Que faire avec les titres d’Alimentation Couche-Tard, de Transat A.T., et de Manuvie? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Alimentation Couche-Tard (ATD.B, 35,45$): sa constance justifie une évaluation généreuse
Au moins neuf analystes ont haussé leur cours-cible pour l’exploitant de dépanneurs après le dévoilement d’une hausse supérieure aux attentes de 23% de son bénéfice, au premier trimestre.
Des meilleures marges brutes que prévu aux États-Unis et en Europe ont compensé pour la croissance plus faible que prévu des ventes des dépanneurs ouverts depuis plus d’un an.
La société pourrait enfin faire son entrée dans le S&P/TSX 60 le 12 septembre, prévoient deux analystes. Un troisième mise plutôt sur le mois de décembre.
Il est aussi difficile de ne pas aimer une hausse de 12,5 % du dividende, la quatrième augmentation en 18 mois.
Les analystes sont prêts à payer le prix fort pour Alimentation Couche-Tard, car l’entreprise a de multiples avenues pour continuer à procurer de la croissance et du rendement à ses actionnaires : en accroissant les ventes de ses dépanneurs existants, en ouvrant de nouveaux dépanneurs, en réalisant des acquisitions rentables et en distribuant du capital via un dividende croissant.
Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, hausse son cours-cible de 33 à 36 $, en portant à 19 fois le multiple d’évaluation du titre, en fonction des bénéfices prévus à mi-chemin entre 2016 et 2017.
Cela se compare à son évaluation moyenne de 14,6 fois depuis cinq ans.
Le nouveau cours-cible de 40 $ de Derek Dley, de Canaccord Genuity, repose sur un multiple de 20,4 fois les bénéfices projetés pour 2016.
L’offre de produits frais en magasin et des promotions ciblées fonctionnent bien, dit-il. Les synergies promises de 150 à 200 M$ de l’intégration de Statoil Fuel & Retail s’accéléreront au cours des cinq prochains trimestres.
M. Dley s’attend toujours à ce que la prochaine acquisition de la société se réalise en Europe, où les prix demandés par les vendeurs sont moins soufflés qu’aux Etats-Unis.
Son titre mérite son évaluation élevée, estime Martin Landry, de GMP Valeurs mobilières, étant donné la hausse constante de ses bénéfices, des rendements élevés de l’avoir des actionnaires et du capital investi, les synergies encore à tirer de Statoil, ainsi qu’un bilan pour réaliser d’autres acquisitions.
M. Landry s’attend à ce que les synergies ultimes de Statoil dépassent les objectifs de 150 à 200 M$ US que la chaîne s'est fixée.
En octobre, le franchiseur décidera s’il étend son programme d’aliments frais à plus de régions aux États-Unis, après un projet-pilote de 500 dépanneurs depuis trois ans.
Enfin, Alimentation Couche-Tard accélère l’ouverture de dépanneurs dans le sud et l'ouest des États-Unis en exploitant la force que lui confère son vaste parc de terrains. « Ce changement de stratégie est peut-être motivé par la difficulté de réaliser des acquisitions rentables aux États-Unis », dit-il.
Transat A.T. (TRZ.B, 9,09 $): la concurrence ternit encore les perspectives de revirement
Transat A.T. (TRZ.B, 9,09 $): la concurrence ternit encore les perspectives de revirement
Les perspectives du voyagiste se sont en effet un peu détériorées au fil de l’été, avec des prix sous pression, depuis le début de juin.
L’hiver prochain s’annonce aussi très concurrentiel avec l’ajout de 6 à 7 % de la capacité de vol par l'ensemble des transporteurs vers les destinations du sud, comparativement à une hausse de 3 % l’hiver dernier, explique l’analyste.
Sa rivale Sunwing, notamment, exploitera 38 appareils, six de plus qu’en 2012-13.
De plus, la flotte croissante du transporteur à rabais Rouge d’Air Canada accentuera aussi les pressions concurrentielles au cours des étés de 2015 et de 2016, ajoute-il. Le transporteur double à 16 le nombre de ses appareils Boeing 767 sur les vols transatlantiques.
Malgré tout, M. Doersken estime que le titre de Transat reflète déjà en bonne partie les défis concurrentiels qu’affronte le voyagiste.
De plus, les mesures de rationalisation du voyagiste et sa meilleure offre de forfaits exclusifs assureront tout de même un meilleur bénéfice d’exploitation cet hiver que l’an dernier.
Pour le troisième trimestre, M. Doersken prévoit toujours un recul de 16 % du bénéfice d’exploitation à 44,8 M$ et de 22 % du bénéfice à 0,63 $ par action.
Toutefois, mais il réduit de 8 % ses prévisions pour le bénéfice annuel qui passent de 0,96 à 0,88 $ par action et de 23 % ses projections pour celui de 2015 (de 1 à 0,81 $ par action).
Ben Venditelli, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, prévoit aussi une chute de 25 % du bénéfice au troisième trimestre à 0,60 $ par action. Néanmoins, Il croit toujours au potentiel de revirement de Transat qui coupe ses coûts et réduit sa capacité de vol afin de tirer un meilleur rendement de chaque siège vendu.
Il continue d’en recommander l’achat avec un cours-cible de 14,50 $.
Manuvie (MFC, 22,36 $): une acquisition simple et rentable à plus long terme
Manuvie (MFC, 22,36 $): une acquisition simple et rentable à plus long terme
L’acquisition de Standard Life a beau être le deuxième plus gros achat pour Manuvie depuis John Hancock en 2009, il est relativement mineur pour le géant de l’assurance-vie.
La transaction de 4 milliards de dollars sera modestement rentable la première année et ajoutera 0,03 $ par action ou moins de 2 % au bénéfice annuel de Manuvie, d'ici 2017.
Manuvie paie un prix juste, d’environ deux fois la valeur comptable ou 13,6 fois les bénéfices pour Standard Life, estime Kevin Choquette, de Credit Suisse, une évaluation similaire à celles de transactions antérieures dans l’industrie, depuis 1997.
L’achat ajoutera aussi 2 milliards de dollars d’actif intangible au bilan de Manuvie.
Surtout, cette transaction n’influence pas les ratios de capital que Manuvie doit maintenir, ni sa capacité à augmenter son dividende ou à considérer d’autres acquisitions.
« Sa valeur cachée repose sur la distribution des produits de Standard Life dans le réseau mondial de Manuvie », indique John Aiken, de Barclays, dans une note préliminaire.
L’achat empêchera probablement Manuvie d’atteindre son objectif d’un rendement de l’avoir des actionnaires de 13 % à court terme, mais lui permettra de réaliser des bénéfices de base supérieurs aux 4 milliards de dollars, prévus pour 2016.
La Caisse de dépôt et placement du Québec participe au financement de la transaction en doublant à 1 milliard de dollars son investissement dans le capital de Manuvie, en échange de promesses de renforcer Montréal comme marché financier. L’investissement de 500 M$ de la Caisse se fait parallèlement à une émission de droits de souscription de 1,6 milliard.
Environ 1600 des 2000 employés canadiens de Standard Life travaillent en effet à Montréal.
M. Aiken salue la simplicité de la transaction pour Manuvie au moment où l’engouement pour les actifs en Asie diminue les occasions d’acquisitions rentables dans ce marché.
La marque Standard Life disparaîtra progressivement à mesure qu'elle sera intégrée àa Manuvie.