Que faire avec les titres d’Alimentation Couche-Tard, Lunetterie New Look et de Telus? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Alimentation Couche-Tard (ATD.A, 30,90 $): la spéculation concernant la chinoise Sinopec n’est pas crédible
Avant même que l’exploitant de dépanneurs ait nié être engagé dans une transaction pour 30% du plus important détaillant de pétrole au monde Sinopec, les analystes jugeaient la spéculation diffusée par Reuters peu sérieuse.
Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, énumère trois raisons pour lesquelles il n’y croyait pas: l’achat d’un intérêt minoritaire irait à l’encontre du contrôle des décisions et de l’exploitation qu’exige la société, une transaction de cette envergure exigerait que la société s’endette au maximum et émette beaucoup d’actions et enfin elle ne correspond pas aux intentions communiqués dans le passé par la société, qui veut percer l’Asie de manière prudente et seulement à moyen terme.
M. Shreedhar maintient son cours-cible de 32$.
Derek Dley, de Canaccord Genuity, préfère s’attarder aux résultats du premier trimestre de 2015 qui seront dévoilés le 3 septembre.
L’analyste prévoit une hausse de 19% du bénéfice à 0,46$US par action, soit un peu plus que le consensus de 0,42$US, grâce à une augmentation prévue des marges d’essence.
Les ventes des magasins ouverts depuis plus d'un an devraient croître de 3% aux États-Unis, de 2% au Canada et de 1,5% en Europe.
Les synergies attendues de l’intégration de Statoil Fuel and Retail devraient améliorer les marges brutes en Europe de 0,3% à 40,9 %, alors qu’elles reculeront de 0,2% au Canada à 33,8%.
«Nous croyons toujours que la société réalisera des synergies de 150 à 200 M $US, d’ici la fin de 2015», précise-t-il.
Il augmente donc son cours-cible de 33 à 36$, soit 19,7 fois les bénéfices prévus dans 12 mois, un multiple qu’il justifie par le bon bilan de la société et sa longue feuille de route de croissance interne et par ses acquisitions rentables.
David Hartley, de Credit Suisse, ne touche pas à son cours-cible de 28$, car il considère son titre déjà bien évalué (19 fois) par rapport à ses semblables CST Brands (16,8) et Caseys (17,6).
New Look (BCI, 22,00 $): après Greiche Scaff, l’ouest du Québec
New Look (BCI, 22,00 $): après Greiche Scaff, l’ouest du Québec
Maintenant que son employeur Financière Banque Nationale a complété le placement de 10 M$ d’actions de Lunetterie New Look, l’analyste Leon Aghazarian, est libre de commenter l’acquisition en cours de Greiche & Scaff, pour 17,75 millions de dollars.
Le prix payé lui apparaît juste puisqu’il est de six bois le bénéfice d’exploitation de Greiche & Scaff, alors que New Look a payé 8 fois pour Vogue Capital, dont les marges de 23 % sont deux fois supérieures à celle de Greiche & Scaff, après les synergies.
Pour générer des synergies d’un à deux millions de dollars, New Look devra toutefois dépenser 4 millions de dollars, estime M. Aghazarian, notamment pour consolider les laboratoires.
Avec Greiche & Scaff, New Look cumulera 190 magasins, et se hissera ainsi devant ses rivaux Iris et Hakim Optical, avec une part de marché de 8 % (6 % avant la transaction).
Une fois les 49 magasiins de Greiche & Scaff et son laboratoire de lentilles intégrés, New Look relancera la machine à marketing pour exploiter la notoriété complémentaire des deux marques et mieux segmenter la clientèle. Les magasins de Greiche & Scaff sont surtout situés dans des mails tandis que ceux de New Look ont davantage pignon sur rue.
Avec 117 magasins au Québec, New Look devrait ensuite tourner ses canons d’acquisition vers l’Ontario et l’Ouest canadien pour poursuivre sa consolidation de l’optique au Canada, prévoit-il.
M. Aghazarian estime qu’avec son accès à du financement bancaire et à la Bourse pour du capital, New Look a les moyens d’acquérir 60 magasins qui ajouteraient 9 à 10 M$ à son bénéfice d’exploitation.
Pour 2015, M. Aghazarian prévoit des revenus de 167 M$, un bénéfice d’exploitation de 31,2 M$ (marge de 18,2 %) et un bénéfice par action de 0,94 $, soit 56 % de plus que celui réalisé en 2013.
L’analyste de la Financière Banque Nationale hausse donc son cours-cible de 23.50 à 25,50 $, soit de 12,5 fois le bénéfice d’exploitation projeté pour 2015.
Telus (T, 38,43 $): ses dirigeants gardent confiance, malgré la concurrence qui se profile
Telus (T, 38,43 $): ses dirigeants gardent confiance, malgré la concurrence qui se profile
Après avoir organisé une rencontre d’investisseurs avec les dirigeants de Telus, Dvai Ghose, de Canaccord Genuity, se dit confiant que la société pourra atteindre ses objectifs, malgré la venue de plus en plus probable d’un quatrième fournisseur national plus solide.
Cette mise au point survient après une chute de 9 % de son action depuis le 4 juin.
« Ses promesses pour une hausse annuelle de 10 % du dividende, et de rachats annuels de 500 M$ d’ici 2016, ne dépendent pas d’un environnement réglementaire favorable », ont assuré les dirigeants.
La société a aussi rappelé que la progression de ses flux de trésorerie ne dépend pas entièrement de ses activités sans-fil puisque son service filaire croît, contrairement à celles de Bell, Rogers, Shaw et Vidéotron, qui perdent des abonnés.
Son service filaire accroît aussi son bénéfice d’exploitation depuis sept trimestres.
M. Ghose réitère sa recommandation d’achat et son cours-cible de 43 $. « Le titre de la société n’a pas perdu sa combinaison unique de croissance et de valeur refuge », dit-il.