Que faire avec les titres de BRP, Opsens et TransCanada. Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
BRP (DOO, 22,48$): le risque bien réel de tarifs sur les produits fabriqués au Mexique justifie une évaluation inférieure
L’action du fabricant de motomarines, motoneiges et véhicules tout terrain a chuté de 10% depuis deux semaines de crainte que le nouveau gouvernement Trump impose des tarifs à l’importation des produits fabriqués au Mexique.
Si le risque pour la stratégie de BRP est bien réel puisque tous ses véhicules tout terrain et ses véhicules nautiques sont fabriqués au Mexique, Cameron Doersken, de la Financière Banque Nationale, croit qu’une partie se reflète déjà dans l’évaluation actuelle.
L’action de BRP s’échange déjà à un multiple d’évaluation de 25% inférieur à sa propre moyenne et à celui de son grand rival Polaris Industries(NY, PII, 85,38$US) qui fabrique aussi la moitié de ses véhicules tout terrain au Mexique, dit-il.
«Nous ne sommes pas prêts à sonner l’alarme puisque l’imposition de tarifs augmenterait les prix pour les consommateurs américains d’une foule de produits fabriqués au Mexique par les fabricants américains. De plus, le Mexique est aussi la deuxième destination des exportations américaines», rappelle l’analyste.
Le retour de tarifs de 3 à 4%, soit le taux qui prévalait avant l’ALENA, serait gérable pour BRP, qui pourrait augmenter ses prix et réduire ses coûts davantage pour compenser, évoque aussi l’analyste.
M. Doersken juge tout de même prudent d’abaisser le multiple d’évaluation de 7,5 à 7 fois le bénéfice d’exploitation et son cours cible d’un an de 31 à 28$. Ce cours cible est porteur d’un regain potentiel de 25%.
«Même s’il n’y a pas d’impact à court terme sur BRP, l’incertitude continuera de peser sur le titre», admet l’analyste.
Entre-temps, pour le troisième trimestre qui sera dévoilé le 9 décembre, les prévisions de M. Doersken sont inférieures à celles de ses collègues en raison du recul de la demande pour les véhicules tout terrain.
Il table sur un bénéfice d’exploitation de 164 millions de dollars par rapport à 170M$ pour ses collègues et un bénéfice de 0,70$ par action, par rapport à 0,75$ pour l’ensemble des analystes.
Il s’attend aussi à ce que le lancement de nouveaux véhicules tout terrain et une nouvelle génération de motoneiges aident BRP à gagner des parts de marché.
Il continue donc de recommander l’achat du titre.
Opsens (OPS, 1,55$): le démarrage coûteux de la production à grande échelle rapportera à partir de 2017
Opsens (OPS, 1,55$): le démarrage coûteux de la production à grande échelle rapportera à partir de 2017
Il faudra attendre l’an prochain pour que le démarrage de la production commerciale à grande échelle de son nouveau capteur à fibre optique qui mesure la pression sanguine des artères coronariennes montre de premiers signes de rentabilité.
Rappelons que ce capteur a été conçu pour trouver un nouveau débouché prometteur pour sa technologie jusque là utilisée pour mesurer la température et la pression des pompes électriques des puits de pétrole.
Si les revenus de 3 millions de dollars du quatrième trimestre et de 9,6M$ pour l’année 2016 ont répondu aux attentes de Douglas Miehm de RBC Marchés mondiaux, la marge brute de 4% a complètement raté la cible de 41% de l’analyste.
Les coûts trimestriels de 3,2M$ ont été le double de ses prévisions.
«L’embauche et la formation d’une cinquantaine de nouveaux employés à la nouvelle usine de Québec coûtent cher. Il est normal pour un fabricant émergent de connaître des problèmes de départ. La croissance et les marges prendront leur envol l’an prochain», écrit M. Miehm.
L’analyste rappelle que le plan de la société prévoit la fabrication de 1 000 unités par semaine, au début de 2017.
L’analyste juge bon de réduire ses attentes pour 2017. Les revenus prévus restent à 17,7M$, mais M. Miehm abaisse la marge brute de 56 à 50% et augmente la perte d’exploitation de 7,7 à 9,3M$. La perte nette par action sera de 0,03$ par action, au lieu de 0,02$.
L’analyste de RBC ne touche pas à son cours-cible de 2$ ni à la cote spéculative de sa recommandation d’achat.
Opsens veut percer le vaste marché américain où son nouveau capteur plus performant concurrence ceux du géant St. Jude Medical. Un placement privé de 5M$ réalisé en mai, au cours de 1,55$, visait à financer cette offensive.
TransCanada (TRP, 60,48$): son virage progresse bien, mais il est gourmand en capital
TransCanada (TRP, 60,48$): son virage progresse bien, mais il est gourmand en capital
L’exploitant d’oléoducs et de gazoducs poursuit le repositionnement nécessaire pour sécuriser sa croissance et sa capacité à réaliser ses promesses de faire croître son dividende annuel de 8 à 10%, d’ici 2020.
La laborieuse transformation tient les analystes en alerte tellement le géant de Calgary multiplie les initiatives.
Pour financer en partie l’achat de Columbia Pipeline en mars, TransCanada devrait vendre ses intérêts dans des gazoducs mexicains, mais la société a choisi d’émettre encore des actions, 3,5 milliards de dollars.
Robert Kwan, de RBC Marchés des capitaux, juge que c’est une bonne décision de répartition de capital que d’émettre des actions à un multiple de 14 fois son bénéfoce d'exploitation au lieu de vendre les gazoducs mexicains au rabais.
Surtout que le bénéfice d’exploitation des gazoducs mexicains est appelé à quadrupler d’ici 2018.
Toutefois, l’analyste de RBC préférerait que l’entreprise élabore à l’avenir un programme de financement solide qui exclut l’émission d’actions, qui dilue la part des profits futurs des actionnaires existants.
Surtout que sa dette nette de 50,5 milliards de dollars équivaut à 63,2% de son capital total.
M. Kwan apprécie quand même les nouvelles perspectives de croissance de TransCanada, au moment où la hausse des taux d’intérêt comprime l’évaluation de tous les titres de dividendes.
L’achat récent de l’Américaine Columbia Pipeline Group pour 13 G$US a une valeur stratégique dans les bassins américains de gaz naturel Marcellus et Utica et ajoutera à ses bénéfices pour des années à venir. Le réseau de 24 000 km s’étend de New York au golfe du Mexique.
Le retour du projet de construction de 8 milliards de dollars de l’oléoduc Keytone XL aux États-Unis, après l’élection de Donald Trump, est aussi positif, bien qu’on ne connaisse pas les nouvelles conditions qui seront imposées. M. Kwan lui donnait une valeur de 4$ par action avant le rejet par l’administration Obama.
M. Kwan continue de recommander l’action de TransCanada et maintient son cours-cible d’un an de 72$, soit un potentiel de gain de 19%.