Que faire avec les titres de Banque TD, Marché Goodfood et Lion Électrique? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Banque TD (TD, 78,59$) : le temps de se rasseoir sur le «trône vert»
Les analystes de la Banque Scotia étaient «pessimistes» envers le titre de Banque TD depuis décembre 2023, lorsqu’ils ont abaissé leur recommandation sur le titre de l’entreprise. Avec un titre qui se négocie avec un escompte de 8% par rapport à ses pairs en se basant sur les prévisions de bénéfice par action du consensus des analystes pour l’exercice financier 2024, il est selon eux le temps de redevenir plus rationnels.
L’analyste Meny Grauman relève donc sa recommandation sur le titre, qui passe de «performance égale au secteur» à «surperformance». Son cours cible sur un an grimpe aussi, passant de 86 $ è 93 $.
Selon lui, les inquiétudes liées aux problèmes réglementaires aux États-Unis et à la succession à la direction sont toujours valides, mais se reflètent pleinement dans la valeur actuelle du titre.
«Nous estimons que notre nouveau cours cible sur un an est très conservateur car il implique encore un escompte par rapport à ses pairs, ce qui se compare à une prime moyenne de 3% depuis 10 ans», dit-il.
L’analyste ajoute que la sous-performance du titre de Banque TD au cours des derniers mois s’explique par une enquête des autorités américaines en lien avec un programme de conformité en matière de lutte contre le blanchiment d’argent.
«Nous savons que c’est ce problème qui a fait déraillé l’acquisition prévue de First Horizon en mai 2023 (d’un montant de 13,4 milliards de dollars américains (G$US), et provoqué une importante augmentation des dépenses de l’entreprise, de l’ordre de 600 millions de dollars américains (M$US) avant impôts», raconte-t-il.
Selon lui, les marchés boursiers sont particulièrement inquiets de l’amende que devra verser la Banque TD dans ce dossier, estimant qu’elle oscillera entre 1 G$US et 2 G$US.
«Nous ne disons pas qu’une amende de cette taille n’aura aucun effet sur le bilan financier de la TD, mais il ne faut pas oublier que l’entreprise possède des liquidités totalisant 11 G$ canadiens», dit-il.
Quant à la succession à la tête de la banque, l’analyste note que le PDG actuel, Bharat Masrani, est en poste depuis novembre 2014. Or, selon lui, le règne des dirigeants des grandes banques canadiennes est de 10 ans en moyenne, marque qui sera franchie dans quelques mois dans le cas de celui de la TD.
Il concède toutefois qu’il s’agit d’une règle non écrite et que le PDG peut décider de prolonger son séjour à la tête de la Banque TD. «Il y a beaucoup d’incertitude à savoir qui pourrait remplacer Bharat Masrani, mais nous avons confiance qu’un candidat finira par émerger», ajoute-t-il, précisant qu’il ne s’agit pas d’un problème à long terme pour le titre de l’entreprise.
Marché Goodfood (FOOD, 0,34$) : un cinquième trimestre consécutif avec un BAIIA positif
Marché Goodfood (FOOD, 0,34$) : un cinquième trimestre consécutif avec un BAIIA positif
L’entreprise de repas prêt-à-cuisiner Marché Goodfood a dévoilé cette semaine des résultats financiers du second trimestre de son exercice 2024 supérieurs aux prévisions de l’analyste Martin Landry, de Stifel.
«Pour un cinquième trimestre consécutif, Goodfood a dévoilé un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) positif, un signe rassurant que la société peut générer des bénéfices de manière soutenable», dit-il. Le BAIIA s’est chiffré à 3,54 millions de dollars (M$), comparativement à 3,01 M$ l’an dernier. Martin Landry prévoyait que le BAIIA allait atteindre 1,1 M$.
«Au cours des 12 derniers mois, le BAIIA a atteint 9 M$, ce qui se compare à une perte de 12 M$ pour la période de 12 mois précédente. Cela a permis à Goodfood de réduire son ratio d’effet de levier financier», dit-il, ajoutant du même coup qu’il augmente sa cible de BAIIA de l’exercice 2024, qui passe de 4,4 M$ à 8,2 M$.
Il souligne aussi que la marge bénéficiaire brute s’est améliorée de 80 points de base à 43%, par rapport à 42,2% il y a un an, un sommet historique pour l’entreprise, obtenu grâce à des hausses de prix et aux initiatives de réduction des coûts.
L’analyste ajoute que la direction de Goodfood voit encore un certain potentiel de réduction des frais de ventes, généraux et administratifs grâce à une plus grande automatisation. «Toutefois, l’environnement macroéconomique reste difficile, ce qui s’est traduit par la perte de 7000 clients actifs durant le trimestre (5,6% de la clientèle). Il s’agit malgré tout de la plus faible baisse depuis deux ans», précise-t-il.
Les revenus de Goodfood ont reculé de 5% sur un an durant le trimestre à 39,76 M$, eux qui étaient de 42,04 M$ au trimestre correspondant il y a un an.
«Les évaluations des titres des entreprises de prêt-à-cuisiner sont déprimées depuis que HelloFresh a dit s’attendre à ce que ses revenus déclinent de près de 10% en 2024», ajoute Martin Landry.
Ce dernier aimerait aussi obtenir une meilleure visibilité sur la capacité de l’entreprise à payer certains prêts qui arrivent à échéance en 2027 et qui totalisent environ 29 M$.
Il conserve sa recommandation de «conserver» le titre de Goodfood et son cours cible sur un an de 0,50 $.
Lion Électrique (LEV, 1,44$, 1,04$US) : d’autres mesures de réduction des coûts provoquent la perte de 120 emplois
Lion Électrique (LEV, 1,44$, 1,04$US) : d’autres mesures de réduction des coûts provoquent la perte de 120 emplois
La Compagnie Électrique Lion annonce une réduction de ses effectifs et d'autres mesures de réduction de coûts afin «d’aligner sa structure de coûts à la dynamique actuelle du marché».
L’entreprise supprime ainsi 120 emplois «principalement au Canada dans des fonctions corporatives et de développement de produits».
L’analyste Rupert Merer, de la Financière Banque Nationale, soutient que les retards du Fonds fédéral canadien pour le transport en commun à zéro émission ont un impact négatif sur les livraisons d’autobus scolaires, ce qui a forcé la direction de Lion à réduire ses coûts.
Après cette réduction d’effectifs, Lion comptera environ 1 150 employés, parmi lesquels plus de 600 sont affectés à des postes de production.
Dans un communiqué, Lion dit aussi déployer «des mesures pour réduire sa structure de coûts, notamment dans les domaines de la logistique d'inventaire par des tiers, des dépenses de loyer, de la consultation, du développement de produits et des honoraires professionnels».
Toutes ces mesures devraient permettre à la société d’économiser 40 millions de dollars par année.
«Le carnet de commandes de Lion a reculé à 2076 véhicules (285 camions et 1791 autobus scolaires) au quatrième trimestre, comparativement à 2232 (268 camions et 1964 autobus) à la fin du trimestre précédent. Environ la moitié de ces commandes sont tributaires du Fonds fédéral canadien pour le transport en commun à zéro émission», explique l’analyste.
Or, selon lui, beaucoup de clients de Lion doivent composer avec des délais dans le cadre de ce programme gouvernemental, ce qui provoque une hausse des inventaires du côté de l’entreprise et pourrait même provoquer l’annulation de certaines commandes.
«La hausse des commandes de camion est un élément positif, mais l’évolution du carnet de commandes d’autobus scolaires reste un vent contraire», dit-il.
«Nous ne pensons pas que les actionnaires de Lion seront surpris d’apprendre que les retards du Fonds fédéral canadien pour le transport en commun à zéro émission constituent un vent contraire pour Lion. Malgré tout, nous prévoyons que le titre sera sous pression aujourd’hui», analyse-t-il.
Il conserve sa recommandation de «performance égale au secteur» et son cours cible sur un an de 1,75 $US. Le titre de Lion reculait de 7% à l’ouverture des marchés boursiers.