Que faire avec les titres de BRP, Loblaw et Gildan. Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
BRP (DOO, 26,63$): de bons résultats à venir, mais son titre reste otage de l’effet Trump
Le 24 mars, BRP devrait produire un bon quatrième trimestre, son meilleur de l’année, mais son action reste otage de la menace de tarifs potentiels sur l'importation de produits mexicains aux États-Unis, où l’entreprise fabrique plusieurs de ses véhicules récréatifs.
C’est ainsi que Cameron Doersken, de la Financière Banque Nationale, place le couvert pour le dévoilement des résultats annuels et des objectifs pour 2018 de la société de Valcourt.
Il prévoit une hausse de 9,7% des revenus à 1,2 milliard de dollars et de 20,9% du bénéfice à 0,75$ par action, au quatrième trimestre.
L’analyste s’avance même jusqu’en 2018, pour laquelle il prévoit une augmentation de 5 % des revenus à 1,7G$ et un bond 17% du bénéfice à 2,19$ par action.
Grâce à des produits performants, BRP se défend bien dans une conjoncture difficile en Amérique du Nord marquée par des rabais à cause de la faiblesse persistante de la demande dans les régions agricoles ou de production de pétrole.
«BRP surpasse ses rivaux avec une approche fonceuse, menée par le lancement de nouveaux véhicules tout terrain et gagne des parts de marché. Les ventes de motoneiges devraient être solides malgré l’hiver doux», note l’analyste.
M. Doersken s’attend aussi à ce que l’accélération de l’économie américaine stimule les ventes de véhicules récréatifs en 2018.
«Toutefois, tant que l’entreprise ne pourra pas préciser sa future stratégie de fabrication au Mexique, le titre risque de vivoter en Bourse», croit-il.
BRP fabrique environ la moitié de ses véhicules au Mexique, dont ses VTT, ses véhicules côte-à-côte et ses motomarines. Elle y comte trois usines et y emploie 40% de ses effectifs. Au prix de gros, un milliard de dollars de ces produits sont expédiés aux États-Unis.
L’action de BRP ne négocie à un multiple de 7 fois le bénéfice d’exploitation attendu en 2018, inférieur à sa moyenne historique de 8,7 fois. Sa grande rivale américaine Polaris Industries(PII,86,70$US) obtient un multiple de 10 fois en Bourse.
M. Doersken maintient son cours cible de 30$ et réitère sa recommandation d’achat.
Loblaw (L, 71,05$): l’épicier et pharmacien combat mieux qu’avant les vents de face
Loblaw (L, 71,05$): l’épicier et pharmacien combat mieux qu’avant les vents de face
Grâce à l’implantation d’un nouveau système intégré de gestion, Loblaw se défend mieux qu’avant dans une conjoncture exigeante marquée par la déflation alimentaire et la baisse des prix des médicaments.
Au quatrième trimestre, les ventes comparables ont crû de 0,1% en ajustant pour la fermeture des magasins au Nouvel An qui tombait dans le trimestre comparatif de l’an dernier.
Cela se compare à une déflation des aliments de 2,3% et signale que Loblaw réussit à investir dans ses prix pour augmenter le nombre de transactions.
Loblaw a aussi augmenté sa marge d’exploitation de 0,44% de 8,2%, un autre signe que le détaillant améliore sa gestion interne.
Chez Shoppers, les ventes de cosmétiques et l’adoption des marques maisons de Loblaw ont nourri une hausse de 4,1% des ventes comparables, au quatrième trimestre.
Par contre, les ventes comparables de prescriptions ont crû de 2,5%, par rapport à une hausse de 4,5% du nombre de prescription. Cela témoigne des énormes pressions sur les prix des médicaments exercées par les divers gouvernements.
La hausse trimestrielle de 11% du bénéfice ajusté à 0,97$ était conforme à ses attentes.
M. Howlett croit que Loblaw instaure la gestion disciplinée du capital qui a fait la réussite de Metro: faire croître ses ventes comparables modestement, stabiliser sa marge brute, contrôler ses dépenses d’exploitation et produire une croissance plus régulière des bénéfices, tout en rachetant plus activement ses actions et en bonifiant son dividende.
M. Howlett se projette en 2018 pour augmenter son cours cible de 82 à 84$. La déflation alimentaire devrait aussi s’atténuer plus tard en 2017.
En revanche, les efforts des gouvernements pour réduire le prix des médicaments restent un important facteur de risque pour la société.
Vêtements de sports Gildan (GIL, 33,20$): les vêtements de marques ne sont pas encore la locomotive prévue
Vêtements de sports Gildan (GIL, 33,20$): les vêtements de marques ne sont pas encore la locomotive prévue
Gildan compte toujours transposer sa réussite dans les vêtements à imprimer aux vêtements de marques, en s’appuyant sur ses usines à bas coûts, mais le virage tarde à donner des résultats.
Au quatrième trimestre, les ventes des vêtements de marques ont baissé de 6,5%, sans l’effet des acquisitions, estime Christian Buss, de Credit Suisse.
En fait, le rythme de croissance des bénéfices de cette division a été d’à peine 2%, depuis quatre ans, évalue-t-il.
Les difficultés des grands détaillants américains, qui réduisent leurs stocks en magasin en réaction à la concurrence que leur livrent les détaillants en ligne, explique en bonne partie pourquoi Gildan n’a pas encore réussi à s’imposer dans ce marché, explique l’analyste.
«Gildan n’a pas encore trouvé la solution pour accélérer ses gains de parts de marché et pour produire une croissance interne des ventes dans les vêtements de marque privée», évoque M. Buss.
La trop grande place qu’occupent les vêtements de base dans son offre (sous-vêtements, chaussettes et t-shirts), ainsi que des dépenses de marketing insuffisantes, l’ont empêché jusqu’ici de gagner des parts de marché, ce qui l’a rendu vulnérable à la détérioration des conditions du marché, élabore M. Buss.
L’analyste a bon espoir que l’acquisition récente de la marque American Brand, avec son offre élargie de vêtements décontractés, l’aidera à obtenir une place de choix dans les présentoirs des détaillants au cours des 2 à 3 prochaines années.
Entretemps, l’analyste réduit légèrement ses prévisions pour les deux prochaines années, mais prévoit toujours une hausse respectable de 11%.
Il abaisse de 4% à 2,8 milliards (G$) de dollars américains ses prévisions de revenus et d’un pourcent celles pour le bénéfice à 1,69$US par action, pour 2017.
Pour 2018, il diminue ses projections de revenus reculent de 4% à 2,9G$US, tandis que celles du bénéfice diminuent de 2,5% à 1,90$US par action.
Son cours cible passe de 43 à 39$, mais M. Buss continue de recommander l’achat du titre.
Le potentiel à moyen terme des vêtements de marques est encore très attrayant. En attendant, la société partage ses flux de trésorerie excédentaires avec ses actionnaires, par le biais de dividendes et de rachats d’actions.
Après avoir investi 9% de ses revenus dans ses usines, depuis trois ans, ces dépenses diminueront en 2017, ce qui fera grimper ses flux de trésorerie excédentaires à plus de 400 millions de dollars US, en 2017.
En 2016, Gildan a distribué 470M$ à ses actionnaires, en rachetant notamment 394,5M$ de ses actions.
L’entreprise vient aussi de majorer son dividende annuel de 20% à 0,37$US par action, pour la cinquième année consécutive.
La société prévoit aussi d’autres acquisitions pour alimenter sa croissance. Elle en a réalisé 900 M$US d’acquisitions depuis 2011 pour percer le marché des vêtements de marques et pour renforcer son leadership du segment des vêtements à imprimer pour grossistes.