 2018, estime M. Poirier.
Non seulement le rachat éliminera-t-il environ 8% des actions, dépendant du résultat de l’adjudication d’ici la fin de juillet, mais il atténuera le poids qui pesait sur le titre en raison de l’intention de Bain Capital de vendre des actions.
La famille Beaudoin-Bombardier compte aussi déposer une partie de ses actions à l’offre de rachat afin de préserver la proportion de ses droits de vote par rapport à ceux de Bain. Actuellement, Bain Capital détient 28,4% des actions, mais 37,6% des droits de vote, tandis que la famille Beaudoin-Bombardier cumule 36,9% des actions et 48,8% des droits de vote.
Ces deux actionnaires, qui ont racheté l’ex-division de Bombardier produits récréatifs en 2003, recevront aussi environ 20M$ annuellement en dividendes, après la vente d’environ 9,4 millions de leurs actions.
M. Poirier augmente de 0,10$ à 2,49$ par action ses prévisions de bénéfice, de 16 à 17 fois le multiple d’évaluation et se projette en 2019 pour établir son nouveau cours-cible d’un an de 44$.
Saputo (SAP, 43,37$): les ratés aux États-Unis sont temporaires, mais les incertitudes persistent
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Le manque à gagner de 0,09$ par action au quatrième trimestre par rapport aux prévisions provient entièrement de la division américaine de fromage où les volumes ont baissé, note Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux.
Cette division a dégagé un bénéfice d’exploitation de 150 millions de dollars, alors que M. Sklar avait prévu 200M$. L’an dernier, ce bénéfice était de 190M$.
Le manque à gagner de 40M$ serait attribuable à une baisse des prix (10M$) et des volumes ainsi que de l’effet des changes (7M$), «mais nous sommes surpris de l’ampleur de l’impact sur le bénéfice d’exploitation d’un déclin de moins de 5% du volume de fromage», écrit l’analyste.
Les facteurs en jeu seraient temporaires et les volumes et les prix du fromage ont depuis repris leur niveau normal, ont assuré les dirigeants pendant l’appel-conférence.
Ces explications ont d’ailleurs permis à l’action de Saputo de récupérer la moitié de ses pertes de 8% avant la clôture des échanges le 1er juin.
Par prudence, l’analyste réduit de 0,13$ à 1,95$ par action ses prévisions de bénéfices pour 2018 et de 0,07$ à 2,20$ celles pour 2019.
M. Sklar reste aussi sur ses gardes parce que les incertitudes lui semblent élevées au moment où l’action de Saputo est déjà bien évaluée en Bourse.
Son titre s’échange à un multiple de 13,4 fois son bénéfice d’exploitation, en haut de la fourchette de son évaluation depuis 2004.
L’analyste cite trois risques qui le gardent sur les lignes de côté. D’un, la division américaine est plus volatile qu’il ne le croyait.
De deux, on ne connaît pas encore les quotas d’importations de fromage en vertu du récent traité signé entre le Canada et l'Union européenne, l'accord économique et commercial global (AECG), mieux connu sous son acronyme anglais CETA.
De trois, la renégociation imminente de l’entente de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, l’Alena, comporte aussi des risques. Une nouvelle entente pourrait faciliter l’entrée au Canada de produits américains sans tarifs douaniers, note aussi M. Sklar.
En conséquence, il reste neutre envers le titre. Son cours cible inchangé de 48$ laisse toutefois entrevoir un rendement total de 12%, avec le dividende de 1,4%.
Uni-Sélect (UNS, 30,04 $): le grossiste de pièces d’autos s’offre un 3e axe de croissance, mais s’endette
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Si l’achat majeur de la Britannique The Parts Alliance plaît, en donnant un troisième axe de croissance à Uni-Sélect, l’absence de synergies et la hausse de la dette déplaisent à Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux.
Le grossiste de pièces de rechange et de peinture automobiles semble avoir sauté sur l’occasion d’entrer dans le marché britannique grâce aux liens qu’avait déjà établi le nouveau PDG d’Uni-Sélect avec Parts Alliance, lui permettant ainsi de se faufiler avant une mise aux enchères du deuxième distributeur britannique.
Parts Alliance est numéro deux avec une part de 7% du marché loin derrière le numéro un Euro Parts. Avec 38% du marché, Euro Parts se bute déjà aux autorités de la concurrence, ce qui pourrait laisser le champ plus libre à Parts Alliance pour continuer à avaler des grossistes comme elle le fait depuis 2014.
L’achat de 265M$US se fait à prix juste, mais il fera grimper la dette d’Uni-Select à 3,3 fois son bénéfice d’exploitation, un ratio élevé qui réduit sa flexibilité pour financer ses autres ambitions de croissance interne et d’acquisitions en Amérique du Nord, craint M. Poirier.
La dette accrue et l’absence de synergies l’incitent donc à réduire son multiple d’évaluation et son cours cible de 37$ à 36$.
Parts Alliance ajoute seulement 0,01$US au bénéfice de 2017 et 0,03$US par action l’année suivante, estime-t-il. Il continue de recommander de conserver le titre.
«Nous restons sur les lignes de côté jusqu’à ce que l’endettement diminue et que l’intégration de Parts Alliance progresse», dit-il.
M. Poirier relèverait toutefois son cours cible à nouveau si Uni-Sélect émettait des actions pour renforcer son bilan, même si de nouvelles actions dilueraient les actionnaires existants.
Une émission d’actions de 100M$ ramènerait le ratio d’endettement à 2,5 fois. Cette nouvelle flexibilité pour conclure d’autres acquisitions justifierait alors une réévaluation du titre à la hausse même si le plus grand nombre d’actions amputerait 1$ de la valeur du titre, donne-t-il en exemple.