Que faire avec les titres de Bombardier, Québecor et Aimia. Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Bombardier (BBD.B, 2,05$): l’atteinte des objectifs redonne de la crédibilité, malgré la tempête de gouvernance
Si on met de côté la controverse entourant les politiques de rémunération et la démotion de Pierre Beaudoin, Bombardier gagne en crédibilité en atteignant les objectifs qu’elle s’était fixée pour la première année de son plan de redressement de cinq ans, soutient Walter Sprackling, de RBC Marchés des capitaux.
Au premier trimestre, le bénéfice d’exploitation ajusté a atteint 128 millions de dollars américains, mieux que les prévisions de 112M$US. Bombardier a aussi brûlé légèrement moins de liquidités que prévu.
Même si les revenus ont été inférieurs aux attentes, les meilleures marges que prévues reflètent l’effort de réduction de coûts de la société, dit-il.
Les dirigeants se sont montrés confiants concernant leurs deux appareils-clés, soit les livraisons des premiers CSeries et leur potentiel de vente maintenant que dix appareils sont en service, ainsi que pour les progrès de la mise au point du Global7000.
Bombardier prévoit toujours la livraison de 30 à 35 CSeries en 2017.
«L’atteinte des objectifs rebâtit la confiance, améliore la crédibilité des dirigeants, et ajoute à la conviction que le plan de cinq ans est réalisable», évoque M. Spracklin.
Si la compagnie continue sur cette voie, les investisseurs commenceront à donner plus de valeur au dernier stage du plan, soit la réduction de la dette prévue pour 2019-2020, croit l’analyste.
M. Spracklin réitère donc sa recommandation d’achat spéculative et son cours cible d’un an de 3$, qui offre un potentiel de rebond de 46%.
Ce cours cible tient compte du fait que les commandes fermes de CSeries restent modestes, ce qui justifie d’amputer 20% à l’évaluation de la division aéronautique par rapport à celle de ses concurrents.
L’analyste juge que les liquidités de 3,9 milliards de dollars américains dont Bombardier dispose sont suffisantes pour mener à terme la mise en production du CSeries et offre même d’un petit coussin pour les imprévus.
L’analyste de RBC préfère tout de même jouer de prudence en prévoyant que les flux de trésorerie de Bombardier couvriront toutes ses dépenses un an plus tard que ne le prévoit la société, soit en 2019.
M. Spracklin se montre aussi rassuré par le fait que les projections de flux de trésorerie de la société concordent bien avec l’échéance de plusieurs dettes, ce qui lui confère de la flexibilité pendant la phase de démarrage de la production des CSeries et celle de mise au point du Global7000.
Québecor (QBR.B, 41,53$): la croissance des abonnés justifie un cours cible plus élevé
Québecor (QBR.B, 41,53$): la croissance des abonnés justifie un cours cible plus élevé
Québecor se débrouille très bien face à la concurrence de Bell Canada dans son marché grâce à ses forfaits différenciés et à ses prouesses de mise en marché plutôt qu’en misant sur les bas prix, juge Maher Yaghi, de Desjardins Marché des capitaux.
Cette stratégie, son service à la clientèle réputé et l’adoption en masse du sans-fil devraient lui donner plusieurs années de croissance devant elle, croit l’analyste qui prévoit une hausse de 5% du bénéfice d’exploitation en 2017 et en 2018.
Il augmente ses prévisions pour 2017 et 2018 et son cours cible d’un an de 44,50 à 47,50$, et réitère sa recommandation d’achat.
Au premier trimestre, la croissance des abonnés de tous ses services (câble, sans-fil, internet) a surpassé les attentes, à l’exception de la téléphonie par câble.
Dans un trimestre fort pour toute l’industrie sans-fil, Québecor se targue d’avoir atteint une part de marché record de 23% de l’ajout brut de nouveaux abonnés au premier trimestre, mais M. Yaghi l’estime plutôt à 16%.
«Québecor a livré une bonne croissance de ses services filaires malgré un produit inférieur à ses rivaux en télévision par câble. Les promotions offertes ont attiré les abonnés. En conséquence, le revenu moyen par abonné tant pour le câble que l’Internet a été inférieur aux prévisions», signale M. Yaghi. L’analyste ajoute toutefois que les rabais sont modestes et nuisent peu aux marges pour l’instant.
«Les bons résultats du premier trimestre améliorent tout de même notre appréciation des perspectives à long terme du service de câble», dit-il.
En revanche, le revenu moyen par abonné internet a crû d’à peine 1% au premier trimestre, le plus faible taux de croissance affiché depuis le quatrième trimestre de 2014, précise l’analyste.
«Étant donné l’importance du service internet pour l’avenir de tout câblodistributeur, il sera crucial pour la société d’améliorer son pouvoir de prix du service internet afin de ne pas sacrifier sa rentabilité à long terme au profit de la croissance des abonnés», fait valoir M. Yaghi.
L’analyste se dit aussi encouragé par le nombre de visionnements des premières séries télévisées francophones conçues pour le Web, dans lesquelles Québecor a investi 14M$ l’an dernier.
L’analyste garde à l’œil la rivalité accrue que lui livrera le service Fibe de Bell Canada parce que le déploiement du réseau Montréal chevauchera bientôt 40% celui de Vidéotron.
Il surveillera aussi la réaction des abonnés à l’interdiction récente imposée au service de musique illimitée de Vidéotron par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).
«Au cours actuel, l’action est encore attrayante puisqu’elle s’échange au rabais par rapport à l’évaluation moyenne de ses semblables malgré une croissance du benefice d’exploitation supérieure à la moyenne», conclut-il.
Aimia (AIM, 3,33$): crise existentielle pour le gestionnaire de programmes de fidélité abandonné par son créateur
Aimia (AIM, 3,33$): crise existentielle pour le gestionnaire de programmes de fidélité abandonné par son créateur
Abandonné par le transporteur aérien qui l’a mis au monde, le gestionnaire de programme de fidélité Aimia est carrément dans une crise existentielle, croit Tim Casey, de BMO Marchés des capitaux.
Air Canada, qui a fourni à Aimia environ 103% de son bénéfice d’exploitation au plus récent trimestre révèle l’analyste, a choisi de lancer son propre plan de fidélité et a décidé à l’échéance du contrat en 2020.
Même après son plongeon vertigineux de 63% jeudi, l’analyste suggère de vendre le titre puisque le scénario évoqué d’une offre d’achat de la part d’Air Canada tombe à l’eau, les membres et les partenaires au service Aeroplan risquent de quitter le navire, tandis que le dividende sera vraisemblablement coupé ou éliminé.
Pour la forme, M. Casey établit un cours cible de 3$, près du cours actuel, en attendant la rencontre des investisseurs de septembre pendant laquelle Aimia compte dévoiler sa nouvelle stratégie.
Après quatre mois de repos médical, le fondateur, chef de la direction et négociateur principal de l’entente avec Air Canada, Rupert Duchesne, quitte son poste. Le president par interim David Johnston, assume le poste de façon permanente.
Le nouveau président a déjà entrepris un plan de coupes pour économiser 70 millions de dollars, qui verra sans doute la société abandonner certaines de ses activités ou vendre certains de ses placements dans d’autres programmes de fidélité, croit M. Casey.
Avec un bénéfice d’exploitation estimé à moins de 200M$ pour 2018, Aimia s’approche aussi dangereusement du ratio dette-bénéfice d’exploitation de 3,5 fois exigé par ses prêteurs, indique aussi l’analyste.
Il a toujours été ardu de modéliser les flux de trésorerie de cet ex-fiducie de revenu en raison de la complexité du mécanisme opaque d’accumulation et de réclamation de points, reconnaît M. Casey. La décision d’Air Canada rend cet exercice encore plus périlleux.